I came back

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[Point de vue de Brian]

J'y étais enfin, après mille ans d'absence, j'étais finalement revenu chez moi. On pouvait dire que cela faisait un bail.

L'habitat avait considérablement changé mais j'arrivais encore à distinguer la forme générale de la bâtisse, sa couleur originelle, cachée sous une couche de crasse et notre sapin, plantée au beau milieu du jardin.
Il n'en restait plus qu'un tas de mauvaises herbes envahissantes et un arbre mort depuis longtemps, ses branches devenues fragiles et grises.

Les larmes perlèrent au coin de mes yeux à cause de l'émotion. C'était ma maison, mon foyer...
Tellement de souvenirs subsistaient, qu'ils soit heureux ou déplorables, ils demeuraient tous importants à mes yeux. La maladie de ma mère, ma rencontre avec Élisa, la complicité entre moi et Ryan...

Ma vie incombaient de ces stigmates, ils faisaient parti intégrante de mon évolution en tant qu'humain.

Ces péripéties avaient participé à ma transformation en homme, si je n'en avais pas eu, je n'aurais pas été la personne qui se trouvait là aujourd'hui...

Lyra me lança un coup d'oeil discret. Elle semblait mal à l'aise de me voir pleurer, gardant une certaine distance entre elle et moi. Pourtant, je sentais qu'elle m'évitait depuis hier, sans que je sache pourquoi.

Néanmoins, je n'en étais pas sûr, ce léger retrait de la part de Lyra était certain mais le fait qu'elle soit en totale ignorance envers moi me semblait n'être qu'une possibilité. Après tout, je n'étais pas dans sa tête.

Examinant de loin mon foyer en ruine, la bouche entrouverte, elle balayait de ses yeux sans fond la vaste étendue abandonnée, et paraissait contempler les vestiges de ma vie passée.

Brusquement, elle s'avança et suivit le sentier -si on pouvait encore qualifier ces résidus comme étant un chemin- de gravillon.

Je la suivis, non sans étonnement et dû presque lui courir après, tant elle allait vite.
Sans me lancer un regard, elle prit la direction de la porte d'entrée et y pénétra sans attendre.

Sans que je puisse l'arrêter, elle se trouva déjà dans la cage d'escalier, à gravir les étages sans vergogne.
Moi qui voulais y aller étapes par étapes... Je sentais qu'on allait devoir en sauter quelques unes.

Je la talonnai de près, j'avais renoncé à tenter de la bloquer, seulement, il n'était pas question qu'elle foute le bazar dans ma maison.

Interloqué, je la vis prendre instinctivement la direction de ma chambre, et d'y entrer sans ma permission.

"Comment avait-elle fait ? "

Finalement, elle m'attendit à côté de mon lit défait et poussiéreux, installé confortablement sur la chaise de mon bureau.

Submergé par les sentiments, je décidai finalement de ne pas me formaliser de l'attitude inconvenante de la jeune fille.

Rien n'avait changé.
Les vêtements éparpillés un peu partout, mon bric-à-brac relativement mis en ordre dans un coin de la salle ainsi que ma vieille paire de baskets en décomposition totale sur ma couette Spider-man.

Mes yeux se baladaient librement sur mon gallion en naufrage, tant mon espace de vie antérieur était en pleine confusion, mais j'arrivais à me sentir chez moi.

J'aurais largement préféré me sortir de mon sommeil, dans ma chambre, plutôt que dans l'horrifique bâtiment des Eternalsleep, à me faire secouer comme un prunier par Lyra.

Croyez-moi, j'aurais aisément choisi l'option où : Ryan-me-bave-dessus-tandis-que-je-me-réveille-coincé-sous-ses-fesses...

Au lieu de celle où : je-me-fais-écraser-par-une-jeune-inconnue-brune-pour-ensuite-me-prendre-des-claques-et-me-retrouver-complètement-paumé-dans-le-ciel-car-je-viens-de-découvrir-que-je-peux-léviter.

Le choix est sans équivoque n'est-ce pas ?
En outre, la conclusion est qu'on n'est jamais aussi bien autre que chez soi.

Me remémorer ces mauvais souvenirs me fit frissonner d'horreur, ce qui, sans faire exprès, me fit reculer de quelques pas.

Je bousculai bêtement mon bureau en bazar, heurtant ma hanche sur l'un des coins de la table. Le relan du choc me fit légèrement gémir, seulement, un détail curieux me permit de faire abstraction à cet endolorissement.

Un étrange carnet bordeaux avait chuté du plateau dans un bruit mat. Pourtant il me semblait que le son résonnait, se répétant inlassablement dans mon esprit.

Ce livret me troublait au plus haut point, car sur sa couverture brillaient en lettres multicolores : Journal de Max.

Il m'était totalement inconnu, impossible de savoir d'où il venait. Mais quelque chose me disait qu'il n'était pas par hasard, ma raison me hurlait de le fuir, de courir le plus loin possible, seulement mon instinct me retenait, il me chuchotait qu'il était de mon devoir de l'ouvrir, sans que je sache réellement la cause.

Même Lyra était comme hypnotisée, touchée elle-aussi par cette envie irrépressible de connaître les secrets les plus enfouis de ce carnet.

Les mains moites, je me décidai finalement et pris avec une frénésie toute nouvelle le précieux objet.

Ce qui tomba malencontreusement du livret me rendit dubitatif. Des papiers de couleur ivoire étaient soigneusement pliés à l'intérieur !

"Mais qu'est-ce que c'est que ça ?!"

La jeune fille était aussi déconcertée que moi, son expression hilarante me le prouvant. Surtout lorsqu'elle me vit ramasser les documents qui avait glissés jusqu'au sol. Elle comprit immédiatement que l'objet bordeaux n'avait rien à faire là.

Elle fronça des sourcils et reporta à nouveau son attention sur ce que je tenais entre mes mains.

Avec une curiosité incontrôlable, je dépliai les feuilles et décryptai le contenu si mystérieux.

Quand je compris enfin ce qui se trouvait dans mes mains, je fus pris de tremblements irréprimables. Je remarquai que Lyra tentait de m'interroger sur les raisons de mon agitation mais je n'arrivais pas à la regarder en face.

"Comment est-ce possible ? Comment ces fichus documents se sont-ils retrouvés dans ma chambre, caché au fond d'un carnet, qui m'était complètement inconnu."

Je ne pouvais pas y croire ! Tous ces efforts avaient fini par payer ! J'étais si heureux...

Les larmes aux yeux -cette fois-ci, il s'agissait de larmes de joie-, je me tournai enfin vers la brune et lui souriai.

- On a enfin trouvé ce qu'on recherche depuis des semaines.

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