Chapitre 7 - Kungmaa (2/2)

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Le soir, un garde vint le convier à la table du Chef des Clans

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Le soir, un garde vint le convier à la table du Chef des Clans. Thidrik, son épouse et leur jeune fils étaient déjà installés. Ils dominaient les autres tablées depuis leur estrade. En s'approchant, le cœur de Tashi se serra à la vue de tous les guerriers qui dévoraient leur becquetance avec autant de délicatesse que des chiens affamés. Il prit soudainement conscience d'être comme un agneau au beau milieu d'une meute de loups.

Le jeune Dongārien s'installa à la place jouxtant le Chef des Clans. Il dut se faire violence pour ne pas lui témoigner trop de respect, ce qui n'aurait pas manqué de trahir son identité. Tashi n'avait jamais eu l'honneur de dîner en compagnie si notoire. Même chez lui, son père adoptif ne permettait pas de manger à sa propre tablée. Pourtant, il était censé être originaire de ce milieu. Il fit son possible pour ne pas s'en montrer impressionné et salua le Chef des Clans d'un simple signe de tête, comme un héritier de la maison Bhagya l'aurait fait.

Il s'autorisa même à dévisager quelques instants les différents convives. Le jeune Eirik n'avait guère plus de quatre ans, ses joues étaient encore légèrement potelées et ses yeux pétillaient d'innocence. Il était le portrait de son père, à ceci près que ses cheveux n'étaient pas assez longs pour en faire des tresses. Juste à sa droite, Isenza en était tout le contraire. Son visage figé semblait exhaler sa douleur de vivre. La disparition de leur fille n'en était certainement pas la seule raison. Tashi remarqua la longue cicatrice blanchâtre qui lui entaillait le cou. Sa robe de soie au col montant n'arrivait pas à la dissimuler totalement. Le jeune elfe en détourna vite le regard pour ne pas paraître impoli, mais la curiosité l'avait brûlé à vif. Connaissant le tempérament violent des Loeknohriens, il avait deviné qu'elle devait cette balafre à son mari et vit en elle une potentielle alliée. Peut-être aurait-elle quelques précieuses informations à lui donner.

Une présence, comme une ombre, sembla se tapir dans ses pensées. S'il n'avait pas été aussi alerte, il ne l'aurait sans doute pas perçue. Tashi concentra toute son attention à créer une brume opaque autour de son esprit.

– Eh bien, eh bien, s'exclama Thidrik de sa voix grondante. C'était un sacré coup de tonnerre ! Par Havohr, j'ai cru que c'était le ciel qui se déchirait sur nos têtes.

Il marqua une pause. Tashi ne réagit pas, conscient que ses flatteries déguisaient une profonde médisance. Aussi préféra-t-il attendre que son hôte dévoile lui-même le fond de sa pensée. Ce qu'il ne tarda pas à faire :

– Mais je n'arrive pas à saisir le but de cette démonstration, peut-être pourrais-tu m'éclairer ?

Tashi sentit sa bouche s'assécher. Il devait trouver une réponse pertinente, sans pouvoir y réfléchir, car il le savait, Thidrik profiterait de l'occasion pour s'immiscer dans son esprit. D'ailleurs, ce n'était sûrement qu'un prétexte pour distraire son attention. Le Chef des Clans y avait sans doute déjà décelé une tentative d'intimidation de l'Empire.

– En toute honnêteté, commença-t-il d'une voix calme, s'efforçant de ne rien laisser transparaître de son angoisse, je ne suis pas à l'origine de cette manœuvre. Mais je pense qu'il s'agit-là d'une volonté de mon père de vous montrer sa puissance. Afin de vous convaincre que vous avez fait le bon choix d'unir votre famille à la nôtre. Lorsque nous aurons retrouvé votre fille et que je l'aurai enfin épousée, nous serons à même de garantir sa sûreté.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant