Chapitre 39 - Haut-Cerf (1/2)

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– DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ? explosa l'Empereur en se levant d'un bond

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– DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ? explosa l'Empereur en se levant d'un bond.

Jamais il ne s'était laissé emporter par une si vive colère, mais jamais non plus il ne s'était senti aussi vulnérable. Il n'ignorait pas pour autant les dangers auxquels il avait exposé son fils aîné en le nommant Chef des Armées. Toutefois l'idée que celui-ci eût pris autant de risques lors des batailles, malgré son haut grade, ne l'avait pas même effleuré tant cela lui paraissait saugrenu.

Sa disparition avait mis en exergue cette menace, devenue soudainement réelle. Et son annonce l'avait d'autant plus affligé qu'il avait quitté Samrata avec un état d'esprit victorieux, inspiré par les récentes conquêtes d'Haut-Cerf et de Sinohra.

Sa chaise se renversa sous son impulsion, tombant au sol dans un fracas si assourdissant qu'il fit sursauter Senge. Celui-ci était resté présent pendant que Chig Rohir avait communiqué la terrible nouvelle à l'Empereur. Ses fonctions n'ayant pas été officiellement annoncées (du fait qu'il commandait une garde secrète), en l'absence d'Athán, toutes ses attributions étaient en suspens. Mais le Chig n'avait pas souhaité pour autant démanteler sa brigade. Bien qu'ils eussent indéniablement échoué dans leur mission de protéger le Chef des Armées, cette poignée de soldats représentait désormais leur plus grand espoir de le retrouver.

– Neuf jours, répondit le chig avec un calme imperturbable.

– Et pourquoi est-ce que je ne l'apprends que maintenant ?

Alors que Jurgen commença à faire les cent pas dans la petite pièce, autant pour apaiser le feu qui brûlait en lui que pour analyser la situation, Senge en profita pour remettre la chaise sur pieds. Il s'efforçait d'être le plus discret possible, ne souhaitant absolument pas attirer l'attention de l'Empereur sur son manquement.

– Vous étiez déjà en route, Votre Altesse. Et le risque que la missive soit interceptée par l'ennemi était trop grand, ajouta Chig Rohir. Nous n'avons à ce jour aucune certitude que sa disparition a été orchestrée par le roi.

– Par qui a-t-il été vu pour la dernière fois ?

Pour toute réponse, Chig Rohir se tourna vers Senge.

Le soldat s'inclina aussitôt devant l'Empereur, avant que celui-ci n'eût le temps de poser son regard sur lui.

– Qui es-tu ? demanda-t-il froidement en s'immobilisant devant lui.

– Senge, Votre Altesse. Je sers le Chef des Armées en commandant sa garde.

Jurgen, qui n'était pas au courant que son fils s'était constitué sa propre garde, prit soin de dévisager longuement ce jeune commandant. Il se laissa tromper par ses traits juvéniles qu'il associa à de l'inexpérience. Son apparente jeunesse n'était d'ailleurs pas sans lui rappeler celle de son fils. Et l'idée qu'il eût lui-même fait une terrible erreur, lui attribuant trop tôt d'aussi lourdes responsabilités, assombrit son esprit, emplissant son cœur d'autant d'aigreur que de culpabilité.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant