Chapitre 13 - Territoires de Loeknohr (1/2)

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Malgré toutes les peaux et fourrures qui lui avaient été généreusement offertes par Thidrik, Tashi était transi de froid

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Malgré toutes les peaux et fourrures qui lui avaient été généreusement offertes par Thidrik, Tashi était transi de froid. Le souffle glacé du vent pénétrait chaque épaisseur, les unes après les autres, avec la férocité d'un wendigo égorgeant sa proie, juste avant de l'étriper et de lui dévorer les viscères. Le jeune Dongārien n'avait encore jamais vu de wendigo, aussi ne pouvait-il qu'imaginer leur monstruosité. Cependant, il se demandait s'il n'aurait pas préféré en affronter un plutôt que d'éprouver cet hiver loeknohrien. Cela faisait à peine une journée qu'ils avaient quitté Kungmaa, avec les bénédictions du Chef des Clans et de son épouse. La cité de glace avait progressivement disparu derrière eux, laissant place à d'immenses plaines enneigées. Parfois, quelques rochers perçaient ce manteau blanc, comme s'ils voulaient résister à son invasion. Mais leur opposition était vaine. L'hiver n'en était qu'à ses débuts, et il avait déjà recouvert tout le territoire.

À l'horizon, quelques montagnes se dessinaient timidement tant elles étaient éloignées. L'air était humide, foncièrement différent des courants froids et secs qui balayaient sa région d'adoption. Et puis, dans les mines, il n'avait pas le temps de penser au froid. Il ne le ressentait d'ailleurs pas, tant son corps était échauffé par l'effort. Là, sur sa monture, Tashi demeurait statique. Il ne regrettait pas pour autant l'énorme élan aux bois aplatis qu'on avait mis à sa disposition. Il avait cru que son épais pelage lui aurait tenu chaud à lui aussi, et ça avait certainement été le cas, durant les premiers sabliers du voyage. Mais maintenant, il n'en ressentait plus aucun réconfort. Le jeune elfe s'efforçait de se tenir en mouvement sur sa monture, pour éviter que ses extrémités ne gèlent.

– Comment allons-nous dormir ? s'enquit-il auprès de l'un des deux guerriers tenus de l'escorter jusqu'au camp des Kriger.

L'imposant elfe se tourna vers lui, son regard était hostile, presque bestial. Il lui faisait penser à ces grands chiens de défense que l'on trouvait souvent aux abords des troupeaux : leurs yeux alertes dégageaient autant de méfiance que d'inimitié. Pour le moment, ces deux molosses étaient de son côté, obéissant à leur Chef. Mais ils n'hésiteraient pas un seul instant à le déchiqueter sauvagement s'ils en recevaient l'ordre, sans aucun état d'âme.

Le Loeknohrien ne dit rien, il se contenta de donner une tape sur le flanc de son élan. Le jeune elfe ne savait pas s'il s'agissait d'une réponse, ou s'il s'était simplement adressé à sa bête en l'ignorant complètement.

Depuis leur départ, son escorte n'avait échangé que de très rares mots avec lui. Tashi avait cette sensation désagréable que ce mutisme était forcé. Les trois élans avançaient à une allure régulière, l'épaisse couche de neige ne facilitait pas leur progression, mais ils semblaient bien entraînés à ces conditions. À plusieurs reprises, Tashi eut toutefois quelques frayeurs lorsqu'un sabot de sa monture s'enfonça dans un trou de neige, ou glissa sur du verglas. Il n'était pas habitué. Dans les hauteurs d'Uttara, quand les montagnes rocheuses commençaient à se couvrir de neige, les Dongāriens préféraient descendre de leur cheval et utiliser leurs propres pieds. Les montagnes étaient beaucoup moins praticables que ces plaines. L'horizon était si lointain derrière eux que l'on se serait presque pris à chercher du regard les côtes myselthiennes que séparait la mer froide.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant