Amicale ?

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- Tu comptes me regarder encore longtemps ? Parce que l'ambiance commence à devenir pesante...

Je levai les yeux au ciel, détournai mon regard et l'informai.

- Je te laisse 20 secondes et après je me retourne.

J'entendis un bruissement, m'informant qu'il s'était vite exécuté à la tâche.

Le temps imparti écoulé, je me dirigeai vers la cuisine en passant devant lui.
Sa main s'accrocha délicatement à mon poignet gauche.

- Attends, chuchota-t-il, pour une fois, c'est moi qui vais cuisiner.

Je n'eus pas le temps de protester, il partit avant que je puisse répondre.
Je fronçai les sourcils.

"Bon, puisqu'il m'a pris ma place, je vais attendre là."

Je m'installai confortablement sur le canapé et ouvrais un livre.
J'entendais Brian s'affairer dans la cuisine avec un boucan pas possible.

"J'espère qu'il ne met pas le bazar."

*

- À table !

Je sursautais. J'étais tellement prise par le suspense de mon livre, que je n'avais pas vu le temps passer.
La grande baie vitrée du salon me laissait apercevoir la noirceur de la nuit et les milliards d'étoiles scintillantes dans ce ciel étincelant de mille feux.

"La nuit est magnifique aujourd'hui..."

La lune était pleine et sa lumière divine éclairait d'une incroyable blancheur, les immeubles brillants de l'éclairage de la ville.

Un souvenir me revint.

Je pleurs, je viens de faire un horrible cauchemar.
Sous mes yeux, mes parents s'étaient fait dévorer par un monstre à multiples têtes, il y en avait eu de toutes formes, de toutes tailles et de couleurs.
Je suis inconsolable. Rien n'arrive à calmer mes pleurs. C'est alors que ma mère me prit dans ses bras et se mit à chanter doucement à mon oreille.

"Ce soir, oublie ce monde imparfait.
Écoute ton coeur et suis le sans problème.
Il te guidera partout et t'apprendra le sens du mot aimer.

Dors, ne t'inquiète pas mon enfant.
La lune veillera sur toi et la nuit.
Ces monstres ne t'auront pas, si tu crois en toi.

N'ai pas peur de l'obscurité, ou elle t'aura.
Fait confiance à ton instinct et tu sauras.
Le sens de la vie."

La douce mélodie me calme peu à peu et je commence à me frotter les yeux.
Ma génitrice me dépose délicatement sur mon lit tandis que je me rendors petit à petit.

J'ai l'impression de l'entendre murmurer avant que la porte ne se referme :
- Tant que tu crois en toi, tout ira bien ma chérie. Bonne nuit...

Mais le sommeil m'attrapa, ne me permettant pas d'être sûr qu'elle ait prononcé ces mots.

Je soupirais. Désormais je connaissais le sens caché de ce mauvais rêve. Il s'était déclenché peu de temps avant leur mort.
Peu importe. Cela n'avait plus d'importance à présent.

M'arrachant de cet éblouissant spectacle, je constatais l'heure tardive.

"Il a mis autant de temps ? Ça doit bien faire 2 heures qu'il est enfermé..."

Je plaçais mon marque-page et rejoignais le châtain.
Ce que je vis, me fit  écarquiller les yeux. Des plats ayant tous l'air plus délicieux les uns que les autres, étaient joliment entreposés sur la table décorée.

- Tiens ? Tu es capable de faire autre chose que râler ? dis-je sarcastique.

- Il faut croire, me répondit-t-il en souriant, je cuisinais beaucoup avec ma mère...

Son regard s'assombrit.

- Enfin, lorsqu'elle était encore vivante...

Il eut une absence de deux secondes où il semblait ne plus être avec moi, mais il se remit à sourire bien vite.

- Sinon il faut dire que je me débrouille plutôt pas mal !

Je roulai des yeux.

- Ne prends pas la grosse tête non plus. L'esthétique du plat est importante, mais le goût l'est aussi. Peut-être que tes plats sont dégoutants.

Il mima un air outré et exagéra.

- Oh ! Vous me choquez ma chère, je vous prierez de bien vouloir déguster mes succulents plats avant de les juger sinon je me verrais dans l'obligation de devoi...

- Ok ok j'ai compris, je vais "déguster" ta nourriture, mais par pitié, épargne-moi ton charabia culinaire !

Il me lança un sourire narquois puis me servit alors que je m'installai.
Je pris ma fourchette et me coupais un morceau que je goûtais du bout des lèvres.

"Délicieux."

Je mis la bouchée entièrement dans ma bouche et savourais ce délectable met.

- Alors ? Parfaitement cuisiné n'est-ce pas ? Je suis un grand chef digne des plus grands restaurants.

- Ça va ? déclarais-je en faisant un vague sourire. Ta tête n'enfle pas trop ?

- Non ma tête va très bien, vous m'offensez  ! Je vous sommes de me vouvoyer, moi votre chef suprême culinaire.

On se regarda puis on éclata de rire en même temps. Cela devait faire des années que je n'avais pas sincèrement rigolée.

J'essaie de ne pas trop me rapprocher de lui mais ce gars est trop attachant je n'y arrive pas, malgré cet attachement, je veux me protéger, j'ai peur de souffrir à nouveau de la solitude, s'il venait lui aussi à m'abandonner.

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