Chapitre 27 - Haut-Cerf (1/2)

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Un faible vent faisait bruisser les épines des résineux, couvrant à peine le clapotis de l'eau dansant au loin, entraînée par un petit ruisseau

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Un faible vent faisait bruisser les épines des résineux, couvrant à peine le clapotis de l'eau dansant au loin, entraînée par un petit ruisseau. La quiétude de la forêt enneigée ne leur laissait pas la moindre chance d'augurer le massacre vers lequel ils se précipitaient.

Soudain, l'esprit de Norbu se réveilla dans son ancien corps. Pris d'un violent vertige, il tomba de sa monture et s'écrasa péniblement au sol. Son esprit, harassé par la fatigue et les épreuves qu'il venait de vivre, répandait sa souffrance à travers tout son corps qui pourtant n'avait pas encore enduré ces événements. La douleur des meurtrissures et des contractions qu'il se sentait infliger une seconde fois lui tirèrent une grimace. L'estomac au bord des lèvres, le soldat ne se releva pas tout de suite.

À terre, les yeux rivés sur la lune décroissante, une ombre gigantesque lui rappela l'espace-temps dans lequel l'Écho l'avait projeté. Ce n'était définitivement pas un oiseau.

– Alors ! Tu as besoin d'une torche pour tenir sur ton cheval ? s'exclama Hichen d'un air narquois.

Mais Norbu ne répondit pas à sa provocation. Il prit quelques instants pour reprendre ses esprits, et se remit sur pieds, s'appuyant contre le flanc de sa monture.

– Qu'est-ce qui t'arrive ? s'enquit gravement Senge, descendant à son tour de son cheval pour se rapprocher de lui.

– Nous devons retourner au camp.

À la lueur de la lune, Senge le dévisagea silencieusement. Il se souvenait des recommandations qu'avait émises Athán à son sujet.

– Pourquoi veux-tu rentrer ? l'interrogea-t-il en faisant taire d'un simple regard les sarcasmes d'Hichen.

Seba était resté en retrait, scrutant les environs avec attention, s'assurant que cette interruption ne les mette pas en danger.

– Des explications seraient trop longues. Tout ce que vous devez savoir, c'est que nous nous précipitons aveuglément dans un piège. Nous devons impérativement rejoindre le camp, maintenant ! le pressa-t-il.

Hichen était à son tour descendu de sa monture pour tenter de tempérer l'agitation de son frère de garde. Il s'approcha discrètement pour poser une main amicale sur son épaule quand Norbu, alerté par le craquement de la glace sous ses pieds, dégaina une dague. D'un geste vif et implacable, il saisit son avant-bras, l'entraîna devant lui et le plaqua violemment au sol, sa lame collée contre la gorge du jeune soldat apeuré.

Une lueur terrible brillait dans le regard de Norbu. Bouleversé par le choc qu'il venait de vivre, L'horreur de la guerre continuait de couler dans ses veines à une vitesse effrénée. Dans les yeux de son frère de garde, il revoyait ce soldat, prisonnier des terres assassines, qui le suppliait de l'épargner. Mais il n'avait pas le choix. Il devait savoir, au prix de son sacrifice, trouver un moyen de sauver l'Empire. Son esprit, encore troublé par le saut temporel, était assailli par une irrésistible folie meurtrière. Pourtant, ses multiples pérégrinations à travers le Pi l'avaient familiarisé à cette violence. Être ramené à la réalité, à la suite d'une vision, était une épreuve brutale et douloureuse. Mais cette souffrance-là n'était pas comparable. Son esprit ne revenait pas d'une vision, mais d'un autre espace-temps, d'un avenir qu'il avait véritablement vécu, et qu'il devait changer à tout prix.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant