Chapitre 8 - Beleanor (1/2)

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Le Chef des Armées était concentré sur l'affûtage de son épée quand deux esclaves lui amenèrent un baquet d'eau, à moitié rempli

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Le Chef des Armées était concentré sur l'affûtage de son épée quand deux esclaves lui amenèrent un baquet d'eau, à moitié rempli.

– Posez-le là ! ordonna-t-il froidement.

Les deux humains, dont le dos était courbé sous le poids de l'eau, s'exécutèrent, haletant. Puis ils sortirent de la tente sans prononcer un mot. Leur souffle était couvert par le grincement strident de la pierre qu'Athán frottait méticuleusement contre sa lame.

– Tu ne viens pas te laver ? finit-il par demander à la jeune Myselthienne qui partageait sa couche depuis un peu plus d'une semaine.

La présence de femmes n'était pas autorisée au sein du camp. Aussi gardait-il la sienne secrète. Des rumeurs commençaient bien sûr à se répandre entre les soldats, mais il savait que personne n'oserait jamais lui adresser le moindre reproche à ce sujet. Il était le Chef des Armées, et le fils de l'Empereur.

– L'eau va refroidir.

La jeune Myselthienne ne répondit pas. Elle était agenouillée sur le sol, la tête penchée sur ses mains jointes. Devant elle se trouvait une statuette : un petit arbre au tronc tortueux directement sculpté dans du bois. Ses lèvres s'agitaient rapidement sans qu'aucun son n'en sorte, juste son souffle.

Lorsqu'elle eut fini sa prière, la jeune elfe se redressa et considéra enfin le prince.

– Je ne comprends pas pourquoi tu passes autant de temps à prier. Qu'est-ce que tu attends de ta déesse ?

– On ne peut rien attendre d'une déesse.

– Alors pourquoi pries-tu ?

– Pour la remercier.

Le prince leva les yeux au ciel, exaspéré.

– La remercier de quoi ? Tu n'as pas plus de liberté qu'une prisonnière, ton avenir repose uniquement sur ma volonté. Si c'est tout ce que ta déesse a pu t'offrir, tu ne lui dois pas grand-chose. Tu ferais mieux de me prier moi. J'ai un plus grand pouvoir sur ta destinée, railla-t-il.

– C'est grâce à elle que je suis en vie, je lui dois tout. Et mon sort n'est pas à plaindre, je ne manque de rien. Je préfère être ici que d'être consacrée, alors je la remercie de m'offrir cette chance.

– Pourtant, dans un temple, tu serais encore plus proche de ta déesse. Tu consacres déjà tes journées à la prier, cette vie te devrait te convenir. Et c'est quand même étrange d'implorer un Dieu que ta vie ne lui soit pas dédiée, lui fit-il observer. Tu n'as pas peur qu'elle l'interprète comme une marque d'égoïsme ?

– C'est parce que vous ne connaissez rien de la vie des consacrés, Votre Altesse.

– Qu'a-t-elle de particulier ?

– Les elfes qui se consacrent au Temple en font don de leur vie, de leur âme et de leur corps. Ils sont sacrifiés, non pas en offrande à Ithela, mais comme des instruments pour accroître le pouvoir des maestrins. Ils deviennent des choses au service de cette secte. Ils sont mutilés dans d'affreuses conditions. Ceux qui dirigent le Temple sont des monstres avides de pouvoir, prêts à sacrifier n'importe quel elfe pour leur cause. Ils ont tellement d'influence qu'ils se croient tout permis. Ce n'est pas ça que je veux servir.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant