Les idées et morales données en second plan dans les livres

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PandyJones m'a gentiment demandé de traiter ce sujet. J'avoue que j'ai d'abord trouvé le thème un peu étrange. Et puis j'y ai réfléchi et c'est vrai qu'il y a tout de même matière à faire quelque chose de sympa. Bah oui ! Après tout, avoir une idée pour un roman, c'est « facile » (je mets des guillemets parce que ce n'est qu'à moitié vrai, en fait). Mais en plus de l'idée, il faut construire son récit (premier défi) et le rendre un peu plus profond en ajoutant des personnages secondaires intéressants (deuxième défi). Et la cerise sur la crème du gâteau, c'est de pouvoir véhiculer des idées ou une morale en plus de l'intrigue principale.

Une histoire dans l'histoire

Un de mes fantasmes d'écrivain serait de pouvoir écrire une histoire à l'intérieur d'une autre histoire. Un peu à la manière de scottwesterfeld dans AfterWorlds (un très bon livre qui pourrait vous en apprendre un peu sur le métier d'écrivain d'ailleurs, aux États-Unis en tout cas) mais en plus diffus. L'idéale serait que mon héros, ou un autre personnage, soit fan d'une série ou d'un roman et que, par son intermédiaire, on puisse suivre les aventures des héros de cette série. On aurait alors tout loisir de frissonner, s'inquiéter et s'émerveiller avec ces autres personnages. Cela représente, selon moi, le top de l'idée de second plan. Mais là, on est à un autre niveau que celui auquel j'évolue actuellement. Redescendons sur Terre quelques minutes au moins et parlons de ce qu'il est « facile » de réaliser.

L'opposition ou conflit d'idées

D'abord, il y a un truc simple, c'est l'opposition. Votre héros pense d'une façon, mais son ami pense quasiment à l'inverse. Avec une narration omnisciente, il devient alors aisé d'avoir le point de vue de l'un et de l'autre. Ainsi, pour pas cher, vous intégrer une vision différente du même sujet. Mais c'est trop facile ? me direz-vous. Et je vous répondrais que ce n'est pas parce que c'est simple que ce n'est pas bien pour autant. L'important est de ne pas tomber dans la caricature avec un perso qui dit oui et l'autre qui dit non. Il faut que chacun ait de vrais arguments et donc, l'auteur doit se documenter. Il n'est pas si évident d'avoir des arguments pour deux points de vue opposés.

On pourrait aussi, et c'est je pense, la meilleure méthode, en tout cas pour donner un peu de profondeur au récit, faire intervenir des troubles fête. Pas toujours le même, bien sûr, mais plusieurs fois dans le récit. Le héros serait alors confronté au doute (comme dans la vraie vie). Est-ce que Fyctia est si diabolique que ça ? Est-ce que Wattpad est vraiment le paradis des auteurs ? Évidemment, le personnage peut garder son point de vue et ne rien changer mais il se sera posé la question, et le lecteur aussi du coup. On peut ainsi, donner à voir un autre angle sur un sujet et susciter la curiosité. Libre au lecteur de poursuivre ensuite ses propres recherches ou non. Et là, non seulement, votre récit gagne ce petit plus que nous recherchons tous tant, mais en plus, le lecteur y gagne parce qu'une lecture qui nous donne à agir ou réfléchir est forcément une bonne lecture. :)

Trop facile

Mais le conflit est évidemment la partie la plus facile. Là où le jeu devient vraiment très intéressant (et où il faut un bon bagage technique) c'est l'écriture à double niveau. Les champions dans le domaine : Disney/Pixar. Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit, imaginez simplement une histoire toute simple. Un petit garçon, perdu dans la forêt et qui cherche le chemin pour rentrer chez lui. Scénario simpliste et bateau. Histoire d'aventure pour enfants. Morale de l'histoire : ne pas s'éloigner trop de ses parents sous peine de se perdre. Et au premier niveau de lecture, ça n'ira pas plus loin. En revanche, avec un peu de travail, quelques éléments de décor et des personnages secondaires bien travaillés, on peut introduire une fable écologique (l'état de la forêt, une bande de méchants qui coupes les arbres et font fuir les animaux pour planter des palmiers à huile...). Morale de l'histoire : si on rase les forêts pour faire du Nutella, les animaux n'auront plus d'habitat naturel (et les enfants perdus risque de se faire écrabouiller par un bulldozer). On peut aussi, plus subtil, sur un troisième niveau, parler de pédophilie en ajoutant des séquences avec les parents qui s'inquiètent mais n'abordent jamais le sujet, tournant toujours autour du pot sans oser prononcer les mots. La morale pourrait être quelque chose du genre : perdre son enfant c'est la flippe, mais de nos jours, avec les malades dans les rues : laisse pas trainer ton fils ! (il y a une référence dans cette phrase, qui saura la retrouver ?)

En imaginant un livre pour enfant, le premier niveau de lecture donne une aventure en forêt avec des méchants messieurs et des animaux qu'on peut aider à reconstruire de nouveaux nids un peu plus loin. N'importe quel enfant apprécierait. Le second niveau, s'il est évident, mériterait cependant qu'on attire la réflexion de l'enfant sur le sujet, alors que l'adulte ne verra que ça. Il faudra donc faire attention à ne pas être trop moralisateur (problème récurrent de ce genre de sujet et écueil rencontré par Avatar, si ma mémoire est bonne). Le troisième niveau en revanche, nécessitera une vraie prise de conscience et passera complètement au-dessus de la perception des enfants qui n'ont pas été briefés.

L'écriture sur plusieurs niveaux semble facile quand on en parle comme ça, sur un exemple de livre pour enfants. Mais, d'abord ça n'est pas si simple, si on ne veut pas faire dans la caricature, et puis, on peut très bien transposer tout ça dans le monde des adultes. Avatar, comme je viens de le dire était un film à double publique, pas terrible sur les deux plans d'ailleurs. Terminator, premier du nom, était à la fois un super film d'action/SF et une réflexion sur l'invasion de l'informatique et de la robotique dans nos vies. Rocky (oui je suis vieux je prends de vieux exemples) est également un film de boxe comme un film sur la volonté de poursuivre ses rêves.

Dans ces cas-là, les messages ne sont pas seulement au second plan, ils ont quasiment la forme d'inception. On les suggère. Le sujet n'est jamais vraiment abordé mais reste néanmoins omni présent. Dans le Grand Livre, lorsque Crystal et Akuma se retrouvent dans le futur à la recherche d'un livre de magie, le sujet en arrière-plan, c'est l'amour de deux sœurs que rien ne peut séparer, pas même la maladie de l'une. La famille, et en particulier les frères et sœurs : c'est important.

Faire ressortir ce genre de sentiments sans faire dans la caricature ou la surenchère est un travail de dosage. On ne dit pas : on montre. Mais on ne montre pas toutes les trois lignes non plus. Ça passe par une sœur qui s'interpose systématiquement lorsque le danger arrive (elle passe devant Akuma, elle lance un regard inquiet à sa sœur, elle délaisse sa proie pour venir en aide à sa sœur...), par une sollicitude discrète de tous les instants (elle lui tient la porte, vérifie si elle dort bien, lui apporte à manger, reste à son chevet,...). On évitera cependant d'écrire des choses du genre « Crystal et Akuma étaient vraiment très proches, inséparables même ». Si on doit le dire comme ça, c'est qu'on a raté.

Le secret pour y arriver ? Ne pas se prendre la tête. D'abord on écrit, quitte à se retrouver à écrire cette même phrase que je viens de dire de ne pas taper. Et ensuite, à la relecture, on repère tous ces travers et on corrige en les diluants dans le récit sous forme d'actions. C'est long, c'est pénible, c'est difficile,... mais ça marche.

Voilà, je pense avoir fait le tour de la question. J'espère franchement ne pas avoir fait de hors sujet Pandy (?). J'espère également avoir été utile à certains.

D'autres sujets ? Comme d'habitude : laissez-les en commentaires, si je peux : je répondrai :)

En attendant,

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