Chapitre 39 - Haut-Cerf (2/2)

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À bout de souffle, Senge l'observa péniblement

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À bout de souffle, Senge l'observa péniblement. Le visage de Norbu était à nouveau imprégné de terreur et de remords.

– Je ne peux pas.

Norbu savait qu'il disait vrai, que toutes les souffrances qu'il avait perçues dans ses précognitions étaient inévitables. Tout son être en tremblait d'avance.

– C'était un honneur de vous servir, se contenta-t-il de répondre, d'une voix étouffée par les affres de son désespoir.

Avant que Senge n'eût pu répliquer quoi que ce soit, les gardes s'étaient jetés sur Norbu avec d'épaisses chaînes en métal.

– Senge, c'est bien cela ? Je comprends maintenant pourquoi mon fils t'a nommé commandant, confia l'Empereur en lui témoignant sa reconnaissance.

En à peine quelques sabliers, la nouvelle du soldat devenu un Autre s'était répandue à travers les remparts du château. Norbu avait été déplacé dans les cachots pour assurer une meilleure sécurité, et éviter d'attiser la curiosité.

Jurgen avait passé la journée à éplucher les affaires de son fils, dans l'espoir de tomber sur un précieux indice qui le conduirait sur une piste. Il avait parcouru chaque missive, chaque carte, sans que rien d'anormal n'attire son attention. La seule option qui s'offrait encore à lui était d'interroger lui-même le prisonnier, l'Autre. Le Chig avait échoué à sonder son esprit, mais cela ne signifiait pas qu'il n'avait aucun souvenir de ses précognitions. S'il se montrait suffisamment persuasif, peut-être que celui-ci accepterait de coopérer. Il était prêt à tout pour retrouver Athán.

Il se dirigea alors vers la Grande Salle pour quérir Senge. Celui-ci était attablé au milieu d'autres soldats, occupé à se sustenter entre deux entraînements. Ayant immanquablement remarqué ses prouesses, l'Empereur se sentait plus rassuré d'aller interroger l'Autre en sa présence.

Il était presque arrivé à son niveau quand son regard fut détourné par la vue d'une servante. Elle s'approchait d'eux, un pichet dans chaque main, pour ravitailler la table du commandant. Jurgen se dirigea vers elle. Alors que la femme s'inclinait devant lui en signe de soumission, il lui saisit le menton pour mieux la dévisager.

Malgré le vacarme qui régnait dans la salle, le fracas des récipients se brisant au sol fit sursauter les soldats les plus proches. Dame Cyrielle s'était effondrée sous la torture que lui infligeait mentalement l'Empereur.

– Quelqu'un peut-il m'expliquer ce que fait cette Myselthienne ici ? s'écria-t-il en se tournant vers le commandant et les hommes qui l'entouraient.

Sa voix avait retenti comme un coup de tonnerre. La résonance était d'autant plus intense que tous s'étaient terrés dans un silence absolu, prenant conscience de sa présence.

Tous les regards avaient convergé vers lui et fixaient maintenant la servante gisant sur les dalles dures et glacées. Son corps continuait de se tordre, parcouru de spasmes incontrôlables. Personne ne sembla comprendre ce qui lui était reproché, mis à part le fait d'être une Myselthienne encore en vie. Déconcertés, ils cherchaient une explication en fixant tour à tour l'Empereur et la pauvre esclave convulsant au sol.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant