Au commencement, le Pi, force mystérieuse, se fragmenta en douze gemmes. Chacune incarnant sa puissance. Chacune assignée à un Héritier.
La disparition de la fille du Chef des Clans menace de semer la discorde entre les quatre peuples d'elfes. À tr...
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– Knigr ! s'exclama Jorunn tout essoufflé, en accourant vers Taegnor. Des troupes de l'Empire sont en approche.
– Il était temps, combien sont-ils ? s'enquit-il.
– Quelques centaines, guère plus.
Taegnor acquiesça en saisissant sa pipe.
– Donne l'ordre de les laisser entrer. Puis tu conduiras leur général à la petite salle.
Taegnor regarda Jorunn disparaître tout en tassant une bonne quantité de fleurs de limbes séchées dans le creux de sa pipe. Il ne se pressa pas pour regagner ladite salle.
– Pour l'Empire ! salua le Dongārien en faisant irruption dans la pièce.
Il n'était pas très grand, sa stature massive et son teint foncé portaient à croire qu'il était originaire des régions sud. Comme la plupart des elfes de son peuple, sa physionomie n'était guère marquée par les caprices du temps. Toutefois, plusieurs indices trahissaient un âge avancé, du son de sa voix à son regard.
– À qui ai-je l'honneur ? questionna Taegnor après avoir expiré une dernière bouffée de fumée, reposant sa pipe sur la table.
Il ne prit pas la peine de lui adresser le salut de l'Empire. À vrai dire, il ne daigna pas même se lever de l'imposant siège dans lequel il s'était installé, certainement celui qui avait appartenu au seigneur de Sinohra, Mayeul Lusignan.
L'indignation pouvait se lire sur le visage du général, attaché aux rituels protocolaires. Taegnor le savait, il n'agissait pas par méconnaissance, mais par pure insolence.
– Je suis le général Chunlei, annonça le Dongārien en s'attablant face à lui. Le Chef des Armées m'a envoyé conquérir cette cité.
– Conquérir ? railla Taegnor en adressant un signe de main à son nouvel échanson. Vous arrivez un peu tard pour cela. Comme vous pouvez le constater, la place est déjà occupée.
L'échanson s'approcha timidement. C'était la jeune Myselthienne que ses hommes avaient retrouvée dans le château. En l'apercevant le premier jour, Taegnor s'était d'abord extasié en imaginant cette vengeance qu'il pourrait enfin accomplir.
Après qu'on eût mutilé ses oreilles en signe d'asservissement, il l'avait outrageusement conduit à sa mère, Dame Berthilde Lusignan. Taegnor s'était délecté de l'horreur sur son visage.
Il avait ensuite longuement réfléchi à ce qu'il pourrait encore lui faire endurer pour rendre la monnaie de son dard à cette bigresse. Mais la maladie avait eu raison d'elle avant qu'il n'eût pu mettre à exécution quelque plan que ce soit. Et maintenant que Dame Berthilde n'était plus, il ne voyait plus aucun intérêt à torturer gratuitement cette gamine.
– Je le constate. Vous avez mené à bien votre mission, et c'est tout à votre honneur. Qu'espérez-vous de moi ? Des éloges ? Dorénavant j'administrerai cette cité, en attendant les nouvelles instructions.
