Chapitre 31 - Haut-Cerf (2/2)

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Les soldats impériaux atteignirent bientôt les hauts remparts de la cité myselthienne

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Les soldats impériaux atteignirent bientôt les hauts remparts de la cité myselthienne. Ils progressaient dans des rues désertes. Seuls quelques habitants entrouvrirent furtivement leur porte. Mais la vue des bannières dorées de l'Empire brisa leurs derniers espoirs. Les bruits de sabots qui résonnaient sur les pavés des ruelles sonnaient pour eux le commencement d'une terrible ère.

Dans la grande salle du château, Senge et ses quatre soldats avaient regroupé les femmes et enfants au centre de la pièce. Ceux-ci, recroquevillés sur le sol froid, étaient tenus en joue par la pointe des lames dongāriennes. Aucune trace de lutte, de sang ou même de déchirure ne semblait avoir altéré leurs vêtements de nuit. Pourtant, l'indicible terreur qui hantait leur regard stigmatisait les horreurs dont ils avaient été témoins.

En entrant dans la salle, Athán scruta froidement les otages, avec encore plus de dédain que s'il s'était agi d'un troupeau de bétail. Puis il se dirigea d'une démarche lourde vers son commandant pour en écouter le rapport. Dès que ce dernier eut terminé, Athán disparut quelques instants dans les cuisines et revint avec une miche de pain qu'il venait d'entamer.

– Qui est la femme de Vassenac ? demanda-t-il sèchement à l'attention de la petite assemblée terrorisée, la bouche à moitié pleine.

Une elfe se redressa et leva la tête vers le Chef des Armées, soutenant aussi dignement que possible son regard. À ses pieds, un jeune elfe de tout juste quelques années se cramponnait à ses jupons avec une ardeur désespérée.

– Je suis Dame Cyrielle, épouse de Praetor Vassenac.

Une autre elfe prit l'enfant par les bras, tentant de contenir ses gémissements plaintifs.

– Va me préparer un bain, lui ordonna-t-il après avoir plongé un long instant son regard dans le sien.

– Et que fait-on d'eux, Mon Général ? s'enquit Senge après que l'elfe se fût retirée.

– Ils connaissent bien le château, fais-en de loyaux serviteurs. Au moindre manquement, n'hésite pas à te montrer dissuasif, ajouta-t-il en croquant à nouveau dans la miche de pain.

Dame Cyrielle s'était exécutée sans témoigner aucune opposition, prête à tous les sacrifices pour protéger son fils.

Empreinte de cette résignation, elle conduisit Athán à travers les escaliers et couloirs jonchés de cadavres, s'efforçant de ne montrer ni sa colère ni son dégoût. Une odeur macabre commençait à s'installer entre les murs de pierre. Elle risqua un coup d'œil en direction du prince. Il ne la remarqua pas, affairé à inspecter les corps ensanglantés qui gisaient sur les pavés. Le cœur de la Myselthienne se serra davantage, le voir poser son regard froid sur tous ces innocents, morts par sa faute, était une provocation, une énième souillure à leur mémoire. Mais elle se contenta de déglutir son fiel avec amertume.

Une fois dans la salle des bains, Dame Cyrielle ajouta maladroitement une bûche dans les braises encore fumantes du foyer, avant de commencer à puiser de l'eau à travers une excavation dans le sol. Elle tirait à grand-peine un seau sur plusieurs étages ; la lenteur et le manque d'efficacité de ses gestes ne laissaient aucun doute sur la noblesse de son rang. Elle sentait le regard inquisiteur et dédaigneux du Chef des Armées sur elle, mais elle continua tout de même ses efforts, peinant à imiter les gestes qu'elle avait tant de fois vu faire par ses servantes. Ses petites mains délicates s'abîmaient à hisser la corde rêche du seau. Elle parvint toutefois à le remonter complètement, et à en verser le contenu dans un énorme chaudron suspendu à quelques pouces du foyer. La bûche qu'elle avait maladroitement posée sur les braises ne montrait cependant pas le moindre signe d'embrasement. Elle attrapa le soufflet sur le rebord de la cheminée et commença à l'actionner. Elle était trop lente. À chaque nouvelle pression, les braises se ravivaient à peine... puis s'éteignaient aussitôt.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant