Ecrire bien ou bien écrire ?

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Derrière ce titre à la con se cache une vraie question, mais je vous laisse la chercher ;)

Je lis partout (et je partage la plupart des points de vue allant dans ce sens) qu'il faut écrire en bon français lorsqu'on écrit un roman. Et évidemment, il en va de même sur Wattpad. On ne peut décemment pas penser à remettre au public 1 text aicri com sa !

Comme je l'ai dit, je suis d'accord dans les grandes lignes. Mais d'une part, je n'ai pas toujours pensé comme ça (l'orthographe et moi n'avons jamais été amis et ne le seront probablement jamais, on a juste appris à vivre ensemble...) et il est fort possible que dans un avenir plus ou moins proche, je retourne à nouveau ma veste.

Mais avant de me faire lyncher, je voudrais expliquer un peu mon point de vue sur la chose.

Une langue vivante

Il y a 50 ans, et avant, écrire était réservé à ceux que l'on appelait les gens de lettres. Aujourd'hui, dans les pays développés (je n'ai pas trouvé d'autre formule) la plupart des gens savent lire et écrire. Plus ou moins bien, la question n'est pas là : tout le monde ou presque, peut prendre un stylo un papier et écrire une histoire. Qu'elle soit fantastique ou documentaire, chacun peut coucher sa prose sur papier.

De même qu'il y a un siècle, la musique souffrait d'un grave problème de diversité, et a aujourd'hui évoluée pour voir naitre des Justin Bieber et autre Kurt Cobain, les styles littéraires ont évolués et les écrivains également. Et de même qu'avant, il était inconcevable de ne pas saluer une dame d'un « bien le bonjour gente dame » en soulevant son chapeau, aujourd'hui un hochement de tête vaut toujours mieux qu'un « Ouaich ma'moizelle ! bien ou bien ? ».

Notre langue évolue, quoi qu'on en dise ou pense. Du coup, l'écrit ne devrait-il pas suivre ?

En 2015, dans le dictionnaire on peut trouver Hypster, Selfie, Boloss ou Capilotracté !! Alors franchement, ça veut dire quoi en 2015, bien écrire ?

Le trio gagnant

Evidemment, vous allez me parler d'orthographe, grammaire et conjugaison, le fameux trio de la mort. Certes. Mais même là, les choses évoluent. A part dans quelques rares textes, quand avez-vous vu un imparfait du subjonctif ?

Prenons un exemple, je crois voir des yeux ronds...

Un texte à la première personne conté au passé (on en voit pas mal quand même) :

.

Mallory et moi avions décidé qu'il valait mieux que nous soyons partis le plus vite possible.

Mallory et moi avions décidé qu'il valait mieux que nous partissions le plus vite possible.

Je vais vous casser le suspens : la première n'est tout simplement pas française... même si elle sonne bien.

La seconde ne devrais pas être la bonne réponse car la bonne est la troisième : c'est un imparfait du subjonctif. (Je fais le malin mais j'ai découvert les subtilités du subjonctif en écrivant Choisi ^^, du coup il est aussi possible que mon exemple soit en fait foireux :p).

Il se trouve que l'académie française aurait (reste à confirmer) décidé de valider l'emploi du subjonctif passé à la place de l'imparfait parce que... bah parce que personne ne s'en sert jamais en fait...

On n'en voit très très peu dans des livres pourtant publiés par des grandes maisons d'édition. Forcément, on n'a pas envie de l'utiliser ensuite. En admettant qu'on sache qu'il existe ce temps bizarre.

Oui m'ais ce n'est qu'un exemple ? Oui. Mais allons faire un tour sur Wattpad, l'avenir de la littérature quand même. Combien de fois avez-vous vu écrit « je me précipita pour lui ouvrir la porte ! » ?

A ce rythme là, dans 10 ans la conjugaison française ressemblera à la japonaise. (Je m'en porterai pas plus mal ceci dit ^^)

Du coup je repose ma question ? Qu'est-ce que ça veut dire bien écrire ?

Le fond et la forme

Soyons honnêtes deux minutes. Il est hors de question que la conjugaison se simplifie à ce point. Mais les choses vont continuer d'évoluer et des expressions comme « les fêtes battent leur plein » sans queue ni tête vont finir par être tolérées, voire devenir la norme.

Tiens, petit jeu à la con (réponse en commentaire) :

Je gis sur le sol... C'est quoi l'infinitif du verbe ?

Là encore, je fais le malin, mais je l'ai appris l'année dernière :p si vous en connaissez d'autres dans le genre, je suis preneur.

Bref. Du coup, l'important dans une histoire : le fond ou la forme ? Les deux évidemment, mais à quel moment la forme devient-elle plus importante que le fond. A partir de quel niveau d'incompétence linguistique arrêtez-vous de lire même si l'histoire est géniale sur le fond ? Et inversement, combien de pages vous enfilez-vous d'une histoire dans un français impeccable mais qui ne déclenche chez vous aucune sorte d'intérêt ?

Pour ma part, les « je frappa » et les fautes tous les trois mots ça me stoppe net. Pourtant, je ne cesse de le répéter : je ne suis pas bien doué dans cette matière qu'est le français, mais j'estime qu'il y a un minimum. Quant au contenu de l'histoire, si je n'ai pas été convaincu en deux ou trois chapitres, ça aura beau être superbement bien écrit, je ferme le bouquin ou je passe au suivant dans ma liste.

Et réciproquement

Bien sûr, un auteur qui aurait une très bonne histoire et qui écrirait trop bien, me fatiguerait également. Et c'est là que la polémique pourrait commencer : mais t'es jamais content ma parole !!

Disons que je vis au vingt et unième siècle avec une éducation fin du vingtième. Lire du Zola ça me fatigue. Et pour en revenir à Riordan et sa version française : son style est simple et efficace, ça me va. Anne Rice fait de jolies choses avec sa plume, des descriptions de dix-huit pages et à force ça use. Je parle pour moi. Plus complexe, je ne lirais pas, et je pense parler au nom de la majorité des « pas grands lecteurs » en disant qu'il ne faut pas avoir besoin d'aller chercher dans le dico toutes les dix minutes pour passer un bon moment de lecture. Un champ lexicale de plus de dix mots me semble nécessaire pour bien écrire, connaître le dictionnaire par cœur, c'est peut-être trop. Au final, comme dans tout, il y a un juste milieu.

Bref...

Du coup, pour moi, vous l'aurez compris, bien écrire ne signifie pas maîtriser, tel un anachorète lettré, les arabesques diaphanes de la rhétorique jusqu'à plus soif, non. Point trop n'en faut. Il suffit que les mots aient un sens et forment des phrases à peu près agréables à l'oreille. Et même si cette dernière est, mine de rien, en perpétuelle mutation, qu'on respecte l'orthographe.

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