La famille...

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[Point de vue de Brian]

Résonnant dans les longs couloirs dépeuplés, le silence contrastait avec le boucan assourdissant de mes pas.

Je revenais d'une petite visite de courtoisie du laboratoire qui avait la charge des recherches sur la bactérie et sa mutation.

L'expérimentation avançait mais ils n'avaient rien trouvé de concluant... Toute les tentatives de guérison sur les différents sujets avaient échoué, me laissant de moins en moins positif quant au dénouement de cette histoire.

Ils m'affirmaient que les résultats finiraient par se manifester et qu'ainsi la solution pourrait être trouvé.

Je le savais, il y avait visiblement peu de chance de trouver ce remède mais malgré tout, je voulais espérer.
Je n'imaginais pas vivre sans Élisa, certe cela semblait un peu niais mais c'était seulement la vérité.

Elle avait été mon plus grand soutien lors de mes obscures périodes... Comme ma dépression à la suite du décès de ma génitrice...

Privée d'elle, je n'aurais plus rien qui m'empêcherait de sombrer, plus de confidente et aimée.

J'avais besoin de sentir son poul, ses battements de coeur ainsi que son souffle régulier.

Arrivé devant le numéro à présent familier, j'entrais, hésitant.
C'était peut-être l'une des dernières fois que je la verrais...

Je secouais ma tête. Non, je ne devais pas penser comme ça... Elle survivrait, je me le jurais à moi-même.

M'approchant de la malade, je restais à l'écoute des bip du moniteur cardiaque, rassuré par le bruit incessant.

Je prenais en main ce poignet si frêle et fragile, qu'un simple choc pourrait le briser.
Je posais mes lèvres contre sa peau froide et gardais cette position apaisante.

C'est alors que je sentis du mouvement. Élisa venait de me serrer la main ! Elle avait bougé !

Tout d'abord choqué et figé, je ne repris bien vite en lui étreignant délicatement la sienne.
Les larmes coulaient le long de ma joue, et cette fois-ci, elles étaient de joie. J'avais enfin un contact avec elle, un infime mais un contact tout de même. Elle resserra imperceptiblement son emprise.

Je souriais, cela avait toujours été son geste habituel pour me rassurer.
Même dans cet état, elle cherchait à m'aider et m'apaiser.
Que ferais-je sans elle ? Je ne pouvais l'envisager.

On resta sans bouger un moment avant que je me décide à la laisser à contre-coeur, mon temps de visite est écoulé depuis longtemps et je risquais de me faire enguirlander par les androïdes de garde.

Le regard dans le vague, je marchais en regardant le sol, aussi je bousculais quelqu'un bien vite.

- Oups pardon, dis-je en relevant la tête.

C'est ainsi que je rencontrais les yeux améthystes connus reconnu négativement par mon cerveau.

"Jasmine..."

Elle ancra son regard au mien, le visage figé.

"Ces coïncidences commencent à être une habitude, je vais peut-être finir par croire qu'elle le fait exprès..."

Je soufflais, même mes pensées devenaient ironiques en sa présence.

Parfaitement calme, elle me sortit :

- Je te cherchais.

Levant les yeux aux ciel, je me retenais de sortir :

"C'est un euphémisme ! Vu comment tu me suis partout comme un chien depuis un moment..."

Il faut dire que mon intuition m'indiquait que cela la mettrait en rogne, c'est juste une intuition !
Il fallait vraiment que je m'éloigne d'elle. Mon cerveau s'était mis automatiquement en mode sarcasme et je souhaitais pas rester dans cet état d'esprit.
Qu'elle en finisse au plus vite.

- Alors comme ça tu es allé demander conseil à mon père ?

Je faillis m'étouffer avec ma propre salive.
Comment était-elle au courant ?
Elle était censé croire qu'elle avait réussi son complot ! Elle ne devait pas savoir nos manigances !

Je ne voyais qu'une hypothèse, le professeur nous avait trahi... Je n'aurais pas dû lui faire confiance, c'était ma faute...

- Je pense que je comprends pourquoi il est de ton côté, il préfère son aîné à moi...

Je ne l'entendais que d'une oreille, trop concentré sur ma vengeance contre cet idiot. J'aurais peut-être dû être à l'écoute, je serais tomber de bien moins haut en réalisant la suite.

- Il a toujours été injuste, mais je n'aurais jamais pensé qu'il ferait la différence entre mon demi-frère et moi, n'est ce pas frérot ?

L'information mit un moment à atteindre mon cerveau.
Lorsque ce fut le cas, mon corps réagit enfin.

- Attends... Que dis-tu ?

Elle me laissa comme un demeuré quelques minutes avant de répondre.

- J'ai dit que notre père n'a jamais été un homme juste, il juge tout et tout le monde, il n'est pas digne de confiance et pourtant, enfant, je le divinisais à mes yeux...

Son discours se perdit dans la cacophonie des rouages de mon cerveau.

"Le... Professeur était mon père ? Le Professeur se nommait Egnarts ?! "

Je me rendais maintenant compte qu'on ne m'avait jamais mis au courant de son nom.

Mais pourquoi ne me l'avait-il pas dit lui même ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette absence ?

Pourquoi me reniait-il ?

Jasmine continuait à débiter ses paroles empoisonnantes, envahissant mon coeur et mes émotions.
Je l'interrompais, je n'y croyais pas, il m'en faudra plus pour m'en convaincre.

- Je ne te crois pas. Ne te fatigue pas cela ne servira à rien. Je pensais que tu aurais utilisé un moyen plus persuadant pour m'ébranler.

Elle me fixa froidement nullement surprise.

- Crois-moi j'aurais largement préféré l'utilisation des télécommandes mais mon... Notre père me les a réquisitionnées. Je ne les ai plus en ma possession, c'est bien dommage...

Je frissonnais, elle en devenait effrayante avec ses propos lugubres.

- Alors tu avoue que tout ce que tu viens de dire n'est qu'une mascarade ?

Elle secoua sa tête négativement en claquant la langue.

- Tss tss tss, d'où est-ce que tu tire cette conclusion hâtive ? Je n'ai jamais dit ça.

- Je ne te crois pas. Ce n'est pas possible qu'il soit mon père ! Je ne peux être pas apparenté à toi !

Son visage se ferma, créant des rides sur son front pourtant d'habitude lisse.

- Malheureusement si...

- Personne ne peut être aussi cruel que toi avec son propre frère ! Comment aurais-tu pu t'en prendre à moi si on était de la même famille ?

- Les exceptions existent frérot. Je ne t'avais jamais connu jusqu'à maintenant bien que mon père ne m'ait jamais caché ton existence... Même ma mère était au courant.

- Tant que je n'aurais pas de preuves, je penserais que ceci est un mensonge !

- Crois ce que tu veux, je n'ai dit que la pure vérité, à toi de juger si cela l'est vraiment ou pas, sur ce, je vais me retirer et te laisser réfléchir.

Elle me lança un sourire triomphant, visiblement heureuse de m'avoir mit sur les nerfs, et se rendit dans une des salles à proximité.

J'étais dans le brouillard le plus totale, mais je comptais bien dégager cette affaire au clair.

EternalsleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant