Une bien étrange découverte

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[Point de vue de Brian]

Flash-back :

Ma première vision matinale me dévoila le visage serein et endormi de ma soeur.

Sa poitrine remontait et redescendait au rythme de sa respiration régulière, tandis que son souffle expirait de l'air par sa bouche entrouverte.

Allongés de côté sur le sol, nous étions face à face. Je me mis à la fixer, surpris.

"Ok... Il faut reculer tout doucement... Tout doucement... Il ne faut pas réveiller le dragon..."

Je me relevai lentement, et sans bruit, m'éloignai de la démone.

Le soleil était à peine levé et aucun bruit ne venait troubler la tranquillité de la ville. Pour moi, qui avait l'habitude d'écouter le chant des oiseaux chaque matin sans faute, ce silence absolu était terriblement troublant. Presque effrayant.

Quel calme... L'effervescence de ma vie antérieur jurait grandement à aujourd'hui.

Je m'étirai en élevant mes bras haut vers le ciel. Je sentis mes articulations craquer lors de l'étirement et ma cheville me lâcher. Je manquai de m'étaler par terre et me rattrapai de justesse avec grand bruit.
Figé, je jetai un coup d'oeil craintif à ma demi-soeur.

À un mètre de mes pieds, Jasmine grogna et geignit un peu avant de s'immobiliser.

Je soupirai de soulagement au bout de plusieurs secondes passées et m'autorisai enfin à remuer.

J'attrapai mon sac et en sortit un paquet de biscuits écrasés que je dévorai avec voracité.

Mon frugal déjeuner terminé, j'entendis Jasmine s'agiter et vis ses yeux papillonner petit à petit jusqu'à ce qu'elle les ouvre entièrement.
Elle les frotta sans énergie et se tourna vers moi.

Sa confession haineuse m'avait un peu effrayé hier, aussi, je me pétrifiai lorsque mon regard croisa le sien, amorphe.

Elle me dévisagea avant de m'ignorer et de piquer un sachet à son tour pour le déchirer. Elle le mangea sans motivation et s'appuya sur ses jambes pour se relever, prendre ses affaires et commencer à partir.

Visiblement, elle ne me calculait pas et faisait tout pour m'ignorer. Je me motivai intérieurement, et me hâtai de me relever pour la suivre.

Elle continua à avancer sans faire attention à ma personne, regardant tout l'environnement l'entourant sauf moi.

L'aube clair illuminait l'atmosphère de ses premiers rayons et la ville abandonnée se présenta à nouveau à nous.

Cette vision pouvait rendre amère n'importe quel Eternalsleep de mon genre. La Terre, berceau des Humains, gardienne de la vie, avait régressé et était en train de revenir à son état originel.

Certe, à présent, elle ne souffrait plus, mais il était quand même décevant qu'elle ait été détruite par ses propres enfants... Un bien triste dénouement pour cette entité pourtant si protectrice et bienveillante envers ses rejetons.

Je poussai un soupir devant ce si triste spectacle et m'arrachai à ce fantôme pour observer un bâtiment qui attira particulièrement mon attention.

Alors que la plupart des bâtiments se retrouvaient en ruine et avait noirci après tant d'années assassines.
Mais celui-ci dégageait une lueur particulière comme s'il était doté d'une vie propre, et ses murs délavés se trouvaient en relativement bon état.

Il était plus grand par rapport à ses petits voisins, et même son jardin restait un minimum entretenu.

"Sûrement une salle des fêtes... Je ne reconnais pas ce quartier..."

Sur les cloisons bordeaux salies, des lettre bleus en caractère bâton marquaient "Salle Jean-Ferrat".

Je n'avais pas remarqué que je m'étais arrêté en plein milieu du chemin, ce n'est que lorsque Jasmine m'interpella que je me rendis compte de mon emplacement.

Soudainement électrocuté, je baissai et relevai mes paupières rapidement et fixai la jeune femme sans comprendre.

Après plusieurs secondes écoulées -et de nombreuses électrocutions dû aux éclairs que me lançaient les yeux de Jasmine-, je repris enfin mes esprits et reprenais ma contemplation de la bâtisse, ignorant superbement l'air courroucé qu'exprima le visage de ma soeur.

Elle tourna finalement la tête vers l'objet de mon attention et fronça les sourcils en constatant les mêmes anomalies que moi.

Mais elle ne resta pas sur place et partit vers le bâtiment, me laissant en plan totalement déboussolé.

Je la suivis finalement et la talonnai de près tandis que mon cerveau chercha une réponse. Comment avait-il fait pour garder une certaine splendeur sans l'aide humaine  ?

Perdu dans mes pensées, je ne m'aperçu pas que nous étions arrivés, et fonçai brutalement, droit dans le dos de ma cadette.

Celle-ci, heureusement, ne rouspéta pas et se tut en poussant la porte entrebaillée. Elle grinça terriblement et brisa le silence primitif qui s'était installé depuis le départ de notre espèce.

La jeune femme entra en première et posa son pied sur un sol carrelé blanc et poussiéreux. Je pénétrais à mon tour dans le vestibule et admirais le plafond haut décoré de fleurs peintes et... D'ananas géant ? C'était... Spécial...

Alors qu'on observait tout deux l'entrée, une lumière apparut brusquement et nous aveugla complètement.

Attendez, une lumière ?!

Mais un affreux mal de crâne me prit d'un coup, m'empêchant de réfléchir à la question et je sombrais dans l'obscurité.

*

Une délicieuse odeur de pancakes me chatouilla les narines et me mit l'eau à la bouche. Je tentais de décoller mes paupières mais peinai à supporter la luminosité qui attaqua mon nerf optique lorsque je m'y risquais.

Je les refermai instinctivement avant de réessayer de les ouvrir. Je réussis enfin à les ouvrir après d'innombrables tentatives.

La vision qui se révéla à mes yeux me laissa béat de stupéfaction. Un homme âgé de quarante ans environ, se tenait devant une gazinière vieille génération qui semblait avoir traversé le temps.

Armé de sa poêle, il faisait sauter des pancakes pour les retourner pour ensuite les placer sur une assiette en porcelaine.

Bavant de gourmandise, j'entrepris de lever un bras mais me rendis compte que j'étais attaché auprès de ma demi-soeur et adossé à un mur. Toujours inconsciente, sa tête s'était posée sur mon épaules.

Sentant du mouvement, l'inconnu se retourna et me sourit.

- Ne bouge pas trop, je t'ai frappé assez fort...  Il ne faudrait pas que tu t'en prennes un second.

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