Chapitre 17 - Territoires de Loeknohr (2/2)

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Sans chercher à cacher son embarras, Tashi s'approcha de l'humaine

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Sans chercher à cacher son embarras, Tashi s'approcha de l'humaine. Son regard n'affichait pas plus d'expression, mais, maintenant qu'elle savait le sort qui lui était réservé, des larmes coulaient le long de ses joues glacées. Prise de sanglots, elle n'arrêtait pas de marmonner ce qui ressemblait à des supplications.

– Je suis désolée que mon père te fasse subir cela.

La petite voix mélodieuse résonnait dans sa tête. Plongé dans ce nouveau souvenir qui venait de rejaillir, Tashi était capable de sentir son parfum délicat aux notes florales. Il revoyait sa douce peau de porcelaine et ses yeux dont découlait une incommensurable bonté. Ce jour-là, elle lui avait servi une tasse de thé et faisait mine de ne pas voir les cicatrices qui jonchaient son dos encore nu. Elle dénoua le châle en laine de chèvre qui lui couvrait les épaules, et le fit délicatement glisser dessus, masquant ses blessures encore à vif. Tashi avait d'abord poliment refusé, mais elle avait insisté. Il sentait encore le breuvage tiède le réchauffer de l'intérieur, autant que la tendresse dont elle l'emplissait.

– Quand je serai mariée, je réussirai à convaincre mon époux de faire cesser tout cela. Ce n'est pas la naissance qui devrait décider du sort d'un homme, avait-elle murmuré, le regard dans le vide.

C'était la première fois qu'il avait osé poser ses yeux sur elle. Depuis, cette image sacrée était restée figée dans son esprit. Elle l'obsédait, nuit et jour.

En s'efforçant de garder cette vision féerique, le jeune soldat s'agenouilla à contrecœur à côté de l'esclave. La neige lui brûla les genoux malgré l'épaisseur de ses chausses. Tashi se pencha sur la miséreuse.

« Prends ma dague. »

En faisant résonner ces mots dans sa tête, Tashi avait dû s'introduire dans son esprit. Il avait ressenti toutes les souffrances qu'elle endurait, comme s'il s'était agi des siennes.

Mais elle continuait de gémir en implorant sa grâce. Ne l'avait-elle pas entendu ou ne comprenait-elle pas ?

« Calme-toi et écoute ! s'emporta mentalement Tashi. Tu n'auras pas d'autre chance de t'en sortir. »

Le soldat s'empara lui-même de sa dague, et sous le regard aussi horrifié qu'abasourdi de l'esclave, il s'entailla la gorge avant de la lui tendre. La balafre était impressionnante, mais peu profonde.

« Cours ! »

Les yeux écarquillés, elle s'empara de l'arme et, sans prendre le temps de se revêtir, elle détala aussi vite que son corps endolori le lui permettait.

Tashi attendit quelques instants, s'assurant qu'elle eût franchi l'orée du bois, avant de pousser un juron. Il appela à l'aide pour rendre sa mise en scène crédible. Mais aucun des deux guerriers ne vint à lui.

Le jeune soldat se redressa en appuyant sa main contre sa gorge ensanglantée et prit conscience de ce qui les avait retenus. Ils étaient figés devant un énorme félin aux longues dents pointues. Sa peau décharnée, son pelage terne et la bave qui écumait dans le creux de ses babines étaient autant d'indices de sa faim dévorante.

LE DERNIER HÉRITIER - T1. La première guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant