Au commencement, le Pi, force mystérieuse, se fragmenta en douze gemmes. Chacune incarnant sa puissance. Chacune assignée à un Héritier.
La disparition de la fille du Chef des Clans menace de semer la discorde entre les quatre peuples d'elfes. À tr...
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– Pour l'Empire ! salua un soldat, se donnant un coup ferme sur le plastron pour accuser ses dires. Général, on vient de nous déclarer un navire sur l'Ourliatz. Il se dirige vers Sinohra.
Sans se lever de son fauteuil, Taegnor répondit à son salut en l'imitant négligemment. Il exécrait toutes ces conventions. Mais il avait concédé à s'y plier pour ne pas offusquer les soldats sous son commandement. Et il devait bien reconnaître trouver son compte dans leur organisation rudement protocolaire : depuis la mort du général Chunlei, il était le plus haut gradé présent sur le camp. Cela avait suffi à lui faire gagner le respect des soldats les plus récalcitrants.
Il se redressa et prit soin d'enrouler les parchemins qu'il était en train de lire, avant de s'adresser enfin à lui :
– Un navire. De quel genre ?
– Il s'agit vraisemblablement d'une embarcation loeknohrienne, répondit le Dongārien en se raclant la gorge. Si l'on s'en fie à sa construction, mais leur capitaine n'a encore sorti aucun étendard.
– Combien de rames ?
– Pardon, mon général ?
– Le nombre de rames du bateau, répéta Taegnor avec agacement. Qui a signalé sa présence ?
– Euh... Ça n'a pas été mentionné, c'est un de nos éclaireurs. Il l'a aperçu au large des côtes et nous a rapporté la nouvelle aussitôt. Nous n'en savons pas plus pour le moment.
Taegnor poussa un long soupir d'exaspération, il s'agissait forcément d'un éclaireur dongārien pour omettre un détail aussi important que le nombre de rames. Tout Loeknohrien savait que c'était précisément ce qui caractérisait leurs bateaux.
– Est-il petit ou grand ?
– Petit, il a parlé d'une quinzaine d'hommes tout au plus.
Taegnor réfléchit rapidement. Ce n'était certainement pas un hasard qu'un navire loeknohrien se dirige vers Sinohra maintenant qu'il occupait la cité, et une si petite embarcation ne pouvait être destinée ni au commerce ni à la guerre. Toutefois, même si la menace paraissait tout à fait négligeable, le général préféra prendre toutes les précautions possibles.
– Rassemble une trentaine de soldats pour les intercepter au port. Vous les accompagnerez jusqu'au château, ordonna-t-il.
– Devons-nous les désarmer ?
Taegnor haussa un sourcil, surpris par sa demande.
– Je te le déconseille, si tu ne veux pas perdre inutilement tes hommes.
Il était inconcevable pour un uerig de se séparer de ses armes.
Alors qu'il traversait la cour pour rejoindre le chemin de ronde, un bruyant désordre attira son attention dans la porcherie. Taegnor vit une poignée de Dongāriens en sortir d'une démarche furibonde, interpellant des Loeknohriens. Sous ses yeux, une nouvelle altercation était en train de s'élever, comme il devait en gérer à tour de bras.
