Je cherche des réponses, je les trouverais

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[Point de vue de Lyra]

- Alors comme ça tu es chercheur comme ton père ?

La jeune femme acquiesca, ce qui secoua sa longue chevelure liliale, coiffée de deux tresses africaines sur le côté qui se réunissaient en queue de cheval haute.

Tout chez elle attirait mon attention. Ses iris qui ressemblait au quartz violet dans toute sa splendeur, de son diaphane lilas, elle rendait un hommage aux pierres précieuses rien qu'avec ses yeux.
Quand à ses cheveux lisses d'une pureté parfaite, leur brillance m'obligeait à plisser les paupières.

- Oui j'ai suivi son chemin bien qu'il ne m'ait pas vraiment aidé dans cette voie... Dit-elle avec un faible sourire. Il a préféré m'abandonner après la mort de ma mère...

Ses traits chagrinés m'attristèrent, j'avais beau ne pas la connaître, j'éprouvais malgré tout de la compassion pour cette femme.
Je ressentais moi-même cette mélancolie qui l'habitait, elle était sincèrement déçue par son père.

Comme à mon habitude, je ne sus quoi dire mais j'entrepris maladroitement de la réconforter en posant ma main sur son épaule. Elle leva son regard sur moi, légèrement surprise puis souria franchement.

- Merci...

Elle me gratifia d'un signe de tête reconnaissant et partit pour rejoindre son père.

Mon attention libérée, je pus remarquer le garçon châtain de tout à l'heure avec une mine abattue, je ne savais pas de quoi ils avaient parlé lui et l'homme imposant mais le jeune homme n'avait pas l'air d'avoir apprécié la conversation.

Il me fixait intensément et affichait à présent une expression déçue sur le visage, il regardait alternativement moi et la dénommée Jasmine qui s'éloignait toujours de moi. Il venait sûrement de voir que j'avais discuté avec elle. Mais pourquoi manifestait-il du dépit en voyant Jasmine ?

Chassant les questions de mon esprit, je laissais mes pensées se tourner vers notre départ proche, il paraîtrait que nous étions restés plus d'une semaine sur ce lieu afin de laisser le temps aux blessés de se rétablir un minimum. Malheureusement, j'avais eu vent qu'il y avait eu des morts des suites de leurs blessures.

Quelle tragédie... Je n'arrivais pas à croire que cela soit à cause d'une erreur d'organisation que des humains soient à déplorer. Dire que notre bas taux de mortalité provenait de notre agencement et de notre technologie, ces deux piliers nous avaient tout deux laissés tomber par terre. Littéralement.

J'avais eu de la chance, j'en avais conscience, mais je discernais l'accablement de ceux qui avaient perdus des amis, de la famille... Moi je n'avais plus rien à perdre, mon expérience de la vie m'aidait néanmoins à les comprendre. J'espérais ne plus avoir à revivre ces atroces moments.

Mais quand je vois des personnes qui se soutiennent mutuellement, unis dans la douleur, je ressentais, malgré moi, un pincement dans mon coeur.
Je n'avais rien connu de tout ça, j'avais juste vécu la solitude et la moquerie des autres...

Toutefois, j'étais soulagée de voir qu'eux n'auront pas à subir ça.

Je me mis à marcher, où  ? Je n'en ai pas la moindre idée, juste là où mes pas me guideront.

C'est alors que je surpris une discussion houleuse entre le châtain et... Raym, Ryme, Ron... Enfin son copain.

Je ne devais pas les écouter, ce n'était pas mes affaires, il serait impoli que je les espionne...

J'entrepris de changer de direction quand leurs éclats de voix me parvinrent et disséminèrent le doute dans mon esprit.

-... Pas ma faute si elle ne se souvient pas de toi ! Ne rejettes pas ta mauvaise humeur sur moi !

Finalement, cette querelle me concernait plus que quiconque. La tentation fut trop forte, je cédais sans réfléchir et me cachais derrière un buisson.
J'entendis ainsi clairement la réplique de Brian.

- Je ne supporte plus ton manque de sérieux ! Arrête de prendre tout au second degrés !

Son copain prit une attitude choquée, la bouche légèrement entrouverte et les lèvres tremblantes, il ressemblait presque à un petit enfant à cet instant.

- Tu... Tu sais très bien que c'est une absence de confiance en moi qui me fait réagir ainsi... Je me cache dans l'humour, je t'en avais parlé pour que tu m'aides... Je n'aurais jamais cru que tu me le reprocherais... Lâcha le grand gaillard d'une voix flageolante.

Brian avait touché une corde sensible, c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

Sa colère retombée d'un seul coup, il se recula, prenant conscience qu'il était allé trop loin.

- Je... Je suis désolé... Je ne voulais pas...

Blessé, le blondinet secoua la tête et s'écarta doucement.

- Reviens me voir quand tu auras repris tes esprit... Dit-il en partant.

Sa fureur avait fondu comme neige au soleil, il resta là, les bras ballants, le regard vitreux... Avant d'éclater en sanglots comme un enfant.

Je ne demandais pourquoi il réagissait de la sorte à mon amnésie. D'après ce que j'avais appris, nous n'étions qu'amis, et il avait une copine dans le coma... Je ne comprenais pas sa réaction... Mais je savais qu'il avait une raison bien à lui que je découvrirais forcément tôt ou tard.

J'hésitais à aller le consoler, tant de désespoir me rendait malade, seulement ma méfiance devenue habituelle me rendait nerveuse, je ne le connaissais pourtant lui affirmait que si... J'étais perdue...

Le garçon s'était replié sur lui-même, il était à présent assis à terre, la tête posée sur ces genoux pliés.
Cette morose vision me semblait presque... Ordinaire. J'en avais souvent croisé, ça j'en étais sûr, toutefois, impossible de savoir où.

C'est alors qu'un vrillant mal de crâne me prit tandis qu'une réminiscence surgit dans mon cerveau.

Lui, pleurant devant le corps allongé d'une jeune fille blonde au teint de porcelaine, il la supplie de revenir, de ne pas le laisser seul, ses traits sont déformés par la douleur, ses membres crispés sur la main inerte de la fille. J'arrive à distinguer dans ce paysage flou, un environnement stérile, froid et blanc, comme une chambre d'hôpital.

J'observe cette scène à bonne distance, je n'ose pas intervenir et lorsque j'essaie d'aller le voir pour l'apaiser, l'image s'efface et laisse place à la silhouette du jeune homme qui me tourne le dos.

J'aperçois de loin que des gouttes d'eau tombent de son visage, son ombre s'éloigne de plus en plus me laissant seule dans le noir.

Mon coeur se broie, se déchire, je ressens ma désolation et ma détresse, elles me semblent liées à ce spectre fuyant mon existence. Pourquoi m'évite t'il ? Je n'en ai pas la moindre idée, tout autant du contexte de cette fugue.

Cependant, ce sentiment d'abandon est bien présent, il est ancré dans tout mon être, ma personne. Je ne le supporte pas, faites que cela cesse !

Le souvenir se dissipa et me céda la vue, j'étais encore caché par le buisson, recroquevillée par terre. Ces images étaient si réels... Que je les pensais authentiques.
Je pense que mon esprit embrouillé m'avait montré ce que la vue de ce jeune homme effondré, avait réussi à déclencher en moi.

Un patchwork de songes entremêlés entre la réalité et l'illusion.
J'avais enfin un échantillon de ma mémoire. Et je comptais bien défaire tous les noeuds qu'avaient créé mes méninges.

EternalsleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant