Ma conscience me joue des tours, m'aide t-elle ou me crée t-elle du tort ?

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[Point de vue de Professeur Egnarts]

Il s'éloignait le plus vite possible de moi, sans me jeter un regard.
J'aurais presque espéré qu'il se retourne, m'insulte, me traite de tous les noms possibles et inimaginables...

Qu'il fasse tout ce qu'il souhaite, tout sauf m'ignorer. Je ne supportais pas son silence.

Je fixais son dos prostré sous le coup du poids de mes confessions.

"Il est si jeune et pourtant il a déjà tant vécu..."

J'avais failli à mon devoir de père, par deux fois. Je n'apprenais pas de mes erreurs et ne cessais de les répéter. Je m'en voulais terriblement...

J'avais beau avoir essayé de me rattraper en restant un minimum dans la vie de mon fils, je ressentais ce regret au fond de moi me tordre l'estomac.

J'étais peut-être resté près de lui mais pas auprès. Je n'avais pas assisté directement à son premier sourire, ses premiers pas, la maladie de sa mère...

J'avais abandonné mon fils par ma propre initiative alors que la vie me souriait, et avait délaissé ma petite Jasmine pour noyer mon chagrin et ma culpabilité dans le travail...

Des yeux, je suivais la trajectoire aléatoire du jeune homme. Il commença à se diriger vers un grand blondinet à l'air jovial. Heureusement qu'il était là, si je me rappelle bien, il a sans cesse était là pour Brian...

À présent, j'ouvrais les yeux sur le déroulement de mon existence. Ce que je voyais n'était pas très glorieux. Je n'avais rien fait de positif.
Mon seul prestige était ma capacité à pourrir mon environnement.

J'avais toujours été si lâche... Ma vie n'avait été ponctuée que de dérobades et de trahisons que j'avais fait subi à mon entourage.

C'est ce que je constatais en observant la mine défaite de mon fils.

Croyez-moi, si je pouvais revenir sur mes actions passées, je le ferais sans arrière pensées. Même si je devais sacrifier un bras ou une jambe pour arriver à mes fins.

Mais qu'est ce qui se passait dans ma tête pour que je fasse de telles conneries ? À croire qu'à la place d'un cerveau, j'avais un singe amnésique qui jouait aux tymbales.

Une image assez troublante se forma dans mon esprit, je vis le petit primate se balader dans ma tête tout en tapant avec ses mains, l'instrument.

En superposition à cette illusion pour le moins déconcertante, il y avait la silhouette du châtain qui s'agitait intensément alors que son ami était assis avec lui.

Je m'aperçu à l'emplacement du grand gaillard, accomplissant mon devoir paternel auprès de mon enfant.

"Il ne tient qu'à toi de faire en sorte que cela devienne réalité." me soufflais une petite voix dans mon esprit.

"Je sais." pensais-je en soupirant.

"Alors bouge toi un peu et réagis comme un adulte responsable pour une fois dans ta vie ! "

"Je ne peux pas... J'ai déjà fait tant de mal..." répondis-je à cette étrange présence.

Celle-ci ne se démonta pas pour autant devant mon refus et cita :

"Tirer une leçon de ses erreurs passées, pour ne plus recommencer, est le début de la sagesse."

"Oui mais j'en ai tiré des leçons mais comment pourrais-je les appliquer ? " lui demandais- je.

Seulement, elle ne me répondit et resta silencieuse. C'est alors que je me rendis compte que je me parlais à moi-même.

"Il ne manquerait plus que j'ai des tendances schizophrène..."

Mais je savais parfaitement que c'était la manifestation de ma conscience, il m'était arrivé plusieurs fois de me concerter tout seul pour savoir où j'en étais.

Cela devait faire dix bonnes minutes que je conservais la vision de mon rejeton.
Je m'en détournai à contre-coeur et suivis la jeune Lyra pour me recueillir.

*

Nos maigres provisions m'inquiétaient, cela faisait déjà des heures que nous marchions en plein cagnard, et nous commencions tous à fatiguer sous le coup de la chaleur et du manque d'eau et de nourriture.

J'espérais arriver dans les temps, car nous ne tiendrions pas une journée de plus. Étant désigné pour assurer derrière, je pouvais voir la vingtaine de dos transpirants.

Alors que je pensais que Jasmine, qui était à côté de moi, allait tourner de l'oeil, j'entendis avec soulagement des murmures.

- Voilà la ville ! S'exclama quelqu'un.

- C'est pas trop tôt ! Râla un autre.

- Enfin, je n'en pouvais plus...

En effet, je n'avais pas vu que de grandes bâtisses s'élevaient quelques mètres plus loin.

- Courage, on est bientôt arrivé, affirmais-je en posant une main sur l'épaule de Jasmine.

Elle ne prit la peine de me répondre, sûrement concentrée sur ses pas lourd.

Au fur et à mesure de notre marche, nous arrivâmes finalement à l'entrée de la ville.

Complètement déserte, ça faisait bizarre de se trouver devant une ville totalement silencieuse.

Je cherchais immédiatement un endroit ombrée et le trouvais sous le toit du seuil d'un immeuble craquelé et tâché de longues traces noirs.

J'y emmenai la souffrante et l'installai délicatement sur le sol, adossée à la porte vitrée.

Tous se dispersèrent et se placèrent avec joie dans la pénombre des constructions.

Pour l'instant, on avait décidé de laisser la nuit tomber avant de mettre en place un camp de fortune et d'aller en éclaireurs voir s'il n'y aurait pas des ressources qui nous seraient utiles.

Je partageais mon restant d'eau avec Jasmine puis m'asseyais tranquillement moi aussi.

Au loin, sous un grand chêne, se trouvait Brian, Ryan et Lyra. Situés sur les protubérances du goudron causées par les racines du végétal.

La cité n'était plus qu'un immense jardin botanique où la nature avait ses droits. Elle sera toujours la plus forte et elle nous l'a bien prouvée.

La preuve, si elle n'était pas aussi puissante, nous n'aurions pas eu à déménager la population terrestre survivante dans les villes flottantes.

Ils discutaient joyeusement, toute trace de chagrin avait disparu du regard de Brian, il était heureux et ne se préoccupait pas de ses problèmes.

Là maintenant, il préférait profiter du temps présent. Cette vision me dit sourire, tant qu'il était réjoui, je l'étais aussi.

Il ne restait plus que ma fille à rendre à nouveau joyeuse.

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