Chapitre 37 - Haut-Cerf (1/1)

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Le crépuscule se fondait dans la forêt, déposant son voile de brume sur les arbres dénudés

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Le crépuscule se fondait dans la forêt, déposant son voile de brume sur les arbres dénudés. Un profond silence régnait. Seuls les pas des frères de garde le brisaient en se posant lourdement sur les feuilles mortes, pétrifiées par le givre. Le froid était saisissant cette nuit-là, bien plus que les précédentes, bien plus qu'il n'aurait dû l'être. L'hiver touchait pourtant à sa fin, comme en témoignaient les premiers signes de printemps. Des bourgeons constellaient les fines branches des feuillus perdus entre tous les hauts conifères. Des fleurs étaient déjà sorties de terre, montrant fièrement leurs pétales à qui les regardaient.

Toutefois, les hommes de Senge étaient bien trop concentrés pour leur accorder la moindre attention. Des flocons se formaient au-dessus de leurs têtes, tourbillonnant dans l'air glacé avant de se poser, avec la légèreté d'une plume, sur tout ce qui pouvait entraver leur chute.

Cela faisait maintenant de longs sabliers qu'ils marchaient sans fin, épiant chaque recoin de la forêt de leurs yeux scrutateurs. Ils l'avaient sillonnée toute la nuit et se relayaient depuis l'aube pour s'accorder un peu de sommeil. Juste ce qu'il fallait pour garder l'esprit alerte et ne pas tomber de fatigue. Ils traînaient leur corps engourdi, à la recherche d'un indice, d'une trace qui les mènerait jusqu'à leur Général. L'épuisement et le découragement commençaient à les gagner.

Alors qu'un flocon se posa sur son visage, une sensation étrange envahit Norbu, de déjà-vu. Il s'arrêta sans prendre la peine de prévenir ses frères de garde. Autour de lui, la forêt, à demi endormie, semblait le contempler avec une extrême froideur. Il était persuadé d'avoir déjà vécu cette scène, était-ce une réminiscence du passé ou d'une vision du futur ? Son don lui avait fait percevoir tant d'instants différents, dont certains qui ne se produiraient sûrement jamais, qu'il finissait par oublier la plupart du temps. Mais cette sensation était particulière, aussi réelle qu'un souvenir, aussi poignante qu'un Écho. Il tenta de se rappeler, de plonger dans sa mémoire. Mais la fatigue était telle qu'il n'arrivait même pas à se remémorer son dernier repas.

Soudain, un très faible craquement retentit. Pas un mouvement, pas une ombre, à l'exception de ses frères de gardes qui s'étaient déjà éloignés de plusieurs centaines de pas. Était-ce son imagination ? Il voulut en avoir le cœur net et s'écarta du sentier, en direction du bruit qu'il avait cru entendre. Il se fraya un chemin entre les squelettes d'arbres blanchis et les conifères, laissant son intuition le guider. À moins que ce ne fût son destin. Les arbres se resserraient autour de lui, formant un couloir végétal de plus en plus étroit. Il devait parfois passer à travers leurs branches épineuses qui s'accrochaient à ses vêtements, ou enjamber des genévriers envahissants. Des racines tordues entravaient sa marche, mais il continuait d'avancer, conduit par cette force irrésistible.

Un éclair déchira le ciel sombre, irradiant la forêt de sa lumière blanche et éblouissante.

– C'était quoi, ça ? s'écria Mingzen.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant