J'avais essayé de retenir mes larmes pendant que les horribles nouvelles s'enchaînaient une à une.
Depuis des années, seule la colère m'y avait aidé, mais la communication terminée, je n'ai pu me retenir plus longtemps, le désespoir m'envahissant.J'ai éclaté en sanglots.
J'étais extrêmement proche de mes parents, leur disparition avait eu de graves répercussions sur ma vie. Personne à l'époque n'avait eu la gentillesse de m'expliquer ce qui leur était arrivé. Mon ignorance des événements m'avait enfermée dans une coque protectrice, une sorte de cocon impénétrable, même pour mes camarades.
Moi qui n'étais déjà pas entourée de beaucoup d'amis, je me suis éloignée d'eux, ou plutôt ILS se sont éloignés de moi, m'enfermant encore plus dans ma solitude, jusqu'à devenir totalement seule. Mais je ne leur en voulais pas. Ils avaient eu de bonnes raisons.
Je n'avais pas encore sauté de niveau à cette époque-là, mais avoir doublé tout le monde avait fait de moi une paria, montrée du doigt chaque jour. Je m'étais encore plus enfoncée dans mon mutisme et ma solitude pour ne pas être touchée par ce harcèlement quotidien.
Passées mes études supérieures, je voulais partir loin de la ville où j'avais grandi.
J'avais trouvé un certain réconfort ici. Je n'avais toujours pas réussi à me refaire beaucoup d'amis, malgré cela je commençais à me reconstruire.
Pourtant les antiquités nous servant de dirigeants avaient brisé ce confort que je m'étais construit, brisant mes rêves un par un. J'avais dû devenir gardienne à ma grande déception.
Maintenant, je venais d'apprendre qu'ils étaient en partie responsables de la mort de mes parents."Ils ont gâché ma vie et cela leur est bien égal ! Ils continuent ! Je ne veux plus avoir affaire à eux !! Je ne veux plus !!
Les larmes coulaient toujours sur mon visage. Je n'arrivais pas à m'arrêter malgré les paroles rassurantes du jeune homme qui me serrait encore dans ses bras.
"Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas exprimée comme ça."
Ça devait bien faire une dizaine minutes que je trempais son tee-shirt de mes larmes.
Brian faisait preuve d'une patience incroyable comparé à toutes les réactions démesurées qu'il avait eues face à moi, ses yeux reflétaient la même douleur que moi.- Tu sais... commença-t-il, hésitant. J'ai vécu la même chose que toi... La brusque perte d'un être cher... Je sais ce que tu ressens et je te comprends.
Je ne voulais plus penser à ma vie brisée, je voulais penser à autre chose.
Ma crise de larmes s'arrêta instantanément.
"Pourquoi est-ce que je me morfond ? Je ne suis pas la seule à avoir connu ce genre de douleurs ! Reprends-toi ! Tu n'as pas été battu par la vie ! Tu t'en es plutôt bien sorti."
Lentement, je remontais mes yeux sur son visage, l'amertume habitait son regard.
- J'ai eu... la perte de ma mère l'année de mes dix-sept ans. Un cancer foudroyant, elle n'en a eu que pour quelques mois.
Son regard s'assombrit encore plus qu'il ne l'était.
- On lui a découvert une tumeur au cerveau, elle n'a survécu à cette maladie que pendant 5 mois malgré les nombreux traitements qu'on lui a administrés...
Pour une fois, je n'étais pas exaspérée par lui, je le comprenais parfaitement.
Son visage teinté d'amertume se transforma et prit une expression plus sereine et nostalgique.
- Elle était mon modèle, je me levais chaque jour en sentant l'odeur de ses pancakes au sirop d'Érable, qu'elle préparait avant de partir travailler au bureau où elle était assistante. C'était sa spécialité ! Elle adorait cuisiner, ses cheveux auburn en chignon fait à la va-vite, et j'en profitais pour me barbouiller de farine à chaque fois qu'elle avait le dos tourné. Elle ne me grondait jamais. Même lorsque je faisais vraiment n'importe quoi. À la place, elle me prenait par les épaules, me regardait de ses yeux d'un bleu profond et m'expliquait calmement ma bêtise, me faisant culpabiliser de moi-même. Elle était de nature calme mais lorsqu'elle n'en pouvait plus, ses sautes d'humeur étaient explosives. Je me souviens d'une fois où une chaise est passée par la fenêtre ou quand elle avait à la limite assommé notre arrogant postier. Bon, côté négatif, nous avions fini à la gendarmerie suite à cet événement, mais j'étais aussi content qu'elle d'avoir donné une bonne leçon à ce narcissique. Et puis, il y a eu la fois où son ex-copain s'était retrouvé avec du ketchup de partout sur son costume tout neuf parce qu'il l'avait trompé avec une autre. J'avais bien rigolé ce jour-là. Je l'avais même pris en photo pour garder en souvenir et depuis, ma mère et moi rigolions à chaque fois qu'on passait devant cette photographie accrochée à l'entrée.
Il débitait ses anecdotes à une vitesse phénoménale.
Sentant mon attention fixé sur lui, il rougit.- Désolé... Lorsque je parle d'elle, je ne peux plus m'arrêter...
Je secouais la tête.
- Non non, continue c'est intéressant.
Il me regarda et se remit avec plaisir à me décrire sa formidable mère.
Je pouvais constater ses yeux brillant d'émotions.
Il chérissait ces souvenirs plus que tout au monde."Je devrais peut-être faire comme lui... Regarder mon passé sans le regretter mais plutôt en apprenant de mes erreurs et en gardant en mémoire mes parents afin qu'ils vivent pour toujours dans mon coeur."
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Eternalsleep
Science Fiction"Saisissez le temps présent, profitez-en, de sorte qu'il ne devienne pas une cause de regrets." Louis-Philippe de Ségur J'avais une vie tranquille dans mon petit cocon familial entouré et aimé, mais celui-ci éclata quand mon destin fut bouleversé p...