Chapitre 4 - Samrata (1/2)

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– Votre Altesse, déclara le garde. Nous avons fait selon vos ordres et l'avons installé dans une chambre de l'aile sud.

L'Empereur posa la plume avec laquelle il terminait tout juste une missive avant de prendre sa suite. Puis il quitta donc son office, sans pour autant y abandonner ses sombres pensées. Le dernier rapport de son fils avait confirmé ses craintes, il ne pouvait maintenant qu'espérer que sa contre-offensive soit suffisante.

Le garde qui l'escorta frappa à la porte du prince avant de la déverrouiller, suivant scrupuleusement les instructions qui lui avaient été données : traiter cet hôte avec la plus grande prévenance, comme s'il s'agissait de l'Empereur en personne.

Lorsque le cliquetis de la serrure parvint à ses oreilles, Gailhart accourut vers l'entrée avec un air révolté, prêt à décharger sa colère et son incompréhension sur son geôlier. Mais en découvrant l'Empereur, il se contenta finalement de s'incliner avec respect. Le prince myselthien était aussi jeune qu'Athán, un peu moins d'une vingtaine d'années. La stupeur de découvrir son éminence en personne lui fit oublier sa rage.

– Votre Altesse, s'exclama Gailhart en se courbant devant lui.

– Jeune Prince, j'espère que ton voyage s'est bien passé depuis Beleanor. C'est un honneur pour nous de te recevoir. Je promets de t'offrir la meilleure hospitalité possible.

Le jeune elfe aux cheveux mordorés, caractéristiques des Myselthiens, s'était redressé. Il fixait maintenant l'Empereur d'un regard perplexe, n'ayant aucune idée de la raison pour laquelle on l'avait amené ici. C'était forcément d'un malentendu, car le déroulé de ces trois derniers jours ne faisait absolument aucun sens dans son esprit. Tout dans sa physionomie dénotait sa fatigue, à l'exception de la petite gemme qui continuait de scintiller au centre de son front. Il était exténué par la longue chevauchée qui l'avait amené de Beleanor à la cité impériale, dans des conditions plus que précaires. On l'avait tout d'abord désarmé, enfoui la tête dans un sac de jute puis attaché sur un cheval tel un vulgaire malfrat, sans jamais lui donner aucune raison de son enlèvement ni d'indication sur sa destination. Le subterfuge était pourtant bien superflu, car il n'eut pas grand mal à deviner qu'ils allaient vers le sud. Il avait reconnu l'accent à la fois nasillard et chantant des elfes des airs.

Jamais il n'avait souffert un voyage aussi éprouvant de toute son existence. Attaché à la selle de son cheval, tous ses membres s'étaient ankylosés de cette inactivité prolongée. Ses ravisseurs avaient même poussé son supplice jusqu'à accélérer l'allure, lui infligeant les saccades du trot ou du galop sans qu'il ne pût anticiper ni amortir la moindre secousse. Et maintenant qu'il était arrivé au château impérial, on le traitait comme un invité de marque, mis à part qu'on ne lui avait toujours pas remis ses armes, et qu'on le séquestrait contre son gré.

– Votre Altesse, il doit y avoir un malentendu... J'ignore la raison pour laquelle j'ai été conduit ici. Mais, si quelque fait m'est reproché, je vous serais reconnaissant de m'en faire part maintenant, plutôt que de faire durer cette méprise.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant