Chapitre 95 - Écoutant le passé

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« La maison de l'ombre était l'organisme autours duquel la société drow gravitait. Cette maison n'était autre que l'ombre du temple de Lotherith, la cachette secrète de l'épée que Frehlïel remit à celui qui deviendra le gardien des âmes. Cette épée autrefois bénie fut alors maudite, à l'instar de toutes les autres. Leur force première disparue ne pouvant être restaurée que par Frehlïel elle-même. Mais l'épée noire ne répond désormais qu'à la malédiction, ayant trop longtemps été couvée par les peuples des profondeurs. La maison de l'ombre gardait cette épée au fil des siècles, avec à sa tête le gardien des âmes, qui fut construite par son fils. Jugeant qu'il était bon de conserver l'épée ailleurs que dans le temple que son père eût autrefois bâti, ce dernier ordonna aussi qu'une famille de prêtres protégerait l'épée pendant qu'il serait au temple, continuant sa mission. Le symbole de cette famille serait alors l'héritage d'une pierre de sang de dragon, recueillie depuis l'épine d'Urgarth. Alors que ce temple secret fut monté, il devint aussi le symbole d'un changement crucial de la société drow. La mort du premier gardien, fut vue comme le présage d'un changement nécessaire. D'un bouleversement dans leur société. Eux qui vénéraient une déesse factice, ils comprirent que le jeune gardien premier du nom, et qui avait apporté la relique et la flamme du dragon avant de mourir disait vrai. Leurs origines viennent de la surface, et du peuple qu'ils se plaisaient à assassiner et réduire en esclavage. Ils vénéraient la mort. Elle les fascinaient, et ils la suivaient aveuglément, alors qu'elle se cachait sous la forme d'une déesse araignée. Obéissant en réalité à un dieu avide de jalousie. Ouvrant leurs yeux, ils décrétèrent que plus jamais ils ne suivraient de dieu. Que ce soit Steroth, Zaroth, ou même Frehlïel, ils resteraient sans aucune autre croyance que celle de leur magie. La magie devint alors un symbole chez eux qui fut implanté en la maison de l'ombre, qui devint une école de sorcellerie. Les magies alors des flammes que leur avait apporté le premier gardien, et de la nécromancie étaient apprises dans ce seul bâtiment. Mais les drows, ayant conservés quelques restes de leurs ascendants, découvrirent qu'ils pouvaient comme les elfes avec qui ils avaient pactisé pendant la Grande Guerre, ils pouvaient créer des charmes, et faire d'une simple pierre, un objet puissant une fois allié à la puissance de l'esprit et de la magie. Les arcanes sombres virent le jour, permettant de manier la magie sous un autre langage, et afin de compléter leurs capacités. Bien vite, la nécromancie qui était leur pouvoir premier, fut accompagné des magies des charmes, du feu, et d'évocation des âmes, qui sont leurs principaux voisins. L'évocation étant pour eux une magie souvent pratiquée pour appeler les démons depuis Deamhain. L'état de sagesse fut alors découvert par le fils du gardien des âmes, qui était celui qui avait hérité du feu du dragon. Cet état était l'épreuve ultime. Ceux qui parvenaient à rentrer en cet état qui décuplait de manière incroyable leurs capacités magiques devinrent des archimages. Et seuls ceux qui parvenaient à être archimages pouvaient devenir les gardes de l'épée d'obsidienne, appelée alors Ventès Na'Orelon, depuis qu'elle quitta la main de son premier porteur qui pleurait lors de sa mort. Ce nom est alors traduit par « La larme du porteur de lumière ». Les archimages qui conservaient et défendaient cette épée, étaient alors qualifiés pour être des prêtres possédant une telle magie, qu'ils rendaient l'approche de l'épée impossible à quiconque n'avait le droit de la brandir. Et ils pouvaient aussi être les gardes du gardien des âmes, dès lors que les arghols se réveilleraient.

Les jours sombres s'installaient. La nuit, le vent chantait de façon lugubre, les morts traversaient le pays. À la surface, au dessus des cités drow, les rumeurs circulent. Les morts reviennent hanter leurs anciennes terres où ils eurent vécus, ne laissant dans leur sillage que mort et désolation. Les animaux fuyaient, les plantes mourraient, et le sang qu'ils traînaient semblait leur appartenir. Un sang puant et tuant tout ce qu'il tâchait. Des corps à la silhouette humaine, mais à l'état de cadavre, rongés par le temps, faisaient légion. Malgré les sceaux emprisonnant la divinité jalouse et le dragon furieux, ils étaient revenus pour continuer leur mission. Afin de détruire les drows et de n'en faire qu'un souvenir. Une guerre nouvelle commença. Aussi sanglante fut-elle, les drows ne lâchèrent les armes, et le gardien comprit alors qu'il était effectivement condamné à rester seul, afin de ne pas attirer la mort sur quiconque l'approche. Il laissa la garde de l'épée à la famille en qui il avait confiance, laissa le temple de Lotherith entre les mains des elfes de Frehlïel qui l'avaient accompagnés et aidé depuis la mort de son père, et s'exila loin des peuples. Mais la maison de l'ombre chuta suite à ces attaques incessantes qui durèrent des années. Les drows furent exterminés pour la plus grande partie, et les survivants ont fuis vers la surface. Chacun d'entre eux furent les cibles de la fureur de leurs anciens maîtres.

Le dernier elfe noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant