[Point de vue de Lyra]
La scène qui se déroulait devant mes yeux m'aurait presque ému si je n'avais pas été aussi stressé.
Je venais de m'entretenir avec le père de Brian et il ne semblait toujours pas décidé à pointer le bout de son nez.
Le ton avait monté et la discussion avait été clos par le claquement de la porte.
Je leur signalais ma présence, je ne voulais pas passer pour une voyeuse.
Ils ne réagirent pas immédiatement mais une fois détachés, je pouvais voir leurs yeux briller d'émotions.
- J'en déduis que vous vous êtes réconciliés ?
Ils me répondirent par l'affirmative d'un hochement de tête timide.
Je souris, enfin ses têtes de mules s'étaient donné pardonné. Mais bon, j'avoue que j'ai ma part de responsabilité. Si Ryan ne m'avait pas surpris, il n'en saurait rien maintenant...
En observant leur nouvelle complicité, je me dis que...
Cela avait été un mal pour un bien.Un sentiment de culpabilité me pinça tout de même le coeur.
Je suis en train de lui faire subir exactement ce qu'il a provoqué...
Je ne sais pas pourquoi, quelque chose me retiens intérieurement de lui dire l'identité de son père...*
Les deux adolescents s'étaient relayés, m'expliquant ce qu'il lui était arrivé lors de son escapade.
Un nom me fit tiquer, il m'était familier... Enfin. Je n'en suis pas sûre...
Brian réagit pareillement à moi.Je lui haussais un sourcil lorsqu'il croisa mon regard.
Il comprit ma question silencieuse.Tu la connais ?
Il me répondit positivement puis fit signe qu'il me raconterais plus tard.
J'hochai la tête puis me remis à écouter le blabla incessant du garçon en face de moi.Il s'efforçait de sourire bien que ce soit visiblement forcé.
Son discours achevé, il déglutissa difficilement, son regard se baladant nerveusement un peu partout sauf sur ses interlocuteurs.Son copain posa une main sur son épaule, se voulant rassurant, mais je voyais bien que cela empirait les choses, il lui était d'autant plus pénible de retenir ses sanglots.
Son voisin s'en aperçu. Il patienta un peu le temps que l'endeuillé se calme avant de l'emmener se coucher.
Les cernes bleutés ornant ses yeux prouvant son extrême fatigue.
Il voulut répliquer mais était bien trop épuisé pour le faire efficacement.Il se laissa faire avant de tomber dans les bras de Morphé sa tête aussitôt posé sur l'oreiller moelleux.
Lorsque Brian ramena sa frimousse, je l'attendais de pied ferme, ne le lâchant pas du regard et réclamant une explication.
Son tic nerveux m'agaça légèrement, il gagnait du temps en faisant ça et je n'étais pas du genre patiente.
Mes doigts commencèrent à tapoter en rythme sur la table, achevant de stresser le jeune homme.
- Eh bien... Que veux-tu savoir ?
- Qui est cette Jasmine Grant ?
Il souffla.
- Grans... C'était la femme qui m'avait examiné lors de ma visite au labo...
- Et c'est pour ça que tu te crispe à son nom ??
- Non...
Ça y est... Il répétait son geste agaçant...
Il me tourna son regard vers moi et se justifia, peu confiant.
- Je la trouve... Un peu trop souvent mêlé à ma vie... Ce n'est pas la première fois que je la vois et je ne sais pas comment on a fait pour se rencontrer dans le monstre géant qu'est le centre commercial... Et puis... J'ai un mauvais pressentiment... Cette femme ne me rassure pas...
Je devrais peut-être lui dire que je la connais, car ça, j'en suis sûre, mais ce qui me perturbe c'est que je ne sais pas d'où...
Elle me dit vaguement quelque chose... Mais rien ne me vient... Bah... Je finirais par trouver.- Ne t'inquiète pas, tu es juste paranoïaque. Je ne pense pas que ce soit une conspiratrice qui veut contrôler le monde avec toi avec ses côtés ! Ah !! Et en plus d'être une cougar !
- Je sais mais je ne la sens pas...
J'haussai les épaules bien que mon cerveau tournait à plein régime. Je sauvais malgré tout les apparences.
- Va te coucher toi aussi. Tu n'a pas dormi de la nuit, je t'ai entendu te balader pendant 4 heures... lui conseillais-je, l'air de rien.
- Mais je n'ai plus de lit, il ne l'a pris et je ne pense pas que j'y arriverais avec des ronflements en bande-son.
Mon main indiqua ma chambre.
- Va dans mon lit, je vais en profiter aujourd'hui pour aller en chercher un. Et je vais aussi prendre un Earnano pour toi, tu n'es pas à la pointe de la technologie en ce moment.
Il souria à ma plaisanterie et se dirigea avec la lenteur d'un escargot vers ma chambre.
*
La luminosité du bâtiment m'éblouit à telle point que j'ai manqué plusieurs fois de foncer dans un arbre, une personne et de tomber dans une des fontaines.
Il faut dire que la pratique des arts martiaux ne m'aidaient pas à éviter ma maladresse apparaissant lors de mes moments de réflexion intense.
La bulle éclata devant l'enseigne recherchée. Je me déplaçais dans les rayons, portant mon choix sur un modèle de lit pliable en une boîte de 14 cm cube.
Je sortis, satisfaite de ma décision. Je pris la direction du magasin de prduits électroniques lorsque encore plongé dans mes pensées, je fonçais dans une personne.
- Oups pardon, dis-je en oubliant de sourire.
- Ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde.
Je rencontrais le regard améthyste d'une jeune femme, la trentaine et les cheveux d'un blanc immaculé.
- Oh mais je te reconnais !! Tu ne serais pas Lyra ?? La jeune fille victime de scandale récemment ??
Je grimaçais imperceptiblement à ces souvenirs mais elle ne sembla pas le remarquer.
- Je me présente, je m'appelle Amy, je suis médecin.
- Enchanté...
Si elle avais perçu mon manque d'enthousiasme, elle ne laissa rien paraître.
Elle me raconta sa vie, me refilant parfois quelques ragots qu'elle avait l'air d'aimer.
Je tentais de bailler discrètement mais elle le remarqua et s'excusa.
- Oh pardon, je dois te déranger, en vais devoir y aller ! Au plaisir de te revoir !! Je pense que cela sera très prochainement...
J'aurais juré voir une lueur malsaine dans ses yeux mais en en retournant, je vis que ce n'était que le reflet d'une campagne publicitaire.
Ébranlée par cette rencontre, je faillis oublier d'aller choisir un Earnano pour Brian. Je m'empressais de le prendre, voulant absolument rentrer à présent.
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Eternalsleep
Science Fiction"Saisissez le temps présent, profitez-en, de sorte qu'il ne devienne pas une cause de regrets." Louis-Philippe de Ségur J'avais une vie tranquille dans mon petit cocon familial entouré et aimé, mais celui-ci éclata quand mon destin fut bouleversé p...