Au commencement, le Pi, force mystérieuse, se fragmenta en douze gemmes. Chacune incarnant sa puissance. Chacune assignée à un Héritier.
La disparition de la fille du Chef des Clans menace de semer la discorde entre les quatre peuples d'elfes. À tr...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Une légère brise lui caressait le visage, mais Taegnor n'avait pas encore décidé sortir la voile. Pas tant qu'ils n'avaient pas quitté la mer sacrée. Bien que devant aller au nord, il avait entraîné le navire dans la direction opposée, afin de profiter des courants chauds d'Ifaestyr.
Penché sur la rambarde du pont arrière, il surplombait les rangées de guerriers qui ramaient avec ardeur, comme un seul elfe. Pour cette traversée, ils ne s'étaient pas encombrés d'esclaves à bord. Moins puissants et bien incapables d'invoquer le Pi, ceux-là ne servaient qu'au confort, les déchargeant des tâches ingrates. Mais il aurait fallu prévoir plus de provisions, alors Taegnor s'y était refusé. Il s'était même opposé à la présence d'humaines, à la plus grande frustration de ses uerigs.
Le knigr n'avait pas encore annoncé à ses hommes qu'ils ne rentraient pas à Kungmaa, il avait attendu d'atteindre la pointe au nord de Purva. Au loin, les parois rocheuses des montagnes de feu, aussi noires que le charbon, commençaient à percer l'horizon.
Taegnor en détacha le regard et se tourna vers son équipage.
– Uerigs ! s'écria-t-il avec puissance, faisant résonner son appel à travers tout le navire. Nous ne mettons pas le cap sur Kungmaa, mais sur Sinohra. Nous allons conquérir cette cité.
Il s'était exprimé dans un parfait narroek, tentant de rendre sa voix la plus gutturale possible. Bien qu'il partageât beaucoup de traits communs avec les Loeknohriens, de ses longs cheveux blonds à sa carrure de guerrier, quoiqu'un peu moins imposante que les autres ; le narroek n'était pas sa langue natale.
Malgré tous ses efforts, des murmures d'incompréhension commençaient à s'élever d'entre les rangs. Était-il fou au point de vouloir déclarer la guerre à l'Empire ?
Jamais il n'avait eu si peu d'acclamations à la suite d'une annonce.
– L'Empire a déclaré la guerre aux Myselthiens, ajouta-t-il alors.
Sa parole n'attisa que davantage les protestations des guerriers. Toutefois, son visage ne laissa transparaître aucun signe d'inquiétude. Il leur laissa quelques instants pour exprimer leur dissension, avant de reprendre, non sans provocation :
– Qu'y a-t-il ? N'avez-vous pas envie de combattre ces muuts? Auriez-vous donc perdu votre âme de uerig ?
Des grondements s'élevèrent avec encore plus d'intensité.
– Ne nous insulte pas ! s'écria l'un d'entre eux, un guerrier qui faisait presque une tête de plus que lui, à la silhouette particulièrement massive. Tu sais très bien qu'on ne reculerait pas devant un combat. On refuse juste de combattre pour l'Empire.
– Qui a parlé de combattre pour l'Empire, Jorunn ?
– Tu viens de dire que c'est l'Empire qui a déclaré la guerre. Ce n'est pas notre guerre !
