Chapitre 26 - Dongāra (2/2)

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– Père, nous devrions rentrer

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– Père, nous devrions rentrer.

Le soleil commençait à disparaître par-delà les hautes montagnes dongāriennes. Le ciel s'était enflammé de vifs reflets orangés, faisant scintiller la neige givrée sur ses sommets. D'ici quelques sabliers, l'obscurité plongerait la cité dans une douce torpeur. Les bruits lointains de pioches et de cris se tairaient et les lumières de la ville s'éteindraient derrière les volets fermés. Mais la colère qui palpitait en lui était trop forte pour que Drukda consente à rentrer si tôt. La chasse était la seule occupation capable d'apaiser les tensions qui assaillaient son esprit.

– Nous rentrerons quand nous l'aurons attrapé, rétorqua-t-il froidement à son fils.

Ils suivaient la piste d'un tahr des montagnes depuis que la lueur du jour avait commencé à faiblir. Mais les traces laissées dans la fine couche de neige s'étaient arrêtées au bas d'une petite falaise. Le chasseur peinait à déterminer la direction prise par l'animal. Ce dernier aurait pu gravir cette paroi abrupte tout comme le vent aurait tout aussi bien pu effacer ses empreintes. Les deux elfes restèrent immobiles, silencieux, à épier le moindre bruit suspect. Drukda concentrait son attention sur sa maîtrise du Pi, afin de s'assurer que le vent sec des hauts sommets ne porte pas leurs voix jusqu'à leur proie. Mais même les animaux les moins discrets étaient entrés en alerte, se dissimulant dans les creux des rochers.

– C'est à cause de la guerre ?

Jigme connaissait bien son père. Il savait que cet entêtement à la chasse, et le silence glacial qu'il lui avait imposé ne pouvaient avoir d'autres causes qu'un profond mécontentement.

– Cesse donc de jacasser ou tu vas faire fuir le tahr, murmura Drukda avec fermeté.

« Mère pense que je devrais y prendre part, pour sauver mon honneur », insista le jeune elfe en utilisant son don de communication pour ne pas ruiner ses efforts de chasse.

« Ta mère ne sait pas rester à sa place. Je l'aime beaucoup, ne te méprends pas sur les sentiments que j'éprouve pour elle. Mais elle me fatiguait déjà du temps où j'étais plus présent, à vouloir se mêler d'affaires qu'elle ne peut pas comprendre. Quelle folie ai-je eu d'épouser une elfe de Purva ! Avec leur don de précognition, même leurs femmes croient tout savoir. C'est pour cela que tu dois rester ici. Tu es un homme maintenant, et c'est à toi de gérer la mine en mon absence. Ne te laisse pas duper par ses paroles. »

« Elle n'a rien dit, objecta Jigme, visiblement blessé. C'est moi qui ai perçu ses pensées. Et une partie de moi ne peut s'empêcher d'entendre la vérité dans ses réflexions. »

« Des réflexions ! pensa Drukda en s'emportant. On parle bien de ta mère, d'une femme. Il s'agit d'élucubrations tout au plus, ou de rêvasseries animées de fantasmes déraisonnables. »

« Pourtant, cette guerre est bien partie de ce mariage qui me concernait. Le fait que je ne m'y engage pas met à mal mon honneur. Que vont penser les gens ? Que je suis un pleutre ? »

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant