Elbayorcni

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Mes paupières lourdes de sommeil s'entrouvirent prudemment, seulement la lumière agressive m'obligea à les refermer instantanément.

Je restai ainsi quelques secondes, profitant de cet instant de détente et de répis.
Je n'avais aucune énergie, je ne me sentais pas capable de me lever pour de passer une journée ahurissante dans ce monde qui m'est totalement inconnu.

Avoir dormi tout ce temps ne m'avait pas assez reposé, manifestement mon corps n'en faisait qu'à sa tête.
Finalement, je baillai en m'étirant puis réussi à me lever et à me diriger vers la cuisine, le pas traînant.

Un vacarme tonitruant se dégageait du salon, Lyra faisait un raffut pas possible. Je l'entendais s'affairer aux fourneaux depuis ma chambre !

"Comment pourrais-je dormir avec tout ce bruit ?"

Lorsque je fus arrivé devant la source du boucan, la première chose que je remarquais était l'absence de marques sur le visage de la jeune fille.
Ses traits étaient à peine tirés par là fatigue tandis que ses yeux étaient dénués de toutes traces de larmes. Personne n'aurait pu deviner qu'elle en avait versé un torrent la veille même.

Posés sur son épaule droite, ses cheveux étaient coiffés en tresse africaine, délibérément ébouriffé et orné de perles sur la longueur.

Matinale, elle avait l'air d'avoir déjà terminé de préparer le petit-déjeuner. C'est en voyant le festin préparé par ses mains enchanteresses que mon ventre se mit à gargouiller bruyamment, informant mon hôte de ma présence. Elle m'informa sans se retourner :

- Ton estomac revendique la nourriture manquée pendant de longues années.

Je rougissai de honte, le regard fuyant dans chaque coin de la salle.

- Oui je sais.

- Aide-moi à apporter les aliments dans la salle à manger alors !

Je ne lui fis pas dire deux fois. J'attrapai les assiettes tour à tour jusqu'à ce qu'une dizaine se retrouvent sur la table.
Je m'assis timidement sur une des chaises posée autour du grand meuble, n'osant pas me servir.
Non hôte s'installa près de moi et m'invita à me servir.

Maladroitement, je me pris une généreuse portion de fraises, et de crêpes, picorant un morceau dans tous les plats présentés à moi.

La première bouchée avalée m'emmena au paradis : les fruits d'une rougeur extrême était juteux et légèrement acidulés, leur goût sucré fondait délicieusement sur ma langue. Tandis que, légères et moelleuses, les crêpes enchantaient mon palais, je sentis même une petite note de fleurs d'oranger.

- C'est délicieux ! m'exclamais-je en commençant à me goinfrer.

- Merci.

Elle balaya mon compliment d'un geste de la main et se servis elle aussi sans un mot.

La réponse était sèche.
Moi qui espérait que notre relation se soit améliorée mais je m'étais trompé. À ma grande déception, elle ne comptait pas du tout se rapprocher de moi.

"C'est dommage, j'aurais bien voulu devenir son ami."

Elle remarqua mon manque d'appétit soudain et tourna son regard interrogateur vers moi.

Aussitôt, je replongeai ma tête dans mon assiette de victuailles et fit comme si de rien n'était, dégustant innocemment mon repas matinal.

*

Je me trouvais à l'entrée de l'immeuble, attendant l'asiatique en teian de fermer son gigantesque appartement.

Je voulais tant qu'elle me fasse visiter cette incroyable ville dont je ne connaissais rien, que je l'avais limite harcelé pour la convaincre de le faire.

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