Chapitre 36 - Retracer le passé

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        Le soleil était déjà levé lorsque Gïlraen se réveilla, et Lenwë était déjà dehors à préparer ses affaires. Ils avaient prévus de partir voir sa maison, et ils partiraient en milieu de matinée. Après s'être préparée et enfilée son armure de chez Thorn, elle partit le rejoindre, le voyant alors s'occuper des fourneaux. Visiblement, il était repartit pêcher tôt dans la matinée. Lorsqu'elle arriva près de lui, Lenwë remarqua de suite ses yeux rouges et sa triste mine. Il devina aisément que son sommeil ne fut pas de tout repos. Une fois les poissons prêt, il lui proposa de s'asseoir et il amena le repas, que Gïlraen touchait à peine.

« Eh bien Gïlraen ? Tu n'as pas l'air bien aujourd'hui, tu n'as pas assez dormis car tu es angoissée, je me trompe ?

Il y a de ça, sans doute, répondit-elle en se tenant le ventre.

Ce qui sous-entends qu'il y a autre chose.

Il n'insista pas plus longtemps en voyant qu'elle ne répondait pas, et le repas était bien calme.

Essaie de manger quand même, reprit-il. Nous en aurons pour un moment, que ce soit juste pour l'aller et le retour. Une fois sur place, nous ne savons pas combien de temps nous y resterons. Ce n'est certes pas aussi loin que Miraa, mais quand même... »

Elle se força à manger un peu. Après tout, il avait raison. Cette petite excursion pourrait très bien durer toute la journée, ou alors seulement la moitié. Mais même en se forçant, elle n'arriva pas à avaler grand chose, au grand dam de Lenwë. Dès que le repas fut finit, Lenwë partit s'occuper des chevaux à seller, après avoir prit sa cape et mit sa capuche. Silonel continuait de vagabonder dans la plaine, mais Turgwën était attaché à la rambarde. Lenwë restait prudent vis à vis de lui. Si il était lâché, il pourrait très bien partir pour ne pas revenir, n'étant pas encore attaché à sa nouvelle maîtresse. Lenwë avait tenté aussi de réparer la porte qui avait été défoncée, mais sans succès. L'accès à l'intérieur de la chaumière serait aisé, si les monstres revenaient. Mais ils n'ont aucune raison de revenir dès le lendemain de leur attaque surprenante. C'est du moins ce que Lenwë espérait intérieurement. Il jeta un bref coup d'œil vers les tombes, et soupira. Il n'était pas allé vers celles-ci depuis leur retour, mais il fut rassuré de voir qu'elles n'avaient pas été profanées. Il siffla Silonel qui arriva au galop vers lui et lui mit la selle sur le dos, tandis que Gïlraen s'approchait du sien, qui semblait encore un peu méfiant. Il n'a sans doute pas oublié la première fois qu'elle l'a chevauché, et qu'ils se sont fait attaquer. Il avait été particulièrement effrayé ce jour-là. Il finit cependant par la laisser lui enfiler le licol et la selle. Gïlraen voyait bien que sa monture était nerveuse, mais elle restait docile. Elle l'enfourcha en lui caressant l'encolure, et Lenwë la regardait faire du coin de l'œil pendant qu'il accrochait sa seconde épée à la selle. Il se mit aussi en selle et commença à se diriger vers les montagnes qui forment la frontière entre Nirrh et le désert de Nargol. Il guidait Gïlraen, qui regardait tout les alentours, semblant utiliser cette journée pour se rappeler elle même des événements. Il la menait vers la forêt qui se trouvait au sud de chez lui, gardant ses distances. Il voyait cependant que les arbres étaient dans un état lamentable. Les feuilles pleuvaient, les troncs étaient pourris, morts, s'effritant pour un rien. Certains étaient même effondrés. Il fit une triste mine qui n'échappa pas à Gïlraen, qui jeta elle aussi un coup d'œil vers la forêt. La pourriture a apparemment gagné du terrain de manière dramatique. Ils devaient faire un détour pour parvenir aux montagnes sans passer par la forêt, et Lenwë mettait son cheval au pas, laissant le temps à Gïlraen d'observer les endroits. Ils ne disaient rien pendant des heures, chacun prit dans ses propres pensées, et ils arrivèrent alors aux abords de la rivière d'Arma, celle qui longeait au loin la ferme de Lenwë. Le bruit de l'eau et le calme qui régnait les énervaient, car ils savaient aussi bien que l'autre que ce n'était qu'apparent. Ils arrivèrent ensuite de l'autre côté de la forêt, vers une zone quelque peu rocailleuse. Des rochers trônaient au beau milieu de la plaine, et Lenwë s'y dirigea. Gïlraen le suivit, voyant qu'il ne se dirigeait plus vers la montagne, et reconnut l'endroit où elle fut laissée comme morte. Et où Lenwë l'avait retrouvée. Il descendit de cheval, et se dirigea vers eux, appelant Gïlraen qui arrivait. Il lui expliqua à nouveau la manière dont il l'a trouvée, montrant précisément l'endroit, décrivant plus en détail l'événement. Soudain, Gïlraen eut un sursaut, et tourna la tête observant de tout les côtés vers les rochers, avant de se mettre à courir vers l'un d'eux. Lenwë se lança à sa suite, sur ses gardes, et il retrouva Gïlraen derrière un des rocs, agenouillée sur le sol, tenant quelque chose entre ses mains. Lenwë s'approcha d'elle alors qu'elle lui tournait légèrement le dos, et qu'elle réfléchissait.

Le dernier elfe noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant