Une si belle amitié

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[Point de vue de Lyra]

- Arrête de courir ! M'époumonai-je. Qu'est-ce que tu veux dire par "on a enfin trouvé ce qu'on recherche depuis des semaines" ?

Je le savais, il ne servait à rien de s'égosiller, Brian était déjà loin en dépit de mes nombreux rappels.
Malgré mes interrogations, j'avais déjà ma petite idée de la nature de sa découverte, tant l'allusion avait été évidente.

"Mais il ne peut pas les avoir trouvé dans un carnet, si ? "

C'était tout simplement impossible, à moins qu'il ne soit tombé sur le cahier d'un adulateur de ce genre d'objet, ce dont je doutais fortement.

Pour l'instant, je devais contenir mon débat intérieur, le plus urgent était de poursuivre le petit faon qui galopait à toute allure dans la contrée déserte.
Il n'était devenu qu'un minuscule point noir à mes yeux, un point noir qui disparaissait peu à peu.

Je me surpris même à m'amuser de sa démarche trébuchante, il était si pressé qu'il manqua de s'étaler de tout son long sur le sol craquelé.

Le spectacle que m'offrait Brian était à la fois tellement troublant et si risible. Je dus fournir un effort surhumain pour pouvoir me détacher de l'ombre courant vers le soleil levant, et de me mettre à sa poursuite.

Ce qu'il avait raconté n'avait aucun sens, je devais en avoir le coeur net.

*

Après une course d'un quart d'heure, je réussis finalement à le rattraper, il était désormais tout près, je pouvais presque le toucher du bout des doigts.

Cela faisait un moment que le footing matinal n'avait pas été dans mon planning, et la fatigue me terrassa bien vite par rapport à d'habitude. Il faut dire qu'avec mon accident, l'occasion ne s'était pas vraiment présentée...

Heureusement, le camp se dressait à peine quelques pâtés de maisons devant nous, je n'aurais pas pu tenir le rythme frénétique et désordonné du châtain, atrocement fatiguant.

Nous arrivâmes bientôt à bon port, essoufflé et les cheveux en pétard -le vent ne nous avait pas épargné-, je ne manquai pas de jeter un regard noir à l'adresse du jeune homme.

Depuis le début du trajet, je ne pouvais me retenir de penser que je poursuivais un monstre. Pendant toute la durée de l'expédition, je n'avais pu oublier la déroutante vision qui était apparu à mes yeux.

Ce fut donc tout naturellement que je me décalai de Brian lorsqu'on arriva à la hauteur des regards curieux, tous étonnés de nous voir dans cet état.

Plié en deux, les mains sur les genoux, le surexcité tentait de reprendre un minimum son souffle, il resta ainsi prostré un instant qui me parut durer des heures, tant le temps semblait s'étirer à l'infini.

Finalement, il se redressa lentement et tendit à la foule les papiers d'une main vacillante.
Aussi haché que sa respiration, ses paroles résonnèrent dans tous les esprits.

- J'ai... J'ai... J'ai en main les plans que nous recherchions. La mission est un succès, nous avons réussi !

Le groupe entier resta coï face à la nouvelle annoncée si soudainement. Personne n'osa dire un mot, ou faire un seul geste. On aurait presque pu entendre une mouche tournoyer autour du campement.

Le silence s'éternisait, devenant de plus en plus pesant. Heureusement, le manque d'agitation fit enfin réagir l'un des scientifiques.

- En es-tu sûr Brian ? Demanda-t-il. Où les aurais-tu trouvé dans cette ville ? Nous avions pourtant vérifié toutes les structures de soin du coin et n'avions rien découvert. Tu ne nous ferez pas une fausse joie ?

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