Chapitre 29 - Sinohra (2/2)

22 4 1
                                    

Lorsqu'elle poussa la porte des cuisines, tout son corps se figea net, ses rêves se brisèrent violemment à la vue de tous ces hommes présents

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Lorsqu'elle poussa la porte des cuisines, tout son corps se figea net, ses rêves se brisèrent violemment à la vue de tous ces hommes présents. Il lui serait impossible de déplacer la grosse malle sans se faire remarquer.

Anéantie, elle se résigna à préparer une tranche de pain garnie pour le général, sentant des larmes lui monter aux yeux.

Autour, les soldats conversaient bruyamment en se servant allègrement dans les réserves. À ce rythme, les garde-mangers seraient vides bien avant l'arrivée du printemps.

– Eh toi là ! Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama une voix sèche derrière elle.

La jeune elfe sursauta, pensant que ces paroles lui étaient adressées. Elle ouvrit la bouche pour tenter de s'expliquer, mais avant qu'elle n'eût pu prononcer un mot, la voix gutturale d'un guerrier loeknohrien s'éleva dans son dos :

– Toi, problème ? grogna-t-il entre ses dents pour ne pas perdre le morceau de fromage qu'il venait d'y fourrer.

– Mon problème, c'est que ces réserves sont maintenant la propriété de l'Empire, lourdaud. Et que tu n'as pas vraiment l'allure d'un soldat impérial.

– Approche, pour discussion ça ! rétorqua le guerrier.

Son samra était à peine compréhensible, mais la main qu'il avait posée sur sa hache suffisait à dissiper tout malentendu.

La Myselthienne empoigna quelques vivres à la hâte et s'empressa de disparaître dans la cour. Que ces brutes s'entre-tuent lui importait peu, et savoir lequel des deux l'emporterait ne piqua pas le moins du monde sa curiosité.

Avant de franchir le seuil de la porte, un pichet de vin attira son regard. Elle décida finalement de rebrousser chemin pour récupérer une fiole d'élixir de baies sur une des étagères. Les Myselthiens l'utilisaient surtout dans des potions ou, quelques fois, pour rehausser le vin lors d'occasions spéciales, toujours dans des quantités infimes compte tenu de son prix, et de son fort taux d'alcool.

Par chance, tous les regards étaient tournés vers le combat brutal des deux elfes. Elle s'assura de ne pas être vue, jetant un coup d'œil à la scène par-dessus son épaule. Le Loeknohrien s'apprêtait à abattre son arme sur le crâne du Dongārien. Elle en détourna aussitôt le regard et se hâta de verser la totalité du spiritueux dans le pichet à moitié plein.

En sortant, le vin dans une main et la tranche de pain bien garnie dans l'autre, la jeune fille se heurta contre le torse d'un guerrier massif, sûrement attiré par le grabuge. Son regard s'arrêta sur les multiples scarifications couvrant son large buste à moitié dénudé. Puis, en reculant d'un pas et en levant les yeux vers son visage, elle reconnut l'un des elfes qu'elle avait menacés avec le tisonnier, ici-même. Le visage livide, elle se souvint de la brutalité avec laquelle il l'avait neutralisée, marquant ses bras d'ecchymoses. Mais à cet instant, il ne semblait pas lui accorder la moindre importance, pas même au fait qu'elle ait taché de vin la peau de mouton qui pendait sur son épaule.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant