Chapitre 34 - Sinohra (1/1)

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La jeune Myselthienne ouvrit doucement la porte de la crypte, essayant d'atténuer le grincement de ses gonds rouillés

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La jeune Myselthienne ouvrit doucement la porte de la crypte, essayant d'atténuer le grincement de ses gonds rouillés. Un souffle lugubre et oppressant émanait des escaliers, faisant vaciller la lumière des torches accrochées au mur. Elle n'était pas écœurée par l'odeur presque fétide qui régnait dans les souterrains, celle-ci avait pris une tout autre saveur depuis que ces caveaux étaient devenus sa seule échappatoire. Ici, elle était sûre de ne pas croiser ce monstre qui l'avait abusée.

Elle s'empara d'une torche et s'engouffra dans l'obscurité, descendant lentement chaque marche. Malgré sa discrétion, ses pas résonnaient sur le sol de pierres usées. Les murs suintaient d'une humidité froide, mais cela ne l'empêcha pas de s'y maintenir pour garder son équilibre. Elle avait toujours détesté mettre les pieds dans cet endroit lugubre, sa mère avait dû l'y traîner contre son gré à chaque cérémonie funéraire. Jamais elle ne se serait doutée être un jour soulagée de s'y rendre.

Lorsqu'elle arriva au bout de l'escalier, la jeune fille s'arrêta un moment pour se recueillir et reprendre son souffle. Le silence était absolu, à l'exception de quelques gouttes d'eau tombant de la paroi rocheuse. Autour d'elle, des animaux étaient sculptés sur les murs de pierre. Certains étaient facilement reconnaissables, comme le dragon d'Ifaestyr, alors que d'autres semblaient sortir tout droit d'une imagination délirante.

Plus elle avançait, plus l'air devenait dense, chargé d'une atmosphère lugubre et d'une étrange présence. Les flammes vacillantes de la torche dansaient sur les parois, projetant des ombres mouvantes, donnant vie aux créatures taillées dans la roche. Elle s'arrêta après une vingtaine de pas et s'assit contre un sarcophage. Probablement celui d'un ancêtre qu'elle n'avait jamais connu. Sa mère aurait aussi dû reposer là, si seulement elle avait pu lui offrir des funérailles décentes, dignes de son rang. Au lieu de ça, ils s'étaient débarrassés de son corps en le jetant dans une fosse. Il ne restait plus qu'elle, seule survivante dans l'enceinte du château. Si l'espoir de revoir un jour son frère s'amenuisait de jour en jour, celui de retrouver son père s'était à jamais éteint. Elle le sentait au plus profond de son être. Elle ressentait son appel, celui de la gemme dont elle était l'Héritière.

Une première larme perla le long de sa joue puis, sans qu'elle n'y puisse rien y faire, elle s'abandonna à de longs sanglots incontrôlables. La jeune fille resta là, assise contre le sarcophage, laissant libre cours à sa douleur et à sa tristesse, jusqu'à ce que ses pleurs cessent d'eux-mêmes, comme si ses yeux secs n'étaient plus capables de produire la moindre larme.

– Je suis désolée, sanglota-t-elle comme pour implorer le pardon de ses défunts parents. Je n'ai pas réussi à le protéger. Si seulement je n'avais pas désobéi...

Elle plia ses jambes, enserrant ses bras autour pour se tenir chaud. Personne ne remarquerait son absence avant les premières lueurs du jour. Il n'y avait qu'ici qu'elle arrivait à trouver le sommeil depuis que ce monstre l'avait touchée. La première fois, elle avait pensé à ne plus jamais remonter ces marches, à rejoindre ses parents. Mais elle ne pouvait pas renoncer aussi lâchement, Aloïs avait besoin d'elle. La culpabilité était trop grande pour qu'elle ne puisse se résoudre à l'abandonner. Les joues encore humides, elle ferma les yeux et s'endormit parmi les siens.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant