Les états d'âme nous aident à rester humain

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[Point de vue de Brian]

"Pourquoi ai-je laissé ma parole dépasser ma pensée ? "

Parfois, j'étais si spontané que je m'exaspérais moi-même, je m'en donnerais presque des claques.

Et là maintenant, l'envie ne me manquait pas, ma main appelait irrésistiblement ma tête, j'avais besoin de me frapper pour me remettre les idées en place.

Impassible, le regard absent fixant négligemment mon poing serré, je me disais que j'étais tombé bien bas...

Moi qui par réflexe me réfugiais dans la plaisanterie moi aussi pour échapper au chagrin... Et j'avais reproché cette même réaction à mon meilleur ami !

Mais qu'est-ce qui ce passait dans mon esprit pour que je sois aussi stupide ? Pourquoi est-ce qu'il m'enfonçait de plus en plus dans la solitude et l'ignorance ?

J'étais pourtant lucide, je savais que je ne devais pas m'en prendre à lui. Pourtant cela avait été plus fort que moi, j'en avais fait qu'à ma tête, et à présent, j'en payais les frais...

Je me rappelais qu'antérieurement, j'avais une fois conseillé une amie de suivre des cours de yoga pour qu'elle apprenne à contrôler ses sautes d'humeurs instables.

Finalement c'était peut-être pour moi que ces séances de détente seraient le plus utiles... Mais essayez d'en trouver en plein désert et je vous donnerai la lune.

Soupirant, je laissai retomber mon bras, réfléchissant à l'évolution embrouillée ma vie...

Elle n'était certes pas géniale en ce moment, néanmoins elle n'était pas non plus horrible, quoique franchement c'était un peu un désastre ces temps-ci...

Mais il fallait avouer que je ne faisais rien pour l'arranger. Je devais me reprendre en main et accepter les coups du sort. Le rétablissement d'Élisa et de milliers d'autres personnes étaient en péril, je n'avais pas à me morfondre, ou sinon je n'arriverais jamais à remonter la pente.

J'irais m'excuser auprès de Ryan, imposerai ma présence à Lyra pour lui rendrais sa volatile mémoire et surtout, je trouverais le moyen d'aider toutes ces victimes.

Mon esprit resplendit d'une ardeur nouvelle, éloignant de sa lumière bienfaisante les émotions négatives qui me parasitaient mes jours.

Pris soudainement d'une détermination sans faille, je m'orientais dans la direction où mon acolyte de conneries était parti.

Il devait être déjà bien loin, je ne sais pas combien de minutes je suis resté prostrer là à laisser mes états d'âme me ronger de l'intérieur, seulement, j'étais décidé à réparer mes erreurs égoïstes et à penser un peu plus aux autres.

Je me mis à marcher rapidement, je courais presque lorsque j'aperçu enfin une chevelure blonde se mouvoir au rythme des pas clotinants de son propriétaire.

Il faut dire que le produit miracle qu'on lui avait administré sur la jambe, avait fonctionné à merveille. 
Douze heures après la pose, les os s'étaient ressoudés et mon meilleur ami avait réussi à s'appuyer dessus sans trop de douleur. Malgré tout, il fallait attendre encore un peu avant que sa jambe soit bien stable.

À l'entente de ma course claquant sur le sol desséché, le blondinet se retourna et n'eut pas de réaction à ma proximité, je m'en voulais terriblement de lui avoir fait retomber sur le dos tous mes problèmes.

Toutefois, je comptais me racheter, je ferais tout pour être un meilleur ami, car sans mes proches je ne suis rien. Cette phrase vous paraîtra cucul mais c'est l'entière vérité.

Je me rapprochai de plus en plus jusqu'à arriver à sa hauteur et avoir une magnifique vue de son épaule.

- Tu veux pas rapetisser un peu pour que je n'ai pas à parler à une omoplate ?

Je me figeai en voyant son regard interrogateur, mais ce n'est pas possible !

"Brian, arrête de dire ce qui te passe par la tête ! Tu as assez merdé comme ça, essaie de ne pas t'enfoncer encore plus !" râlais-je contre moi-même intérieurement.

- Euh... Je voulais dire  : je suis désolé et j'ai eu tord et que... Voilà...

Je restai pétrifié d'appréhension, attendant la riposte de Ryan.
Celle-ci ne vint pas, il me regarda encore, le visage inexpressif.

- Écoute, je suis sincèrement désolé pour mes sautes d'humeur que je n'arrivaient pas à contrôler, désormais je me maîtriserais et...

Je fus coupé par le pouffement discret de mon interlocuteur qui ria sous sa cape.

Je fis un sourire gêné et demandais  :

- Je te fais rire ?

Il ne répondis pas, trop occupé à se moquer de moi.
Légèrement vexé, je lui envoyais un petit coup de poing sur le torse.

- Dis-le moi si je te dérange !

Il rigola encore quelques instants avant de me répondre :

- Excuse-moi... Mais je n'arrive pas à m'empêcher de rire en voyant ta tête !

Je soupirai et souris faiblement à mon tour, le connaissant, ce n'était que lorsqu'il n'en voulait plus à la personne qu'il réagissait ainsi.

- Eh ben merci, c'est sympa les amis !

Il repris contenance bien plus tard, son hilarité passée, lorsque ses ricanements se tarirent le laissant calme et détendu.

- Je te pardonne, au moins ça me permettra d'avoir des fous rires récurrents !

Je ne savais pas si je devais le prendre bien ou mal, mais j'étais super heureux aussi, je ne pris pas en compte sa réflexion.

- Check ? Quémandais-je en levant la main.

- Check. Me confirma-t-il.

N'essayez pas de comprendre pourquoi, mais à l'âge de sept ans, nous avions décidé de nous trouver un symbole de notre amitié, alors nous en avions créé un complètement idiot, que nous avons quand même gardé pendant tout ce temps.

Nous effectuâmes une série de mouvements calculés, qui commença par la rencontre de nos poings, suivi d'une petite claque en terminant par un coup de hanche sur le côté.

Si quelqu'un nous voyait, il nous prendrait pour des fous.

Notre réconciliation officialisée, je fus d'un coup soulagé d'un poids énorme, c'était déjà ça en moins dans mes ennuis...

Moi et Ryan recommençâmes à discuter normalement, sans cris, sans disputes, en nous avançant jusqu'au campement.

En nous approchant, je pus constater que Lyra sortait des buissons et s'en allait comme si de rien n'était.

"Ne me dit pas que..."

Elle avait fait sa commission juste à côté de nous ? Nan. Elle avait dû se réfugier là pour échapper au bruit de notre petite troupe.
Ouais ça devait être sûrement ça.

J'empoignais le bras de mon ami et le tirais jusqu'au lieu où l'on stockait les provisions, je mourrais de faim et la maigre portion qu'on nous accordait matin et soir ne me nourrissait pas suffisamment. Le réapprovisionnement nous faisait défaut, nous devions trouver un endroit pour nous ravitailler ou nous finirons avec la peau sur les os.

Trop affairé à penser à mon repas, je ne fis pas attention et bousculais par mégarde quelqu'un.

- Oh... Excusez-m...

Je ne finis pas ma phrase, restant interdit face à la personne devant moi.

- T'inquiète pas fréro, je ne regardais pas moi non plus.

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