[Point de vue de Brian]
- Dis-moi tout ce que tu me reproches.
Son air ahuri me ferait presque rire si la situation n'était pas aussi sérieuse.
Elle resta ainsi ballante un long moment avant de baisser ses yeux, suivi de sa tête. Nerveusement, elle tortura ses pauvres doigts.
Elle se débinait déjà.Sa réaction me vexa excessivement. Jasmine me blâmait de tous les maux possibles du monde et était allé jusqu'à m'intimider, pour des accusations qui m'étaient totalement incompréhensibles.
J'estimais que j'avais le droit de connaître ces convictions.- Alors ? C'est plus simple de me faire des reproches dans mon dos que de me le dire en face ? Pourtant pour menacer ma famille, tu ne t'es pas gênée.
Ma remarque fit mouche, elle releva immédiatement la tête et me lança un regard noir.
Cette fois-ci, elle ne retint pas son venin, me le crachant presque à la figure.- Tout est de ta faute, proféra-t-elle avec aversion, si tu n'étais pas né, j'aurais pu avoir une enfance certe sans mère, néanmoins, cela aurait été avec un père.
Son visage, à présent, reflétait toute la rancune qu'elle ressentait à mon égard. Il était devenu plus sombre, plus effrayant...
Ses yeux améthystes habituellement plein de vie, avaient changé. Ils étaient maintenant glaciales et morne.
Ma vision devait me jouer des tours, mais je pouvais presque voir ses cheveux s'assombrir et ses iris se colorer de rouge.
Effrayant.
Il ne lui manquait plus que les deux cornes, un sceptre puis la magie noire et elle pourrait facilement remplacer Maléfique dans La Belle au bois dormant.Mince, j'avais une image franchement déconcertante dans la tête maintenant... Ce n'était vraiment pas le moment.
Imaginez une Jasmine, ornée d'un chapeau ridicule à cornes sur le crâne, habillée tout en noir a une voix rocailleuse qui aurait bien besoin d'un lait chaud au miel.
Il ne m'en fallait pas plus pour que ma raison vacille et que je laissais accidentellement un pouffement m'échapper.
Je mis aussitôt ma main devant ma bouche et attendais mi-amusé mi-craintif, le contrecoup de ma demi-soeur. Sans arrêter de sourire malgré moi.
Sous son air menaçant, non ricanement disparu bien vite, je me fis aussi petit qu'une souris et fuyais son regard.
- Peux-tu développer ? Je ne comprends pas, me risquais-je à demander.
Elle me répondit par une moue dédaigneuse.
- Mon père s'est toujours senti responsable de toi... Commença-t-elle.
Cela faisait plaisir à une partie de moi. Seulement, cette source de fierté avait l'air d'être le fondement de la haine qu'éprouvait Jasmine envers moi.
J'étais donc mitigé sur les sentiments que je devais ressentir en apprenant cette information. Devais-je en être heureux ou le contraire.
- Aussi, la culpabilité par rapport à ta mère, sa mort et toi ne l'ont jamais quitté. Ce n'est qu'en rencontrant ma mère qu'il avait réussi à enfermer ses vieux démons, malheureusement, à son décès, les remords sont réapparus plus fort que jamais. Notre père n'arrivait pas à s'en débarrasser, ainsi, il s'est noyé dans le travail et m'a complètement délaissé...
Attends... Je ne voyais pas en quoi j'étais fautif dans l'histoire ! Toutes ces conséquences étaient le résultat des mauvais choix du professeur Egnarts.
- Mais... Qu'est-ce que j'ai fait de mal alors ? Je suis juste né.
Elle me fixa le regard brillant... De larmes ou de colère, je ne saurais dire.
Sa dernière phrase me laissa sous le choc.- Oui, tu es né. Et c'est ça ton pêché, tu n'aurais jamais dû naître.
Sur ces mots cruels, elle se retourna et ne m'adressa plus la parole.
Je restais sonné un moment sous le coup de ses révélations.
Il était vrai que sous un angle, si je n'étais pas venu au monde, elle n'aurait pas eu autant de tourments...Seulement m'en blâmer était tout simplement irréaliste, je n'étais en aucun cas maître de ma naissance, ce n'était pas moi qui avait décidé d'être un petit Humain sur Terre, j'aurais tout aussi bien pu être un pachyderme, cela m'aurait convenu également...
- Très bien, si c'est ce que tu penses... Merci de ta franchise...
"De ta franchise un peu trop franche."pensais-je.
Évidemment, elle ne me répondit pas. J'étais tenté de m'éloigner d'elle et de m'installer un peu plus loin, mais l'atmosphère n'était pas très rassurant et j'avais un peu froid. Je n'avais pas la force de bouger ne serait-ce que le petit doigt.
Je m'allongeai à son côté et observai les éléments de mon champ de vision.
Les astres scintillaient intensément et je pouvais clairement remarquer l'Étoile du Berger alias Vénus.
L'Étoile Polaire ne resta pas longtemps cachée, je la repérais rapidement et observais les constellations l'entourant.La grande casserole/ourse et la petite casserole/ourse... De quoi me donner bien faim sans prendre en compte les ours bien bien sûr, je ne pensais pas que mon estomac tiendrait le coup face à ça...
Soudain, j'entendis mon ventre gargouiller preuve que je n'avais pas assez mangé et que mon ventre réclamait de la nourriture.
"Tais-toi, je sais que j'ai faim, tu n'es pas obligé de me le rappeler ! "
En réponse, j'eus un long gargouillis affreusement gênant. Merci mon corps, moi aussi je t'adore...
Jasmine gigota, je pense qu'elle ne dormait pas donc elle a dû m'entendre.
Effectivement, elle me grogna à mon encontre :- Dis à ton estomac de se mettre en sourdine.
Mon ventre protesta avec bruits.
- Gros morphale.
Je rêvais ou on était en train de parler avec mon ventre ?
Situation quelque peu déroutante...
Mon organisme n'émit plus aucun raffut et se tut.
Jasmine ne bougea plus et je sentis sa respiration s'approfondir progressivement, elle s'était endormie en quelques minutes. Je l'enviai, je m'en sentais incapable.
Mes pensées se mélangeaient et se percutaient telles des auto-tamponneuses, la voix de la jeune femme se propagea dans mon esprit et ressassa toute la conversation. C'était pas possible ! Même quand elle dormait, ses paroles me hantaient...
C'était fatiguant et il m'était impossible de m'endormir.
C'est ce que je croyais mais l'observation des étoiles était apparemment un bon somnifère.Mes yeux se fermèrent doucement sur l'étoile Polaire, le nord.
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Eternalsleep
Science Fiction"Saisissez le temps présent, profitez-en, de sorte qu'il ne devienne pas une cause de regrets." Louis-Philippe de Ségur J'avais une vie tranquille dans mon petit cocon familial entouré et aimé, mais celui-ci éclata quand mon destin fut bouleversé p...