Le moment tant attendu

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[Point de vue de Brian]

L'impatience me gagnait.
La radiothérapie était enfin prête. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'on fasse l'essai sur Élisa. Je m'étais porté garant des répercussions, s'il lui arrivait quoi que ce soit, j'en serais le seul et l'unique responsable.
Je ne pouvais m'empêcher de penser au pire, et cela se reflétait sur mon visage : mes traits étaient tirés, mes cernes tournaient vers le bleu et j'étais persuadé qu'une ride barrait mon front tant j'étais crispé.

Ryan, me voyant aussi inquiet, posa sa main sur mon épaule en signe d'apaisement. Mais cela n'eut aucun effet. Je m'apprêtai à m'attaquer à mes ongles lorsque...

- Monsieur ?

Nous tournâmes la tête vers l'homme qui m'avait interpellé. Un masque sur le visage, il me fit signe que c'était l'heure .

- C'est prêt, m'annonça-t-il gravement.

C'était le moment de vérité, on en avait bavé pour en arriver là. J'espérais que cela n'aura pas été vain. Je déglutis avec difficulté et hopinai mollement.
La femme qui l'accompagnait emmena le lit blanc, emportant avec elle Élisa, d'une pâleur extrême, ses cheveux d'or auréolant sa tête.

Je devais me contenter de les regarder partir, impuissant et silencieux.
Je ne pouvais plus rien faire, seul attendre était dans mes cordes.
J'avais confiance en ces personnes, pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que la vie humaine était parfois si fragile que même le meilleur des chirurgiens ne pouvait rien y faire...

*

L'attente était interminable, cela faisait déjà deux heures que je tournais en rond dans la petite salle stérilisée.

J'avais peur que la radiation ne la guérisse pas et qu'Élisa n'ait plus aucune chance de survie. Ou pire qu'il y ait des complications et qu'elle meure prématurément par ma faute !
Il s'agissait de mon dernier espoir.

Mes méninges étaient en plein ménage, tentant de faire le tri dans mes idées. Le silence était si pesant que j'arrivais à percevoir  les battements de coeur de Ryan depuis le fond de la salle. Celui-ci aussi ne pipait mot, il n'avait pour une fois pas le courage de sortir ses blagues qui auraient pu un minimum détendre l'atmosphère.

"Calme toi Brian, tout va bien se passer. Tu ne dois pas t'inquièter, ils réussiront à soigner Élisa et ne te donneront que de bonnes nouvelles..."

L'auto-persuation n'était pas très efficace sur moi, je tentais désespérément d'éloigner cette petite voix qui me chuchotait : "Enfin j'espère". Sans résultat.

Le temps semblait s'étirer à l'infini tant les secondes, les minutes passaient lentement.

Quand soudain la porte s'ouvrit enfin sur le même homme de tout à l'heure. Le visage neutre, il s'avança vers moi. Ses pieds claquaient sur le sol froid tandis que chacun de ses pas résonnaient dans mon esprit.
Il ne semblait ni chagriné, ni heureux, je ne savais pas du tout quoi en penser. J'aurais presque préféré apprendre la nouvelle en décryptant son expression : les mots étaient  tellement plus durs, plus bouleversants... Je craignais presque ses paroles.

Seulement, les mots devaient sortir et le moment fatidique arriva : je restais pendu à ses lèvres, tout comme mon meilleur ami.

- Cela a pris beaucoup plus de temps que prévu mais...

Je n'en crus pas mes oreilles quand il finit sa phrase.

-...elle est tirée d'affaires... Hey !

Sans m'en rendre compte, j'avais sauté dans ses bras, le serrant de plus en plus fort.

- Brian lâche-le, c'est pas une peluche ! Plaisanta Ryan.

Il avait enfin récupéré son naturel comique, et se foutait maintenant de moi.
Lorsque je desserai mon étreinte, les larmes aux yeux, l'homme réajusta sa blouse, l'air gêné. Il ne fait pourtant aucune remarque.

- Je disais donc votre amie est tirée d'affaires, mais elle a besoin de beaucoup de repos. Elle devrait se réveiller dans quelques jours.

J'avais attendu des mois, ce n'était pas quelques jours de plus qui allaient me rebuter.

- Merci beaucoup monsieur, lui dis-je.

- Je n'ai fait que mon travail.

Sur ces mots, il me souhaita bon courage puis repartit vaquer à ses occupations.

- Tu vois mec c'était pas la peine de te morfondre, tout s'est bien passé ! S'écria mon meilleur ami.

-Pff, tu peux parler toi ! Tu tirais une de ces têtes !

J'arrivais enfin à me détendre et à plaisanter. L'énorme poids qui m'oppressait il y a un instant s'était envolé. Je pouvais enfin commencer à songer à mon futur sans craindre qu'une catastrophe quelconque n'arrive.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 15, 2019 ⏰

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