Objectif édition #7

192 25 23
                                    

Nous sommes toujours dans la relecture du premier jet, qui finit par devenir un deuxième jet à force de retouches. Je considère donc qu'on fait une ellipse et que j'ai réitérer la procédure du chapitre précédent à tout mon texte. En réalité ce n'est pas le cas, car entre temps j'ai commencé à publier sur Wattpad. J'avais décidé de couper mon texte en plusieurs grands arcs et donc la partie 1 correspond aux 13 chapitres dont j'ai parlé. J'ai exécuté ce travail par tronçon et non sur la totalité du texte. Ce qui n'est pas forcément une bonne idée mais au bout d'un certain temps, on commence à prendre confiance en soi (parfois à tort) et donc on joue un peu avec les procédures. Mais ceci prenant drôlement des airs de digression, je reviens au sujet qui nous concerne : la seconde relecture.

Je peux courber l'espace temps

Les fans auront reconnu une célèbre réplique de Hiro Nakamura. Tout ça pour introduire les notions de couper coller dans un texte. Reprenons donc notre texte. On a fait des ajouts pour étoffer l'histoire, lui apporter du sentiment et de la profondeur. Ça commence sérieusement à ressembler à quelque chose de pas mal. A la lecture suivante, en général, je fais mes premières coupes. Eh oui, à force d'ajouter, il y en a souvent trop. Une phrase qui répète la même idée à deux paragraphes d'intervalle. Une répétition de mots. Il est toujours bon de tailler sec dans un texte. Trop de mots étouffent les idées. On a tous des tics plus ou moins avoués. Mon truc, c'est les conjonctions de coordination. J'en mets partout tout le temps. Je suis un vrai malade des mais et des donc en particulier. Donc (qu'est-ce que je disais) c'est une des premières choses que je cherche à dégager dans un texte. Il y a ensuite toutes les phrases qui commencent par « et ». C'est moche, ça dégage ! Les qui, les participes présent, j'en mettais beaucoup, j'essaie de les virer autant que possible à présent.

Ex : « Les lunettes qui lui permettaient de voir la nuit étaient négligemment posées sur la table de nuit » devient « les lunettes de vision nocturne étaient négligemment posées... »

Le but de ce travail est de simplifier la lecture. Les phrases de huit cent mètres, ça peut éventuellement faire joli mais c'est horrible à lire. On oublie le sujet quand on a trouvé le verbe, la plupart du temps. On coupe, on coupe, on coupe. C'est le maître mot. Et on en profite pour remettre de l'ordre dans ses idées.
Parce qu'à la relecture précédente on a rajouté plein de choses. Ce qui n'est pas un souci, mais des fois, les idées sont développées dans le mauvais ordres ou, plus généralement, mettre le point B avant le point A permettrait au texte de mieux couler.
Admettons que vous ayez un passage dans lequel Mike (le revoilà lui) se fait courser par un crocodile sur le bord du Nil. Vous décrivez une course poursuite haletante de quinze secondes et il finit par trouver refuge dans une cabane. Là vous nous faite une description de ce qu'il voit par la fenêtre en surveillant le croco, avant de revenir à la maison où il découvre à nouveau le décor. Il n'y a pas de réelle faute dans cet enchaînement. Pourtant, à mon sens, il serait mieux d'avoir une rapide description des lieux externes avant la poursuite. La poursuite ajouterait un ou deux détails (pas plus pour ne pas couper l'action avec des descriptions inutiles) et puis ensuite une simple phrase pour dire qu'il jette un œil à la fenêtre et on décrit la maison. Pourquoi c'est mieux ? Parce qu'on était dehors, on a couru et on est dedans. Dans l'autre version, on était dehors, on a couru, on est rentré, on est ressorti pour décrire et puis on rerentre pour redécrire. Tous ces aller retour pour rien gênent la fluidité.

Tout cela marche avec des phrases, des paragraphes et même des chapitres entiers.

Pourquoi déplacer des Paragraphes ?

C'est vrai ça, pourquoi ? Si on a écrit une histoire avec un début un milieu et une fin, on ne va pas mettre la fin avant le milieu. Sur ça, je suis d'accord. Mais prenons exemple dans mon travail, une fois encore (désolé mais je n'ai accès aux brouillons de personne d'autre^^). Cette fois parlons d'Agent fédéral, que j'ai terminé de publier il y a peu sur Wattpad. Pour ceux d'entre vous qui ne l'ont pas lu, c'est une histoire policière sur le suicide présumé d'un militaire. A un moment de son enquête, dans la version d'origine, Rebecca part à la rencontre de différents spécialistes avant de trouver ensuite un nouvel indice. Après X relectures, j'ai fini par me décider à le faire dans l'autre sens. La découverte de cet indice va finalement l'amener à consulter ces experts. Pourquoi c'est mieux dans ce sens-là ? Parce qu'autrement, le cheminement qui la conduisait à cet indice était illogique. Le fameux Deux Ex machina. L'instinct dont parle Bernard Werber dans la vidéo du chapitre précédent). Là, on glisse mieux.
N'ayez pas peur, si vous bossez sur un ordinateur de faire des tests quand une scène ne vous semble pas « couler » toute seule. Faites quelques glissements temporels. Pas plus tard qu'hier encore, sur le premier chapitre d'humaine, j'ai passé mon premier paragraphe deux pages plus tard pour que le travelling soit mieux respecté...
Donc, oui ça peut être utile de bouger des chapitres ou de longs passages. Par contre après, il ne faut pas oublier de revoir ses raccords, la chronologie et compagnie sinon, ça fait drôle.

Bon et quand on a fait tout ça, c'est fini ?

Une fois que la seconde relecture est faite, que vous en avez refait une troisième pour être sûr, voire une quatrième. Il reste deux choses à vérifier. La première j'en ai déjà parler, c'est la cohérence. Et puis, une autre chose, pas obligatoire mais qui permet de valider qu'on entre bien dans le schéma classique « qui marche », la storyline en 3 actes. Je le fais de temps en temps pour m'amuser. Pour certains, c'est un passage obligatoire et structurant. Dans ce cas, il faut s'en préoccuper au moment du scénario sous peine de devoir tout refaire. Mais de quoi s'agit-il au juste ? D'un simple découpage en trois parties, valable dans toutes les histoires et en particulier les blockbusters modernes. Ces trois actes sont simples :

1/ exposition. On parle de notre héros dans sa vie de tous les jours. Qui il est, quel est son caractère, comment vit-il etc ? Ce passage peut prendre 8 lignes comme 6 chapitres. Sachant que forcément, moins ça sera long, plus vite on entrera dans la phase « active » de l'histoire, l'acte deux dont le début est marqué par un premier pivot.
2/ la problématique. Mais c'est quoi ce bordel ? Pourquoi il se passe ceci et cela. Comment réagit le héros et surtout : que fait-il pour régler le problème. On peut avoir des sous problèmes, des tentatives qui échouent etc, on va appeler ça des rebondissements et tout ça doit nous emmener à la résolution, le pivot 2, autrement appelé climax de fin.
3/ c'est le retour à la normal. La réussite ou l'échec de la mission et puis le clap final.

Ça aussi, vous le retrouver dans la vidéo de Werber dans l'article précédent, donc je n'insiste pas. Si ce n'est pas clair, posez-moi vos questions, j'y répondrai au mieux avec plaisir.
Si vous arrivez à faire entrer votre histoire là-dedans, tant mieux. Sinon ? Sinon on s'en fout. Trois quatre bidouillages et ça rentrera (là encore il pourrait bien y avoir du déplacement de chapitres ^^). L'important ce n'est pas ça, de toute façon. C'est tout le reste.

Un dernier petit truc à moi

Un truc que j'aime bien faire quand j'ai fait mais modifs principales c'est relire mon histoire dans le désordre. Non pas à l'envers, mais dans n'importe quel ordre. Quel intérêt ? M'assurer que chaque chapitre est bel et bien indépendant. Que chaque intrigue traitée dans un chapitre est bien close à la fin ou, du moins, qu'on sache quoi faire après. Ça me permet surtout de ne pas être trop pris dans mon histoire et de mieux voir les erreurs.

Voilà. J'espère que tout ce décorticage de ma méthode d'écriture vous donnera des pistes pour bosser. Je l'ai déjà dit, je ne détiens pas la vérité, mais vous donner mes méthodes peut toujours vous aider à trouver des idées pour améliorer votre propre technique. C'est le partage d'expérience.

Il existe un milliard de bouquins qui donnent des tas de conseils, certains plus justes que d'autres, à mon goût. J'ai essayé de rester relativement factuel pour vous donner des méthodes de travail plus que des conseils. S'il y a des points que vous voulez qu'on approfondisse, dites le moi :)

Je le rappelle : tout ça c'est dans le but d'une édition par une maison. Tout est à peu près transposable pour Wattpad, mais tout ne marche pas.

Bon, et vous dans l'histoire, vous faites comme moi ou rien à voir ?

Echangeons...


Mon Tote BookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant