Au commencement, le Pi, force mystérieuse, se fragmenta en douze gemmes. Chacune incarnant sa puissance. Chacune assignée à un Héritier.
La disparition de la fille du Chef des Clans menace de semer la discorde entre les quatre peuples d'elfes. À tr...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Les premières lueurs du jour n'avaient pas encore percé l'horizon que l'ensemble des soldats étaient déjà sur le pied de guerre, ils avaient revêtu leurs cuirasses et sanglé leurs casques. La conviction de vaincre faisait briller leurs yeux impétueux dans l'obscurité. Seuls Athán et sa garde secrète ne semblaient pas animés par cette folie calomnieuse. Seuls eux savaient qu'ils avaient déjà connu l'échec. L'illusion de leur toute-puissance les avait à jamais quittés.
Pour ne pas s'attirer les soupçons de Chig Rohir et des autres généraux, Athán avait confié cette mission à Senge. L'immuable silence du conseiller l'avait aidé à ne pas se trahir, mais l'angoisse le rongeait malgré tout. Il se rappelait des avertissements de Norbu. Ce dernier était le plus à même de pressentir la réaction de son grand-oncle, ayant passé la majeure partie de sa vie à son service et possédant également le don de précognition. Pour autant, comment pouvait-il être si sûr que l'Empereur se rangerait du côté du chig ? Était-ce une simple intuition ou l'avait-il perçu ? L'idée que son père soit prêt à le tuer sur la seule volonté de son conseiller l'avait hanté toute la nuit. Athán en avait encore la bouche sèche.
Les troupes progressaient à bonne allure vers Haut-Cerf quand, d'un geste de la main, Athán arrêta les milliers de soldats avant qu'ils n'apparaissent de derrière les grandes collines givrées encerclant la forteresse.
Le Chig était resté en retrait, derrière les dernières troupes qui demeuraient très probablement sous les hauts conifères. Cette fois-ci, Athán avait préféré charger Tsaihon de sa protection, de peur qu'Hichen ne sache tenir sa langue. La maturité de Tsaihon, et son implication dans l'Écho étaient autant de promesses qu'il ne révèle pas leur redoutable secret.
Il s'était alors gardé le jeune freluquet à ses côtés, chargé d'assurer la communication autant avec Tsaihon qu'avec le reste de la garde, à travers les esprits de Mingzen et d'Okung. Athán attendait le signal de ce dernier pour envoyer les premières troupes à une mort certaine. Le présumé alchimiste avait besoin d'allumer un feu pour permettre à la potion de s'évaporer dans l'air. Sans cette diversion, le flamboiement du plus infime brasier et son odeur auraient inéluctablement attiré l'attention des sentinelles. Le but était donc de recréer le même chaos qui les avait poussés vers une défaite incontestable, tout en diminuant leurs pertes.
C'est pourquoi Athán avait fait le choix de réquisitionner tous les esclaves présents sur le camp. Il les avait pourvus d'un équipement intégral de l'Empire, et leur casque couvrait suffisamment le bout de leurs oreilles pour ne pas trahir leur race. Mais ils n'étaient que quelques centaines. Son père n'avait pas voulu lui en octroyer plus pour assurer l'Après-Guerre, envoyer au combat ceux qui nourrissaient l'Empire n'était pas stratégique. Aussi le Chef des Armées doutait-il que leur nombre suffisse à faire illusion, c'était l'une des nombreuses incertitudes de son plan.
Tous patientaient dans le plus profond silence. La tension était palpable. Ils se rappelaient du massacre de Beleanor. Ils avaient gagné, mais combien étaient morts dans cet abattoir ? Les humains étaient ceux qui furent le plus mis à contribution pour "nettoyer" le camp. Si les elfes de l'armée avaient passé les derniers jours à s'exalter de leur victoire sur la route jusqu'à Haut-Cerf, vantant leur toute-puissance à travers diverses chansons de geste fraîchement romancées par quelques soldats au cœur poétique ; il n'en était rien pour ces esclaves. Le silence exacerbait leurs craintes.
