Le dernier elfe noir

Chapitre 8 - Quelques instants avant les pleurs

        Ils quittèrent la cité, quand le Soleil commençait légèrement à décliner. En regagnant la plaine, où un vent froid se mit à souffler, Gïlraen glissa un regard vers la forêt qui n'était pas loin. Elle la trouvait encore plus menaçante depuis que Cendarth l'avait mise en garde. Elle savait que Dark ne comptait pas s'en approcher, mais elle voulait lui en parler, comme Cendarth le lui avait demandé. Elle s'apprêtait à le faire, lorsqu'un léger grincement l'interrompit dans son élan. Elle regarda partout autours d'elle, mais ne vit rien qui puisse émettre ce bruit. D'un coup, elle songea à un détail, et sortit de sous sa tunique le pendentif que Dark lui avait acheté. Le dragon dans la paume de sa main, elle l'observa. Et ce qu'elle vit l'étonna, ce que Dark remarqua.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? S'enquit Gïlraen en observant le pendentif.

Qu'y a-t-il, Gïlraen ? Quelque chose ne va pas ?

Mon pendentif...je ne sais pas, mais il agit bizarrement.

Fais voir.

Dark approcha Silonel de Turgwën, et observa alors le pendentif à son tour. Le dragon de Gïlraen évoluait lentement, fermant son œil et la gueule, baissant la tête.

C'est étrange, effectivement. Ton dragon à l'air attristé. Je me demande bien pourquoi...

Il n'eut pas le temps de continuer, un autre grincement se fit entendre. Cette fois-ci, c'était le dragon de Dark, qui changeait de forme. Son dragon qui avait l'air paisible, se mit à se recroqueviller, ployant ses ailes, et fermait lui aussi son œil. Il le prit dans sa main, lâchant les rênes de Silonel, et regarda autours de lui. Rien ne semblait prévenir un quelconque danger. Ils savent que quelque chose va se produire, et que cela semble dangereux. Mais ils ne voient pas d'où peut provenir ce danger qui les menace.

Dark, Cendarth est venu me voir lorsque je t'attendais, tout à l'heure. Il était nerveux, chamboulé, même. Il m'a dit d'éviter la forêt de rester à l'écart, et de ne pas y entrer. Apparemment, il savait lui aussi que quelque chose allait se produire, sans savoir quoi. Je m'apprêtais à te le dire, lorsque mon collier à réagit.

Cendarth est venu te voir pour te dire ça ? Ça doit être sérieux, alors. Il semble qu'il nous faudra être prudent. »

        Il disait cela tout en dégainant sa lame, qui produisait un son magnifique. Gïlraen fit de même, mais plus nerveusement. Elle dégaina son étrange épée, observant les alentours, mais elle s'étonna de la légèreté de son arme. Elle ne se souvenait pas avoir tenu une arme quelconque en main, mais il lui semblait qu'elle pouvait s'en servir. Après tout, l'instinct combatif et de survie ne s'oublie pas. Ils continuèrent leur route pendant un moment, et dans un calme aussi intense, ne pas baisser sa garde n'est pas chose aisée. D'un coup, Silonel se mit à s'agiter. Il rabaissa ses oreilles et ses jambes se mirent à trembler. Il semblait ne plus vouloir avancer, et gémissait de plus en plus. Cependant, celui de Gïlraen était très calme, et elle jeta un œil derrière elle. La cité n'était plus qu'une lointaine silhouette, ils ne devaient plus être en vue des gardes postés sur la muraille. Petit à petit, Turgwën aussi se mit à s'agiter, et s'arrêta net, avant de reculer. Dark semblait avoir du mal à diriger son cheval qui avait l'air de paniquer. D'un coup, une créature étrange surgit des hautes herbes, bondissant sur Silonel qui se cabra tout en hennissant, faisant tomber son cavalier. Il n'entendit pas que Gïlraen l'avait appelé, et se retrouva à terre, un peu sonné. Dark se relevait, mais il n'eut pas le temps de voir qui l'attaquait, qu'il sentit une épaisse corde s'enrouler autours de son cou, avant de se faire traîner vers la forêt. Gïlraen n'avait rien vu venir, et visiblement, Dark non plus. Tout se passa très vite, et Gïlraen se lança à sa poursuite, après être sortit de sa stupeur. Dark ne voyait toujours pas qui était le responsable, et tentait de couper la corde avec son épée. Mais sa vue se brouillait et s'aperçut qu'il était entré dans la forêt, avant de s'arrêter soudainement, allongé sur un lit de feuilles morte. Un grognement étrange l'aida à retrouver ses esprits.