Chapitre 18 - Beleanor (1/2)

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– C'est bizarre, s'étonna le soldat pendant qu'ils effectuaient leur ronde

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– C'est bizarre, s'étonna le soldat pendant qu'ils effectuaient leur ronde.

Un elfe de grande taille, à la silhouette robuste. En levant son regard vers le ciel, il exposa ses traits durcis par le labeur à la lueur de sa torche.

– Quoi donc ? s'enquit un de ses frères de garde à ses côtés.

Son visage imberbe et ses traits aussi lisses que du marbre trahissaient son jeune âge. Il y avait, à tout le moins, une bonne dizaine d'années qui le séparaient de son camarade. Pourtant, son anatomie n'avait rien à lui envier. C'était un élégant jeune elfe, bien bâti, à qui on se passerait bien de chercher des noises.

– Ces cris qu'on entend.

Le jeune soldat s'arrêta pour tendre l'oreille.

– De quels cris tu parles ? demanda-t-il en poussant un bâillement qui en disait long sur sa fatigue.

– Là ! insista le premier en lui faisant signe de se taire. Ne me dis pas que tu ne les entends pas.

– Tu parles des hululements ? demanda le plus jeune en esquissant un sourire moqueur.

– Tout de même ! Tu n'as pas été recruté pour la rapidité de ton esprit, toi ! Ah la jeunesse d'aujourd'hui.

– Et alors, il n'y a pas de chouettes dans ta campagne ? Tu n'as jamais entendu leur cri ? C'est tout ce qu'il y a de plus normal, je me demande bien d'où tu sors, toi.

– Vous n'allez pas la fermer un peu ! s'écria Senge en se retournant brusquement vers ses hommes. Nous sommes en mission.

– Je suis désolé mon commandant, s'excusa le moins jeune. Mais... j'essayais d'expliquer à ce flagorneur que le cri des chouettes est étrange. Elles se font plus entendre à la tombée de la nuit ou au lever du jour d'ordinaire. Or nous sommes au beau milieu de la nuit.

Les petits yeux brillants de Senge détaillaient frénétiquement le portrait du soldat. Se demandant certainement pourquoi ce sot persévérait à lui raconter ses histoires de rapaces, plutôt que de se taire comme il le lui avait ordonné. Il commençait à douter de son recrutement. Ces soldats étaient certes de redoutables adversaires à l'épée, mais ils ne faisaient preuve d'aucune discipline. Le Chef des Armées lui avait demandé de sélectionner des hommes capables de le suivre jusqu'en enfer. Quel elfe sensé aurait accepté cela ? Pour une garde exceptionnelle, il lui en avait déniché une belle. Mais ce n'était pas forcément en ce sens qu'il l'entendait. Ces recrues n'avaient rien d'autre en commun que leur maîtrise de l'épée... et leur manque d'obéissance.

– Arrête avec tes oiseaux ! Peut-être qu'ils sont juste en rut, reprit le jeune soldat. Et qu'ils crient juste parce qu'ils ont besoin de...

Il préféra terminer son explication en mimant un geste obscène.

– T'es vraiment un crétin, toi ! On n'est pas du tout dans la saison des amours, et leur cri est...

Personne ne sut la suite de sa phrase. Senge avait rageusement empoigné le col de son pourpoint pour le faire taire. Lui aussi était exténué par le manque de sommeil et l'épreuve qu'ils avaient endurée cette nuit. Son niveau de patience était au plus bas, en deçà même de son énergie.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant