III - Chapitre 18

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Chapitre dix-huit

Le corps de Jeremiah avait été mis dans un cercueil aux armes du Ministère et apporté à ses parents. Les membres de l'Ordre lui rendraient hommage plus tard, lorsqu'ils seraient tous capables de tenir debout.
C'était le soir du premier janvier et le moral était au plus bas. Gideon était à Ste Mangouste avec Jenny, qui avait tenu à rester. Emmeline s'y trouvait également, après avoir failli se vider de son sang sur Trafalgar Square. Lily gisait toujours dans son lit à l'infirmerie du QG. Les autres lits étaient occupés par Remus, qui avait été torturé pendant plusieurs minutes, Alice, avec une jambe cassée, et Sirius, qui avait encore une fois pris un mauvais coup sur la tête.
Les autres membres de l'Ordre qui résidaient au QG étaient suffisamment en forme pour faire tourner la maison, même s'ils étaient épuisés. Margaret avait dormi presque toute la journée, Ethel était restée vautrée dans le canapé en berçant contre elle son poignet foulé. Frank, rejoint par Terry Dundoe, arrivé juste après la bataille, avait fixé le mur de la cuisine d'un air sombre tout l'après-midi.
James, assis près du lit de Lily, lisait la Gazette du Sorcier que Fabian avait apportée lorsqu'il était passé donner des nouvelles de Gideon. Quatre-vingt trois Moldus avaient trouvé la mort pour seulement quatre sorciers – Jeremiah et trois personnes qui étaient venues faire la fête. Mais la Gazette s'attardait surtout sur la fête du Ministère qui avait tourné court. Onze personnes avaient été tuées, allant du plus insignifiant des employés au directeur du service des esprits. On vantait la bravoure des Aurors et leur efficacité. Évidemment, pas un mot sur le rôle de l'Ordre à Trafalgar Square. Le secret faisait partie du contrat.
Il replia la journal d'un geste sec et put à nouveau glisser ses doigts dans les cheveux de Lily. Quelques instants plus tard, ses paupières frémirent et il faillit bien en tomber de sa chaise. Elle remua puis, enfin, ouvrit les yeux. James prit sur lui pour ne pas se jeter sur elle et se contenta de prendre sa main pour y déposer un baiser. Elle lui adressa un sourire un peu incertain, l'air perdu. Il attrapa le verre d'eau qui attendait sur la table de nuit et le lui tendit avec un sourire encourageant, comme pour lui assurer que ce n'était pas une quelconque potion au goût infecte. Elle s'en saisit après s'être redressée avec une grimace et il interrogea :
- Comment tu te sens ?
- Vaseuse, marmonna-t-elle d'une voix rauque. Tu vas bien ?
- Parfaitement.
- Et les autres ?
James lui fit un bref résumé de la situation à voix basse, pour ne pas réveiller les autres occupants de l'infirmerie. Quand il eut terminé, elle fronça légèrement les sourcils.
- J'ignorais que Sirius était là. Et... tout le monde en fait.
- Maugrey les a prévenus.
- Maugrey... il est passé ? Il a dit quelque chose sur moi ?
- Il veut que tu le préviennes quand tu seras en état de lui parler mais il n'avait pas l'air spécialement énervé.
Lily gémit légèrement et il ne put s'empêcher de rire.
- Tu as peur de Maugrey ? Se vengea-t-il.
Elle leva les yeux au ciel avant de se redresser et d'engager un combat à couteaux tirés pour convaincre James qu'elle pouvait regagner sa chambre. Finalement, il la porta la moitié du trajet malgré ses protestations. Le fait qu'elle ait failli s'évanouir devant l'escalier l'avait convaincu de ne pas l'écouter.
- Qu'est-ce qui m'est arrivé au juste ? Interrogea Lily lorsqu'elle se trouva bien installée dans son lit, ses pieds posés sur les genoux de James qui se révéla avoir un certain talent pour les massages.
Il lui expliqua ce que Marlène lui avait dit sans se départir de son sourire, ce qui finit par faire tiquer Lily.
- Comment est-ce que tu fais pour être d'aussi bonne humeur ?
- C'est parce que tu vas bien. Crois-moi, je n'ai pas franchement été d'excellente humeur jusque là. Il est même possible que j'aie insulté Margaret ce matin.
Même si insulter Margaret était un sacrilège, Lily se contenta de lui sourire. Mais malgré cela, ses cernes et sa contusion à la tempe rappelèrent au jeune homme les blessures qu'il allait retrouver chez les autres lorsqu'il redescendrait.
- Dis-moi... reprit Lily. Qui est-ce qui m'a mise en pyjama ?
- Maggy.
- Oh.
- T'es déçue ?
- Même pas en rêve, Potter.
Il se pencha pour l'embrasser et elle glissa une main derrière sa nuque pour l'empêcher de s'éloigner. Son visage à quelques centimètres du sien, elle interrogea à nouveau :
- Comment tu vas vraiment ?
Il scruta un instant son regard avant de répondre :
- Comme tout le monde. Dévasté, furieux, fatigué. Tant de gens sont morts, Lily... Tant d'autres ont été blessés. J'ai cru que Gideon allait nous claquer entre les doigts, hier. Pas franchement le meilleur début d'année possible.
- Alors on va leur montrer qu'on ne s'est pas laissé abattre et on va vivre une merveilleuse année 1979, James.
Il attrapa sa main pour y déposer un baiser sans oser lui dire que pour le moment, il avait du mal à envisager les choses sous cet angle. Ils étaient si peu, par rapport aux forces de Voldemort. Comme si elle lisait dans ses pensées, Lily ajouta :
- Et on va leur pourrir la vie.
- Bon programme, PEC.
- Tu viens de gagner le droit d'aller me chercher un truc à manger, Potter.
Il fit semblant de protester juste pour le plaisir de rester un peu plus longtemps avec elle mais elle finit par le pousser dehors en riant, non sans qu'il ait réussi à lui voler un baiser. Dès qu'il quitta sa chambre, sa bonne humeur retomba considérablement. Il croisa Fenwick dans la cuisine, qui le salua si fort qu'ils entendirent Margaret, réveillée en sursaut, pousser un cri de surprise dans la pièce d'à côté. Il remonta voir Lily avec ce qui ressemblait plus ou moins à un sandwich mais elle s'était rendormie. Il gagna à nouveau la cuisine en se jurant que c'était la dernière fois qu'il faisait un aller-retour et trouva Benjy en train de préparer un vrai repas.
- Tu sais que personne ne compte vraiment manger quelque chose ce soir ? Lança James en se laissant tomber sur une chaise.
- Et pourquoi pas ? On est vivant, non ?
- Mais pas forcément de bonne humeur.
- On est le premier janvier, Potter. Tout le monde devrait être de bonne humeur.
- C'est l'ogre qui se fout du troll, Fenwick ! T'es d'une humeur massacrante le reste de l'année !
Le jeune homme cessa de couper des pommes pour le gratifier d'un regard mauvais.
- Parce qu'il faut bien doucher votre enthousiasme débordant, d'habitude.
Comme James continuait à le fixer, peu convaincu, il ajouta :
- On va peut-être tous finir par crever, mais ce sera avec le sourire, alors maintenant tu bouges ton cul de cette chaise et tu me fais un gâteau au chocolat !

Lily et JamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant