Chapitre 59 - La forêt de Mersïl

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        Firandhïl sortit de la fosse Medriel, l'armure de Gïlraen qu'elle n'avait pas encore récupéré, ainsi qu'Adoniel. Elle fut rassurée de retrouver ses armes en parfait état, mais elle n'enfila pas son armure. D'après les dires de leurs alliés, cette forêt est sûre, ils ne courent aucun risque. Et de la fosse, Firandhïl sortit aussi une tunique noire aux bordures dorées, et des capes.

« Nous avions récupérés cela avec vos armes. Sur cette tunique, il y avait des traces de sang, alors Vinia s'est occupée de la nettoyer. Et j'imagine qu'il s'agit là de vos capes.

C'est effectivement cela.

Gïlraen partit prendre les capes pour les accrocher chacune sur un des paquetage que portaient les chevaux, et Lenwë put remettre sa tunique.

Tu peux garder ce manteau, lança Vinia en voyant qu'il le leur tendait. Nous en avons pas vraiment l'utilité. Quelqu'un que nous avions aidé lorsqu'il s'est fait attaqué n'avait que ça à nous donner, et il insistait. Sauf qu'un alterös ne porte que des vêtements spécifiques.

Très bien...je ne vais pas insister...reprit Lenwë. »

Gïlraen utilisait les cordes qui étaient sur les selles afin d'empaqueter les armures et de les accrocher aux restes des affaires, tandis que Turgwën broutait tranquillement. Vinia s'occupait des restes de nourritures, des os, et les dissimulaient afin que les odeurs ne puissent guider un quelconque ennemi, si ils osent entrer dans la forêt. Elle prit les peaux à part et les nettoya dans le petit ruisseau, tandis que Firandhïl était retourné faire le guet en attendant. Vinia était cependant retournée à la fosse, une fois les peaux lavées, et en sortit une deuxième flasque, qu'elle leur apporta.

« Prenez ceci. Cette potion pourrait vous être utile.

Quel est son effet, demanda Gïlraen alors qu'elle rejoignait Lenwë.

Cette potion permet de se reposer plus sainement. C'est un sédatif. Si tu en bois une gorgée, tu est endormi dans la minute. Et le corps de Lenwë à fort besoin de repos. Je ne te dis pas de rester endormi toute une journée, non, mais la nuit, tu n'auras pas de difficulté pour te reposer. Ton corps doit prendre son temps pour se remettre en marche. Il n'est pas sage de partir combattre dès que tu seras guéris. Tu n'auras plus de blessures, mais ta fatigue demeurera. Et il en est de même pour toi, Gïlraen. Tu as des cernes sous les yeux qui prouvent que cette nuit n'a pas été suffisante. Je sais à présent ce que vous avez endurés...mieux vaut ne pas vous forcer aussi tôt.

Je crois que Lenwë et surtout fatigué du fait qu'on lui dise toujours de dormir, pouffa Gïlraen en regardant son ami.

Lenwë répondit en souriant, et en acquiesçant.

Il est vrai que depuis quelque temps, avec tout ce que j'ai enduré comme blessures graves, j'ai souvent dû me reposer, reprit-il.

Eh bien ce n'est pas encore fini. Regarde la vérité en face, tu n'es pas en état de faire comme bon te semble. Pas maintenant.

...Je le sais.

Ne t'en fais pas. Dès que tu seras remis, je pense que tout ira pour le mieux par la suite.

Surtout lorsque j'aurais enlevé la vie à cette ordure...murmura-t-il. »

Mais ce murmure n'échappa pas à Gïlraen qui soupira, et baissa les yeux. Elle savait que cet arghol était celui que Lenwë voyait souvent en rêve. Vinia l'avait aussi entendu mais ne répondit pas. Firandhïl revint du sommet des arbres, et Vinia porta les peaux. Il aida Lenwë à monter à cheval, et Gïlraen monta sur Turgwën. Elle ne se sentait pas capable de marcher longtemps, ne pouvant cacher à elle-même et aux autres qu'elle était tout aussi épuisée. Ils commencèrent la marche, sortant de la clairière, et s'enfonçant plus profondément encore dans la forêt, qui devint plus sombre. Mais elle restait mille fois plus accueillante que Lotherith. Ils suivaient le ruisseau, Vinia tenait la bride de Turgwën, et celle de Silonel, les guidant. Firandhïl ouvrait la marche, silencieux, mais jetant de discrets coups d'œil en arrière, s'assurant que les deux blessés allaient bien. Il s'aperçut aisément que Lenwë avait tout son corps engourdit, il ne faisait que de rares mouvements, et dès qu'il bougeait ne serait-ce qu'un bras, il grimaçait. Sa tête tombait sur l'avant, il avait du mal à regarder devant lui, et il soupirait. Peut être que les faire bouger n'était pas une si bonne idée. Mais le médecin n'est pas à côté, et si ils le faisaient venir, il faudrait compter une journée complète de plus. Ce serait trop long. Vinia ne leurs avait rien dit, mais s'était entretenue avec Firandhïl, discrètement, faisant part d'une chose plutôt mauvaise. Les plaies de Lenwë sont infectées, dans son dos, et risquent de le tuer.

Le dernier elfe noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant