Une terre désolée

15 4 0
                                    

[Point de vue de Lyra]

L'air fouettait mon visage en faisant papillonner mes cheveux dans la face du jeune homme derrière moi, malgré le fait que je les ai attachés en queue de cheval.

Ses poings enserraient toujours nerveusement mon tee-shirt bordeau, réhaussé de minuscules perles transparentes qui ne risquaient pas de me gêner pendant le voyage.

J'étais heureuse de m'être réconciliée avec cette tête de mule, et cette fois, mon regard larmoyant n'était pas causé par ma tristesse mais par la violente brise, m'obligeant à plisser les yeux pour bien voir les alentours.

Je sentais Brian gigoter derrière moi, et en croire ses râlements, ma chevelure impétueuse le dérangeait bigrement.

Je m'en réjouis silencieusement, ainsi un maigre sourire se dessina sur mes traits congelés par le froid.

Je faillis m'esclaffer en l'entendant jurer qu'il avait reçu un coup de fouet dans l'oeil, toutefois pour ne pas le froisser, je me retins de lui lancer une remarque moqueuse qui ne serait certainement pas bien passé auprès du principal intéressé.

Je frissonnais sous la fraîcheur de l'atmosphère, aussi, je vis mes poils sur les bras se relever en pics et des petits points se former en relief sur ma peau.
Je devrais porter un accoutrement plus chaud, mais j'étais déjà assez déséquilibré par le poids lourd derrière moi, ce qui rendait impossible toute tentative de mettre une veste sans moi pour piloter et je ne souhaitais pas prendre de retard en m'arrêtant pour enfiler quelque chose.
Je regrettais à présent de ne pas avoir pensé comme Brian à revêtir un pull.

C'est alors qu'un blouson se posa sur mes épaules dénudées. Je jetais un coup d'oeil surpris au passager derrière moi qui leva un pouce en l'air et m'indiqua d'un signe de tête de regarder devant moi.

Il avait sûrement dû s'apercevoir que j'avais la chair de poule, et en bon gentleman qu'il était, il m'avait passé sa veste. Lui portait un tee-shirt à manches longues, aussi, il ressentirait moins le froid mordant que moi.

Je le remerciais d'une petite tape sur la tête et me reconcentrais sur le troupeau que nous formions avec les autres aventuriers.

Nous restions pour l'instant en altitude au maximum pour pouvoir exploiter pleinement les effets de la pilule purifiante plus tard, sachant que celle-ci n'était qu'une protection momentanée face à la pollution .

Nous serons forcé d'en reprendre lors de l'expédition si nous ne voulions pas finir asphyxiés...

Ma vue brouillé réussie tout de même à apercevoir une partie un peu floutée de la Terre. Les nuages me cachaient encore la majorité du territoire, mais j'arrivais tout de même à distinguer des couleurs autre que le blanc.

On descendait de plus en plus dans le coton épais, aussi je pus enfin voir le domaine dans son ensemble. C'était la première fois que j'avais l'autorisation de descendre jusqu'ici, mais ce fut quand même le choc, comparés aux photos d'une Terre luxuriante, aux allures de rêves ne correspond pas du tout à cette image sous mes yeux.

C'est un monde ravagé par le temps et les guerres, un espace à présent défiguré dont on ne discernait même plus les constructions humaines ou la végétation. Se trouvait là qu'un immense désert rougeâtre dépourvu de sa tapisserie habituelle.

Quelques débris traînait tout de même dessus, ce qui faisait un peu tâche dans ce décor monotone.

- Ce n'est pas possible...

Je me retournai à l'entente du murmure du châtain. Ce dernier était blême et arborait une expression choqué. Sa terre mère, sa terre nourrice a été détruite par sa propre communauté, les humains.

- Où sommes-nous ? Est-
-ce réellement la France ?

Je en savais pas comment mais j'arrivais à le comprendre. Dans la vie, malgré qu'on soit prévenu d'une horrible nouvelle, on n'y croira pas avant qu'on ait une preuve sous nos yeux, et encore, cela ne la rend pas plus facile à digérer.

On continuait notre déclin au enfer lentement mais sûrement. Brian avait reprit des couleurs mais il n'en restait pas moins interloqué.

Le sol se rapprochait dangereusement à une vitesse impressionnante, il y avait un problème.

Notre allure était trop rapide pour l'atterrissage et je n'arrivais pas à ralentir ce foutu gadget. Je constatais que je n'étais pas la seule dans ce cas et que la plupart des personnes avaient ce problème.

- Que se passe-t-il ? Hurlais-je.

Ce fut l'un des guide près de moi qui répondit :

- Nous nous sommes rapproché du noyau, la gravité nous attire vers elle ! Nous ne pouvons rien y faire !

Autrement dit nous allions nous écraser, sans possibilités d'empêcher ça.

Dix mètres nous séparaient du terrain, cette distance ne cessait de diminuer tandis que notre vitesse n'arrêtait pas de croître.

- Et vous ne saviez pas cet effet secondaire qu'avait la gravité sur les nanos ?

Le même homme secoua la tête et expliqua :

- Nous ne sommes pas retournés sur la Terre depuis sa destruction, et nous n'avions pas envisagés cette éventualité...

Alors c'est comme ça que nous allions mourir ? Par une stupide erreur de calcul ?

"Je n'y crois pas ! Ils ont pensé à tout sauf à ça ? "

Je sentis les mains du jeune homme derrière moi se crisper sur ma taille mais il n'émit heureusement aucun bruit.

- Mais trouvez une solution bon sang !

- C'est ce qu'on essaie de faire ! Mais ce n'est pas si facile !

La pression retenait toute pensées cohérentes, personne ne savez quoi faire.

Tout le monde paniquaient et était pétrifiés par la terreur. Seuls les plus courageux gardèrent leur sang-froid et firent quelques essais frutueux pour ralentir, alors que d'autres hurlaient leur peur commune. Je ne fis parti d'aucun de ces deux groupes de réactions. La mienne fut d'accepter ma mort prochaine, après tout, ma vie ne serait pas une grande perte.

N'empêche, je repensais à ces rares moments de pur bonheur que j'avais pu vivre jusqu'ici.
Mon père me tenant par mes petites mains alors que je suis sur des épaules, le sourire de ma mère, celui qui illuminait son visage et la faisait resplendir de beauté. Ma rencontre avec Chery, nos moments de complicités...

Je pouvais aussi visionner des passages plus sombres de mon existence mais qui ont fait de moi celle que je suis aujourd'hui.

L'annonce du décès de mes parents avait été une épreuve à passer, tout comme le regard haineux ou plein de pitié de mon entourage. J'avais appris de ses mésaventures et je ne reviendrais pour rien au monde là-dessus, j'en étais ressortie grandie et épanouie ce qui m'avais permis d'apprendre beaucoup de choses tout en m'affirmant dans cette société. Désormais, j'avais le pouvoir de contrôler ma vie d'une certaine manière et c'était tout ce qui m'importait.

Ma dernière pensée avant que l'impact ne se fasse sentir et que tout devienne noir fut :

" J'ai saisi le temps présent, de sorte qu'il ne devienne pas une cause de regrets."

EternalsleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant