Un réveil peu commun

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[Point de vue de Brian]

- Lorsque vous êtes parti, en avril 3017, une interfération inconnue nous a coupé toute possibilité de communication jusqu'à ce jour-ci. Aujourd'hui, nous sommes le 12 mai 3018.

Un silence de mort tomba.
Personne n'osa dire un mot face à cette réalité affolante. Même mon père, d'habitude doté d'un sang-froid légendaire, ne savait quoi dire, ni comment réagir.

Un sentiment frigorifiant s'empara alors de moi, avais-je à nouveau perdu un pan de ma vie ? Qu'avait-il pu se passer durant notre absence ?

Mais un point bien plus important traversa mon esprit, emportant toutes autres pensées parasites. Mon sang se glaça dans mes veines quand un cri du coeur m'échappa :

- Élisa !

Les visages se tournèrent vers moi tandis que la dénommée Amber me fixa, intriguée :

- Ce ne serait pas le nom du sujet zéro ?

La bouche ouverte, en pleine réflexion, cette question existentielle semblait avoir attirée toute son attention.

- Hum... Oui je pense que c'est ça... Une très jolie jeune fille si je puis dire ! Commenta-t-elle. Enfin... Depuis son second arrêt cardiaque...

Sans crier gare, mon souffle se bloqua dans ma poitrine, j'étais entièrement pendu à ses lèvres.

- Hein ? S'exclama mon père. Elle a succombé à la mutation ?

Elle esquissa une moue désolée et ouvrit la bouche pour prononcer quelque chose.

Seulement, sa réponse se perdit dans le sifflement de mes tympans. Ma vue s'était brouillée, et je me sentis tomber comme une pierre sur le sol.
J'étais arrivé trop tard...
Je m'évanouis avant même de toucher le sol.

*

Quelle est cette chaleur ? Je me sens apaisé, comme anesthésié...

Mon cerveau tentait désespérément de se reconnecter à la réalité. J'étais conscient des bips incessants qui importunaient mes oreilles et de la moiteur qui envahissait ma main gauche, mais je ne parvenais à reprendre connaissance.

Après de fructueux efforts, je réussis enfin à décoller mes paupières. Mais la lumière agressive attaqua mes pauvres pupilles, m'obligeant à refermer les yeux sur le champs.

Prudemment, ils se rouvrirent sur un plafond craquelé, grisé par la poussière. Mon regard balaya la salle, curieux de connaître cet environnement inconnu.

La vision qui s'offra alors à moi me mit les larmes aux yeux.
Élisa, en chair et en os était installée à ma droite. Elle ne semblait pas jouir d'une bonne santé mais elle était vivante !

Malgré un visage émacié et méconnaissable à cause de la maladie, les cheveux dorés parsemés de mèches blanches ne laissaient pas de place au doute. Il s'agissait bel et bien de ma chère et tendre.

Le signal émis par le moniteur cardiaque était rassurant, tout en étant inquiétant à la fois. Le tracé électrique montait et descendait au rythme de son coeur, formant des petits pics vert fluo sur l'écran digital.

Une larme solitaire glissa sur ma joue, laissant une traînée humide et salée. Je tendis les doigts avec maladresse et les refermai délicatement sur sa main gauche. Elle m'avait tant manqué...

Pourtant... Quelque chose n'allait pas. Je devrais être l'homme le plus heureux du monde : j'étais rentré avec le moyen de ramener Élisa auprès de moi et nous étions tous sain et sauf !

Seulement, un sentiment de vide me serrait le coeur sans raison... Ma conscience voulait me faire comprendre qu'il me manquait un élément important mais quoi ?

La solution me sauta aux yeux : je devais recoller les morceaux entre les membres de ma famille brisée.

Certe, elle m'avait pourri la vie et ce, depuis des années... Mais... La famille était sacrée. Et malgré toutes ses conneries, j'aimais mon père. Il m'avait prouvé qu'il regrettait ses erreurs et qu'il était prêt à tout pour se faire pardonner. Quant à Jasmine, je ne la jugeais pas entièrement responsable de ses actes. Il s'agissait de réaction causée par le désespoir.

L'eau avait coulé sous les ponts depuis... Mon existence allait reprendre son cours normal.
Maintenant, je me sentais capable de pardonner.

*

- Alors la Belle au bois dormant ? Fini de roupiller ?

La silhouette de Lyra apparut dans l'encadrement de la porte, elle s'adossa au mur et m'exposa un sourire narquois.

Ses vêtements avaient changé, à la place de ses vieux pantalons troués et de ses tee-shirts rendus informes, elle portait un jean coupé dans une matière ressemblant au cuir, avec un haut aux épaules dénudées. Sa coiffure quant à elle, n'avait pas changée  : une queue de cheval faite à la va-vite retenait ses cheveux de jais.

Bizarrement, ses vieilles "guenilles" lui allaient presque aussi bien.

- Eh ! M'interpella Lyra. Brian ? Tu m'écoutes ?

La réalité me rattrapa aussitôt, amenant avec elle, le bruit et ses mauvaises ondes.

- Oui oui désolé, j'étais perdu dans mes pensées.

Mes joues devaient être rougies, de gêne d'avoir été surpris la main dans le sac en train... De faire quoi justement ?
Un sentiment de malaise s'immisca en moi, et provoqua le tressaillement dérangeant de ma paupière droite.

- Qu'est-ce que tu disais ? Dis-je en me passant la main dans les cheveux.

Heureusement pour moi, si elle remarqua mon trouble, elle n'en laissa rien paraître.
Cela aurait été assez gênant de lui en expliquer la raison...

- Je t'informai que la production du prototype avançait bien et qu'il était censé être prêt dans moins d'une semaine.

Mon visage dut s'illuminer aussitôt car je la vis m'adresser un sourire bienveillant. Il fallait dire qu'on pouvait presque voir des paillettes briller dans mes yeux.

Quant à moi, je voyais gambader les bisounours dans ma tête, pendant que mon coeur dansait la polka. Je distinguais même Wonder Woman se trémousser au rythme de la macarena.
Eh oui, il y avait un certain laisser-aller chez moi aujourd'hui... 

Et maintenant que j'y pensais... Qu'est-ce que Wonder Woman faisait là ?!

Bref, la fatigue et l'émotion me rendait timbré, il fallait que je me repose maintenant ou j'allais finir par apercevoir un lapin crétin me passer devant.

L'épuisement me piquait les yeux, je dus me les frotter avant de chasser poliment mon amie :

- Désolé mais je vais devoir me coucher, lui-je en baillant à m'en décrocher la mâchoire. Je suis crevé.

Lyra acquiesca puis sortit en esquissant un rictus moqueur. Je lui tirais la langue, tel le parfait gamin que j'étais.

Puis je pris la main d'Élisa et la serrais fortement, emportant cette sensation de chaleur si familière dans le monde des rêves.

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Avec un retard conséquent, voici enfin la suite ! Je suis vraiment désolé, j'avais été prise d'une flemmagite aiguë et d'un manque d'inspiration. Bref, j'espère que le chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à voter !
Bisous 😘
PJade2017

EternalsleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant