Chapitre 4 - Samrata (2/2)

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Quand le crépuscule eut plongé tout Samrata dans une quasi-obscurité, l'Empereur délaissa enfin son office pour rejoindre son invité d'honneur dans la grande salle

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Quand le crépuscule eut plongé tout Samrata dans une quasi-obscurité, l'Empereur délaissa enfin son office pour rejoindre son invité d'honneur dans la grande salle. Ce dernier était déjà installé, tout comme l'étaient le prince Eloi et Drukda. Un silence de plomb régnait à leur table, si solennel que même l'allégresse et les acclamations festives tout autour ne réussissaient pas à le briser. Tous les soirs, cette immense pièce était baignée dans la douce volupté des danses sensuelles de ces magnifiques elfes dongāriennes. Les convives présents, en grande partie des hommes, s'extasiaient bruyamment devant ces créatures lascives, noyant dans l'alcool leur frustration de ne pas pouvoir les posséder. L'Empereur n'était pas spécialement friand de ces divertissements, mais ils étaient inhérents aux traditions de la cité. Et tous les nobles qui y résidaient y étaient très attachés.

Le Myselthien semblait complètement métamorphosé. Le repos qu'il s'était accordé n'avait certes pas effacé les stigmates de la fatigue, mais sa toilette avait révélé un visage gracieux et allongé. Il avait aussi lavé ses belles boucles mordorées, même s'il n'avait pas pris la peine de les coiffer. Gailhart préférait les garder en bataille, et mettait beaucoup d'efforts à entretenir cette allure désinvolte en totale rupture avec son haut rang.

L'Empereur s'installa juste à sa gauche, face aux danseuses et autres tablées.

– Ce divertissement a l'air de te plaire, lui fit-il remarquer, n'ayant pas manqué de percevoir l'extase dans laquelle le prince semblait plongé.

Ce dernier contemplait la scène avec de grands yeux émerveillés, la bouche à demi ouverte. C'était tout juste si un filet de bave n'en coulait pas.

– Je... c'est que... balbutia Gailhart avec embarras tout en essayant de se redonner une certaine contenance. Elles sont vraiment très douées.

– Elles s'entraînent dur pour cela, depuis leur plus jeune âge. Et tout cela pour être regardées, pour susciter cette fascination qui t'anime, pour combien ? Seulement quelques années, avant d'être cueillies pendant qu'elles sont encore dans la fleur de l'âge. C'est comme toute chose, l'apprentissage est souvent plus long que le succès, mais qu'est-ce que le temps comparé à l'intensité du triomphe, de l'honneur ? Chaque grain de sablier ne se vaut pas.

Jurgen adressa un signe à un esclave, qui s'empressa de remplir leurs verres. Il saisit ensuite sa coupe et la leva en l'honneur de son invité. Alors, il prit le temps d'en humer les effluves, d'en apprécier son nez intense et boisé avant d'en déguster une petite gorgée.

– Que penses-tu de ce vin, seigneur Montaril ? s'enquit-il aussitôt qu'il l'eut reposée.

Le jeune Myselthien reporta son verre à sa bouche, comme pour se rappeler son goût.

– Équilibré. J'aime beaucoup, répondit-il d'un air détaché.

– Et tu fais bien, confirma l'Empereur. S'il y a un domaine dans lequel nous ne parviendrons jamais à vous égaler, vous, les Myselthiens, c'est bien celui-ci. Les meilleurs nectars viennent de Vinmur, et je ne pourrais pas certifier qu'il ne s'agisse là que d'une question de climat.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant