Chapitre 21 - Beleanor (1/2)

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Les rayons de soleil qui balayaient le camp suffisaient presque à faire oublier la pluie diluvienne de la veille, ainsi que le carnage qui avait eu lieu entre ses barricades

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Les rayons de soleil qui balayaient le camp suffisaient presque à faire oublier la pluie diluvienne de la veille, ainsi que le carnage qui avait eu lieu entre ses barricades. Les soldats n'avaient pas eu le luxe de rattraper leur sommeil manqué. Ils avaient passé la matinée à nettoyer les allées, s'occupant des nombreuses dépouilles qui les jonchaient. Ceux morts pour l'Empire avaient eu droit à des obsèques improvisés, leurs corps avaient été brûlés et leurs cendres dispersées dans les airs, comme le voulait la tradition dongārienne. Alors que les autres avaient seulement été entassés les uns sur les autres, à l'extérieur du camp.

Senge et ses hommes avaient été exemptés de ces besognes et s'étaient vus octroyer quelques sabliers pour dormir. Maintenant que le soleil avait atteint son plus haut point, le commandant les avait rassemblés pour les féliciter, peu avant qu'ils n'entament leur déjeuner. Ils s'étaient installés dans le coin d'une allée. Sur la demande de Senge, Athán avait pourvu à ce qu'ils puissent étancher leur soif, à condition toutefois qu'ils restent discrets.

– À l'Empire ! s'exclama Senge en levant sa timbale pour trinquer. Et à votre réussite ! Vous avez l'honneur de faire partie de la garde secrète du Chef des Armées.

À peine avait-il terminé sa phrase que son regard s'était aussitôt assombri, effaçant le soupçon de fierté qu'ils avaient pu y déceler.

– Mais ne pensez pas que tout est joué, ajouta-t-il d'une voix grave. Ce que vous avez accompli cette nuit n'est qu'un avant-goût de ce qui vous attend.

– Pour l'Empire, répondirent en chœur les soldats, faisant percuter l'étain de leurs gobelets.

Ils s'étaient échangé quelques œillades perplexes. La fatigue et l'horreur qu'ils avaient vécues la veille étaient encore bien prégnantes. Et même si leur victoire était incontestable, elle demeurait entachée par le rapport de force inégal. Comment pouvaient-ils ressentir la moindre euphorie à avoir commis un tel massacre ? Ce n'était définitivement pas cette guerre-là qu'ils s'étaient imaginée. Cette bataille s'était bien plus apparentée à une partie de chasse qu'à une opération militaire. Les sangliers les plus féroces pouvaient représenter une menace, mais ils n'avaient jamais décimé une armée.

– Diantre, ça faisait longtemps que je n'avais pas bu un tel nectar ! s'écria l'un d'entre eux, un soldat un peu trapu.

Un sourire indéchiffrable était dessiné sur son visage jovial. Ses petits yeux brillants reflétaient davantage une sorte de folie qu'une joie sincère. Lui ne paraissait nullement affecté par ce genre de scrupules.

Dès les premières épreuves, Senge l'avait trouvé étrange... plus encore que les autres. Aucun des elfes qu'il avait sélectionnés n'avait réellement la semblance d'un soldat. Mais comme il avait pu le constater avec Norbu, il ne fallait pas se fier aux apparences. Et cette nuit bouleversante avait prouvé que leur hétérogénéité était une force. Un simple soldat n'aurait très certainement pas fait part des cris anormaux des rapaces, et ils seraient morts étouffés dans leur tente.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant