Les limites de l'imagination

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InTheM00N, il y a une dizaine de jours, me demandait si l'on pouvait penser que l'imagination avait une limite. A-t-on déjà tout raconté ? Ou bien y a-t-il encore, quelque part dans un cerveau, bien caché, une histoire tout à fait inédite ?

Ma réponse va être directe et sans blabla : tout a déjà été écrit !

Emballage et cadeau...

Il faut quand même bien arrêter de croire que nous sommes (nous autres écrivains, même en herbe) des surhumains à l'imagination extraordinaire. Ce que nous racontons l'a déjà été par un autre. Personne ne peut se targuer d'avoir une histoire 100% originale. Mais d'un autre côté, me direz-vous, si c'est vrai, pourquoi on n'en a pas l'impression ? La raison est simple : quand on lit, on fait très attention à l'emballage et moins au contenu.

L'emballage c'est votre histoire, le cadeau c'est ce qu'elle raconte. (De plus en plus clair, vraiment !). Prenons un exemple, ok ?

Roméo et Juliette, grand classique de la tragédie romantique. Deux adolescents, que tout oppose, tombent follement amoureux et devront vaincre toutes les barrières et notamment affronter leurs familles respectives pour pouvoir vivre leur amour. Cette dernière phrase représente le contenu de l'histoire (ce qu'elle raconte), c'est à la fois le pitch et le cœur de mon scénario (enfin celui de Will) autrement dit : le cadeau. L'emballage, c'est tout le reste. Les Montague, les Capullet, le prêtre, le village, la couleur des chaussures et le caractère des personnages. Si je vous dis que l'on fait plus attention à l'emballage qu'au cadeau, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose, c'est juste un fait. Et c'est d'ailleurs grâce à ça qu'on peut encore, de nos jours, inventer des histoires.

Prenons un second exemple : Twilight. Grand classique de la niaiserie, si on en croit les critiques. Ça raconte quoi ? Deux adolescents (physiquement en tout cas, car l'un des deux avec son physique de lycéen à trois cent balais quand même) que tout oppose (bah oui y en a un qui est un fraking vampire quand même !!) et qui tombent follement amoureux. Ils vont donc devoir vaincre toutes les barrières et affronter leurs familles patati patata. Un air de déjà vue ? Oui, c'est normal. Evidemment, comme toujours, j'ai pris des exemples hyper connus et j'ai over simplifié. Mais vous voyez le tableau...

Et c'est comme ça pour tout ?

La question qu'on pourrait, légitimement, se poser est : mais pourquoi continuer à écrire alors ?

La raison est assez simpl(ist)e. On continue parce que l'important c'est l'emballage, finalement. On fait de l'art, quand on écrit un livre, je l'ai déjà dit. Et de la même manière que les peintres ont déjà fait mille champs de fleurs, mille portraits, mille tour Eiffel et mille cavaliers de l'apocalypse, chacun le fait à sa manière et ça change... tout. C'est ce qui fait que Shakespear est adulé et Meyer limogée. C'est ce qui fait que Batman Begins est meilleur que le pourtant très bon Batman 1. C'est ce qui fait que le Tarzan de Disney est magnifique tout comme le Livre de la Jungle (du même Disney). Et pourtant, les histoires sont les mêmes ! Les points de vue son différents, les décors, les personnages, leurs relations aussi, donc l'histoire est différente. Mais on parle de la même chose. Et c'est là où la réponse à la question d'origine devient plus complexe qu'il n'y parait...

Alors, l'imagination a encore de beaux jours devant elle ?

Et oui ! car si l'on dit que chaque histoire est différente, même si c'est la même, alors le plagiat n'existe pas (oui c'est fort comme phrase, je sais) et on pourra écrire à l'infini de nouvelles histoires. Donc, la réponse à la question est : il n'y a pas de limites à l'imagination.

MAIS ! Mais si on se base sur le cœur (le fameux cadeau) de l'histoire, ce n'est plus la même chose du tout, et, à mon sens, on a déjà tout dit depuis longtemps. C'est là où les choses se corsent. Parce que certains d'entre vous pourraient me dire : « Moi j'ai écrit une histoire sur deux adultes homo sexuels dont les familles sont ravis de leur amour, eux ils se battent contre la société ! Ça n'a rien à voir avec Roméo et Juliette ! ». Oui en effet, rien à voir avec Roméo et Juliette. Mais on pourrait aussi aller plus loin et dire que ça n'a rien à voir avec une histoire d'amour et plus avec un livre engagé pour « l'intégration d'une minorité » (On évitera de lancer un débat sur l'intégration et les minorités SVP). Je pense que sur ce thème on peut trouver quelques exemples, non ?

Ah bah oui, je sais, c'est une histoire d'amour, mais en fait non ;) L'emballage est une histoire d'amour, mais le cadeau est un message socio-politique...

Bon et alors ?

Du coup, si on se recentre sur l'imagination, ma réponse serait : non, il n'y a de limite à l'imagination que l'imagination ! On n'en touchera jamais les frontières à mon avis.

En revanche, lorsqu'on se met à parler de « base de l'histoire » ou de « message », je pense qu'on a fait le tour depuis fort longtemps.

Et vous, vous en dites quoi ?

Échangeons...



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