Le dernier elfe noir

Chapitre 63 - Pensées en collision

        Lenwë était le premier réveillé, voyant Gïlraen dormir d'un sommeil de plomb, sa tête posée sur son épaule. Il sourit en la voyant ainsi, et observa les alentours. Le soleil se levait déjà, inondant de sa lumière les recoins de la clairières. Quelques rayons étaient posés sur son visage et sa main. Il était toujours surprit de voir qu'il pouvait désormais être à la lumière du soleil sans risquer de se faire brûler. Il se souvenait qu'une fois, lorsqu'il avait encore sa famille, alors que le soleil continuait sa course, un rayon survint d'un coup de derrière un arbre, et fort heureusement pour lui, seule sa main fut touchée par cette lumière. Mais il avait ressenti un telle douleur qu'il s'était précipité dans l'ombre, et en voyant sa main, il y avait des traces rouges. Mais à présent, il ne risquait plus rien. La torture qu'il avait subit, la journée complète passée sous cette lumière, restant cependant dans ses souvenirs. Il n'avait jamais ressenti une pareille douleur, avant ce jour. Même un os cassé ou un coup d'épée n'était rien en comparaison. Et il ne pouvait que hurler.

Alors qu'il se perdait dans ses pensées, Gïlraen se réveillait. Elle ouvrait doucement les yeux, et le vit fixer le ciel d'un regard absent. Mais lorsqu'il la sentit bouger et qu'il baissa la tête vers elle, elle fit semblant de dormir.

« Je ne suis pas dupe, je sais que tu es réveillée, dit-il en posant sa main sur sa tête.

Je ne suis pas discrète, hein ?

Ça dépend pour quoi. Il y a des choses que tu arrives bien à cacher.

Il prit dans sa main le collier de sa mère, et regarda les deux larmes blanches s'entrelacer.

Qu'allons-nous faire à présent, demanda Gïlraen. Nous ne connaissons pas cette région...

Oui, je sais. On ne peut pas simplement partir sans avoir de guide, ou de carte...Lire les étoiles est pour moi une chose aisée, prendre des repères aussi, mais ça ne nous dira pas exactement notre position...

Nous irons rechercher les reliques, pas vrai ?

Oui. Mais avant, tu sais que j'ai quelque chose à faire...Je sais que tu as écouté notre conversation à Firandhïl et moi, hier.

Je pensais que j'étais assez cachée, répondit-elle en sursautant.

Tu l'étais. Mais je l'ai deviné à la triste mine que tu avais lorsque j'étais revenu.

...Donc...tu comptes vraiment retourner à la montagne tuer ce mage...Lopüs aussi nous conseillait de mettre un terme à ses agissements. Mais je doute que ce soit la seule raison...

...C'était lui...Lui qui avait tué ma jeune sœur...Lui qui m'a tout enlevé, lui qui provoque cette guerre, et qui me prend pour un simple pion. Je ne vais pas le laisser agir ainsi plus longtemps. J'irais le tuer. Mais...je ne veux pas que tu viennes...pour me voir lorsque ce moment arrivera.

Lenwë, j'ai moi aussi une chose à régler avec cette ordure. Et c'est d'ordre tout aussi personnel que toi.

Tu souhaites lui enlever la vie toi aussi ?

Il a blessé, torturé et tué un ami pour son plaisir. Il m'a moi aussi torturée...mais c'était pas sur le plan physique que j'ai été le plus atteinte...

Lenwë ne répondit pas et la regardait, tandis qu'elle le fixait avec insistance. Il voulait dire quelque chose, mais il ne trouvait aucun mot, et aucun son ne sortait de sa gorge, et Gïlraen le prit dans ses bras.