Cloîtré

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[Point de vue de Brian]

Nous étions toujours enfermés. Les jours continuaient à défiler malgré nous. On avait beau attendre la "solution miracle" promis par les autorités, elle n'arrivait pas.

L'attente était interminable.
Ce séjour enfermé n'avait qu'un seul point positif.
Il m'avait rapproché de Lyra.
À présent, je la connaissais et la comprenais mieux.

Même si nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, nous avions réussi à trouver un terrain d'entente.
Elle me confiait ses craintes, pas toutes mais la plupart d'entre elles. Ça me faisait plaisir qu'elle me considère maintenant comme un ami.
J'étais touché.

Les deux semaines furent longues mais utiles sur certains points.
Elle me donnait des cours pour rattraper mon retard d'un millénaire et voulait m'aider à me défendre seul au cas où je me ferais attaquer comme mon prédécesseur.

- Tu vas rester  là à faire le feignant longtemps ?

La voix de la jeune fille me sortit de ma torpeur.

- Non non j'arrive.

Elle m'apprenait les arts martiaux pour que je sache assurer ma défense mais je n'étais pas très doué.
Elle arrivait à chaque fois à mettre à terre.
Mais je ne laissais pas tomber, j'allais y arriver !
Je la suivis jusqu'à sa salle de sport géante où traînait une multitude d'appareil de muscu et d'étirements.
On se plaça face à face au milieu de la salle. On se salua puis on se mit en garde.

J'attendis. Généralement, je ne prenais jamais la peine d'attaquer en premier. Je suis meilleur à la défense, aussi valait-il mieux que je ne fasse pas les choses où je suis faible.
Connaissant la jeune fille, je n'eus pas à attendre longtemps.

Lyra attaqua une minute plus tard.
À la vitesse de l'éclair, elle se dirigea vers ma droite pour me donner un coup de poing,  je voulus dévier son bras avec le mien, mais elle se décala derrière moi pour me menacer. Je la fis passer par-dessus mon dos en lui prenant le bras. Elle retomba au sol sur ses pieds avec délicatesse et me foutu un coup de pied dans la tête.

Heureusement qu'elle tapait moins fort depuis la fois où elle m'avait assommé. Elle s'en était voulu. Enfin... Je crois. Je ne détectais toujours pas ses émotions.

Je tombais lourdement à terre et tentai de me relever mais elle me bloqua le torse au sol. J'étais bloqué. J'avais perdu.
Elle me relâcha puis se redressa.

- Tu as fait des progrès. Bravo.

J'haussais un sourcil. Elle ? Faire un compliment ?

- Me regarde pas comme ça. Ce n'est pas comme si je disais que tu avais une tête de porc.

- Tu es malade ?

- Non pourquoi ?

- Non non pour rien.

À son tour de me regarder bizarrement. Puis elle leva les yeux au ciel, me tourna le dos et me lança.

- Continue de t'entraîner. Je vais prendre un bain.

J'hochais la tête et commençais à maltraiter la pauvre poupée d'entraînement.

*

En sueur et essoufflé, je partis dans la cuisine pour boire un coup.
Je sortis une bouteille d'eau fraîche du frigo et but une longue gorgée. Ça faisait du bien !
Soudain je sentis du mouvement derrière moi.
Je me crispais immédiatement.

"Normalement, Lyra reste plus longtemps sous son bain."

Il ne pouvait pas y avoir d'intrus normalement. Non ?
Je me mis discrètement en position de défense et me retournai brusquement, je découvrais une mignonne petite boule de poil grise.

"Un chaton ! Qu'est-ce qu'il fait ici ? "

Il se frotta à mon pied en ronronnant. C'était tellement attendrissant.

- Je vois que tu viens de faire la connaissance de Jins.

Un homme châtain aux cheveux brillants et courts s'avança à la lumière, il prit l'animal dans ses bras et entreprit de le caresser.
J'eus un mouvement de recul. Lorsque je reconnus le visage de l'un des scientifiques.

- Pourquoi êtes-vous là ?

- Je venais faire ta connaissance. Et puis il faut aussi que je parle à cette têtue de Lyra. Elle refuse de nous adresser la parole depuis un moment.

"Tu m'étonnes, on se demande bien pourquoi."

Un sourire doux se dessina sur son visage contrastant avec la froideur de son regard.

- Il faut que nous réparions nos erreurs.

- Si vous voulez vous déculpabiliser, commencez par nous laisser sortir ! On se retrouve enfermé par votre faute ! Pourquoi devons subir...

Une voix glaciale me coupa.

- Que faites-vous ici professeur.

Le chat miaula faiblement. Même lui avait peur de Lyra.

La jeune fille fusillait du regard l'homme, les cheveux toujours mouillés montrant qu'elle sortait de la douche.

- Ah ! Voilà ma petite protégée !

- Ce n'est pas parce que vous m'avez aidé à emménager ici que je vous dois tout. Vous m'avez juste aidé.

- Je t'aime bien toi, toujours à dire ce que tu penses.

- Pour moi vous n'êtes rien.

Silence gênant.

Je le brisai en questionnant :

- Venez en au fait, que venez-vous faire ici ?

Il souffla.

- Nous avons trouvé une solution.

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