Chapitre 32 - Samrata (1/1)

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Les premières neiges étaient déjà tombées sur la cité impériale quand Drukda revint de son périple

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Les premières neiges étaient déjà tombées sur la cité impériale quand Drukda revint de son périple. Il avait respecté son engagement envers l'Empereur en rentrant avant la fin de cette lune. La grande rue pavée qui reliait la Porte des Monts au donjon était encore moins fréquentée qu'à son départ. Le froid saisissant des montagnes dongāriennes n'avait pas attendu son retour pour se répandre à travers les plaines entourant Samrata, faisant fuir même les soûlards les plus récalcitrants que la guerre n'avait pas encore appelés.

Drukda se hâta de confier sa monture épuisée à un écuyer, abandonnant silencieusement les trois chevaliers qui l'avaient escorté tout du long. Ces derniers le servaient depuis de très longues années déjà. Pourtant, jamais il ne s'était lié avec eux, de quelque façon que ce soit. Comme tout chevalier dongārien, ils agissaient invariablement avec une parfaite discrétion, se couvrant d'un mystère impénétrable. Drukda n'étant lui-même pas un elfe de sentiments, il se complaisait dans cette absence de relation. Aussi n'avait-il pas souffert du silence de leur longue chevauchée, mais plutôt de ses propres tourments qui le rongeaient. Comment annoncerait-il à l'Empereur cette union que les Doyens lui avaient accordée ? Si Jigme y avait perçu une possible manigance de sa part, Jurgen ne manquerait pas d'y percer une menace.

– La situation est donc prometteuse, conclut Drukda en se penchant sur le plateau militaire. À ce rythme, la guerre sera finie bien avant la fin de l'hiver.

– Ce serait souhaitable, répondit Jurgen d'une voix qui ne laissait pourtant transparaître aucun soulagement. Bien que je n'aie jamais douté de mon fils, je n'aurais jamais imaginé qu'il réussisse à faire tomber les défenses d'Haut-Cerf aussi rapidement. L'attaque n'aura duré qu'une nuit. J'en viens à me demander si ce n'est pas un leurre...

– Si le roi avait réellement abandonné Haut-Cerf, il n'y aurait pas fait venir ses troupes de Sinohra, Votre Altesse.

– Certes, mais alors comment expliquer cette victoire si facile ?

– Notre supériorité militaire de toute évidence, et peut-être que c'était également la volonté des Dieux.

L'Empereur fit un mouvement de la tête, semblant réfuter l'allégation. Son regard, aussi sombre que d'habitude, était imprégné de doutes qu'aucune victoire n'aurait réussi à chasser, si ce n'est la mort du roi et l'extermination des dzihrs. La guerre ne serait pas si facilement gagnée. C'était une sorte d'intuition, et la missive qu'il avait reçue du Chig ne l'avait aucunement rassuré.

– Tu n'aurais pas perçu quelque chose d'inhabituel ces derniers temps, à travers le Pi ? s'enquit-il sans grande conviction.

– Je... Non. Je ne suis pas sûr de bien vous comprendre.

– Chig Rohir m'a fait part de perturbations. L'Oracle serait versatile depuis quelques jours. Je ne sais pas trop ce qu'il en est exactement. À l'évidence, cela n'affecte que le don de précognition.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant