Chapitre 1 - Kungmaa (1/2)

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Huit ans et quelques lunes auparavant...

L'odeur humide et fétide de la geôle dépeignit un rictus de dégoût sur le visage de Dame Isenza

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L'odeur humide et fétide de la geôle dépeignit un rictus de dégoût sur le visage de Dame Isenza. Tout suintait la putréfaction dans cet espace étroit, y compris le prisonnier. À vrai dire, sa grimace était à peine perceptible tant cette expression de mépris semblait ancrée au plus profond dans ses traits, dépréciant la beauté froide de son visage de porcelaine.

L'elfe était suspendu au centre de la pièce, ses poignets attachés à un crochet du plafond par deux épaisses chaînes en métal. Il s'évertuait à garder la tête penchée en arrière, empêchant la lame fixée à son cou de s'enfoncer dans son sternum autant que dans son menton. Des écorchures sanguinolentes attestaient de l'efficacité de l'équipement.

Dame Isenza le scruta de son regard redoutable, s'arrêtant quelques instants sur la pierre, d'un noir intense, qui brillait au centre de son front. La gemme du Scorpion. Puis ses petits yeux bridés suivirent les centaines d'épines sculptées dans sa peau, couvrant son torse autant que son dos. Elle n'avait jamais compris cette tradition grossière et insensée qu'avaient les Loeknohriens de se scarifier sciemment pour commémorer leurs victoires au combat. D'où elle venait, on pouvait très aisément reconnaître un bon guerrier aux stigmates laissés par ses réels affrontements, sans besoin d'en rajouter.

Le grincement aigu de la grille extirpa la Dongārienne de ses pensées quand le garde la referma derrière eux. Celui-ci s'approcha alors du prisonnier. Malgré les chaînes qui le retenaient et les tortures qu'il avait subies, la stature imposante de ce dernier et sa corpulence massive forçaient encore le respect. Aussi, le geôlier sembla-t-il hésiter, un instant du moins, avant d'attraper le baquet d'eau glacée, à quelques pas de lui, et de le lui déverser violemment dessus.

Réveille-toi, tu as de la visite ! gronda-t-il dans sa langue natale d'une voix extrêmement âpre et caverneuse.

Parcouru de spasmes convulsifs, le prisonnier tendit sa tête en arrière pour éviter de s'empaler par mégarde.

Dame Isenza s'approcha alors de lui, assez pour percevoir sa peau hérissée, et sentir l'air froid émaner de ses pores. La différence de taille entre eux était si grande qu'elle dut légèrement relever le regard pour le dévisager, bien qu'il ne fût pas complètement debout.

Sans montrer le moindre signe d'intimidation, elle le toisa de ses yeux haineux, débordants de son arrogance impériale.

Réfléchis bien, Krighorn. Je te laisse une chance dernière de me dire où se trouve ma fille, cingla-t-elle.

Elle s'était exprimée dans un narroek presque parfait. Arrachée à ses terres natales alors qu'elle n'avait que quinze ans, pour se faire marier à cette brute abjecte, Thidrik Gunnbjorg ; la Dongārienne s'était efforcée d'en apprendre la langue. Ses intonations gutturales détonaient singulièrement avec ses propres inflexions mélodieuses, n'exacerbant que davantage son acrimonie.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant