Chapitre 31 - Haut-Cerf (1/2)

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– Rappelle-moi ton nom

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– Rappelle-moi ton nom.

– Hichen. Mon Général, répondit le jeune soldat, non sans éprouver une certaine amertume à l'idée que le Chef des Armées ne l'eût pas retenu.

Il servait dans sa garde depuis de longues semaines, bravant toutes les menaces au péril de sa vie. Sans compter qu'ils s'étaient déjà affrontés dans les arènes de l'Académie. Hichen n'avait certes jamais pu remporter la moindre victoire contre lui, mais il était toutefois convaincu d'en avoir mérité l'attention.

– Écoute bien ce que je vais te dire, Hichen. Et tu t'assureras que chaque général comprenne parfaitement mes instructions.

Athán l'observa hocher la tête avec autant de fierté que s'il l'eût nommé chevalier, puis il fixa à nouveau les remparts devant eux.

Pendant qu'il lui détailla son plan avec une précision implacable, le visage du jeune soldat se durcit sous ses efforts de concentration. Celui-ci commençait à saisir l'importance cruciale de son rôle : il suffisait qu'un seul soldat ne respectât pas à la lettre ses directives pour que toute l'opération que le Chef des Armées avait projetée échoue.

– Est-ce que tu as bien compris ? s'enquit Athán avec fermeté.

– Oui, Mon Général. Mais... ajouta-t-il avec une hésitation craintive. Si le plan ne se déroulait pas comme prévu... Vous vous retrouveriez seul... face à une armée entière.

– C'est pourquoi le plan doit se dérouler comme prévu.

Les yeux rivés sur la ligne d'horizon, plissés autant pour amplifier son acuité visuelle que pour se prémunir des rayons du soleil ; Athán lui fit un geste pour qu'il se mette à exécution et attendit. Longtemps.

Un profond silence s'était installé. Derrière lui, la forêt semblait déserte, à l'exception des archers restés en faction à moins d'un demi mille de lui. Devant lui, seules les lamentations de quelques esclaves agonisants, à demi ensevelis, parvenaient jusqu'à ses oreilles. Les terres s'étaient à nouveau figées sur eux, preuve que la potion d'Okung avait fonctionné.

Cette soudaine quiétude avait imposé aux condamnés le spectacle de cette indicible horreur. Ils n'avaient jusque-là guère eu le temps de l'estimer. Emporté par la terreur et l'affolement, leur esprit avait préféré ne pas voir ce qui se passait réellement autour d'eux. Mais maintenant, ils voyaient... les morceaux de corps déchiquetés qui jonchaient ces terres macabres, leurs frères agonisants qui ne pouvaient plus s'extraire du sol, l'expression de leur propre mort qui se reflétait dans chaque flaque de boue et de sang.

Un grondement bestial attira soudain l'attention du Chef des Armées. Par-delà les remparts, il découvrit avec effroi la gigantesque créature s'élever dans les cieux et tournoyer au-dessus de la cité, confirmant l'intuition qu'avait eue Norbu. Le cœur figé, Athán observait au loin le dragon déployer ses immenses ailes. Ses entrailles se serrèrent à l'idée que ses craintes à lui puissent être vraies. Mais l'animal fusa vers le ciel et disparut. Enhardi par l'absence d'autres dzihrs, le Chef des Armées leva puissamment son épée, avec autant d'audace que s'il avait défié les Dieux.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant