Chapitre 35 - Haut-Cerf (1/2)

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Penché sur le petit rempart qui servait assurément plus de garde-corps que de protection militaire, Athán contemplait l'horizon avec inquiétude

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Penché sur le petit rempart qui servait assurément plus de garde-corps que de protection militaire, Athán contemplait l'horizon avec inquiétude. Devant lui, l'Émeraude, cet immense fleuve, se jetait dans la mer sacrée avec une singulière résilience, repoussant les puissants courants maritimes. De ce côté de la cité, les remparts de la cité s'érigeaient dans le vide, sculptés à même la falaise. Son architecture abrupte lui donnait un air de forteresse, dépeignant sa grandeur autant que sa robustesse. Haut-Cerf était à la frontière des hautes montagnes myselthiennes, elle était le point de croisement de ces majestueux monts boisés, des plaines verdoyantes dont était vallonnée la côte rocheuse et de la mer tumultueuse.

Ce n'était pourtant pas la diversité de ses paysages qui avait convaincu Athán de conquérir cette cité, mais sa position géographique. On la surnommait les portes de l'Émeraude avec Port Doré, la cité portuaire située sur l'autre rive du fleuve.

Juché sur le rempart, le Chef des Armées percevait faiblement les lumières de cette dernière. À la nuit tombée, elles étaient certes plus distinctes, si tant est que le ciel fût dégagé.

Un faible craquement attira soudainement son attention. Il dégaina aussitôt sa dague et se retourna. Après un rapide coup d'œil, Athán abaissa sa garde en reconnaissant Senge, à plusieurs dizaines de pas.

Cela faisait plusieurs jours qu'aucun incident ne s'était produit, ils avaient réussi à faire taire les Myselthiens les plus récalcitrants, que ce soit par la force ou la peur ; mais Athán restait bien conscient que cette accalmie cachait une réelle menace. Quelque chose se préparait, sans pour autant qu'il ne sache quoi. Ce n'était pas du Pi qu'il tenait cette faculté de pressentir les dangers avant d'y être confronté, mais de son père. Il avait hérité, dans une moindre mesure, de sa méfiance démesurée, presque maladive. C'était une facette de sa personnalité qu'il avait réussi à ignorer durant son enfance, mais qui s'était brusquement imposée à lui au cours de ces dernières lunes, bousculant son insouciance naturelle et hantant chacune de ses pensées.

Quand d'autres chefs militaires se seraient très certainement laissés emporter par leurs victoires, Athán considérait chaque bataille comme une raison de plus pour les Myselthiens de s'en prendre à lui. Il percevait la haine dans leurs yeux avec autant d'ardeur qu'un feu qui crépite. Toutefois, ce n'était pas cette menace-là qui troublait son sommeil chaque nuit.

– Pour l'Empire ! salua Senge lorsqu'il parvint à sa hauteur.

Le Chef des Armées se contenta de répondre par un salut silencieux, scrutant une dernière fois les horizons pour s'assurer qu'ils ne soient pas espionnés.

– Du nouveau ? s'enquit-il.

– Toujours aucune trace de la gemme. Quant au trogon... Plusieurs soldats auraient aperçu des sortes de chauve-souris démoniaques dans les bois. Ça, et le chevalier qui s'est fait mordre, il va être de plus en plus difficile de faire taire les rumeurs.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant